Six groupes veulent favoriser l'accès aux sages-femmes en région

Six organisations issues du milieu des sages-femmes réclament une rencontre avec le ministre de la Santé, Christian Dubé, afin de discuter des enjeux d’accessibilité aux services en région.
« On veut faire prendre conscience au ministre que c’est une question d’équité que les femmes en région aient accès aux services de sages-femmes. […] Il faut penser à une façon dont toutes les femmes du territoire peuvent y avoir accès. » Au téléphone, Roxane Lorrain se fait claire : si les grands centres urbains sont plutôt bien desservis en ce qui a trait aux services de sages-femmes, ce n’est pas le cas partout.
Voilà pourquoi la co-coordonnatrice du Mouvement pour l’autonomie dans l’enfantement (anciennement le Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et l’accouchement naturel) appuie six groupes, tous issus des régions, qui réclament urgemment une rencontre avec M. Dubé.
Du côté du cabinet du ministre, on indique que des discussions avec des organisations issues du milieu sont déjà entamées. « Plusieurs rencontres ont eu lieu et sont à venir avec différents groupes de sages-femmes, on a notamment rencontré les instances nationales telles que l’Ordre des sages-femmes du Québec et le Regroupement Les sages-femmes du Québec », écrit la conseillère aux communications Audrey Noiseux, par courriel.
Ailleurs qu’à l’hôpital
L’un des enjeux soulevés par les groupes de sages-femmes est la demande d’accessibilité à trois lieux de naissance pour les femmes enceintes : le centre hospitalier, le domicile ou un autre lieu de naissance, comme une maison de naissance, où travaillent des sages-femmes. Actuellement, plusieurs régions n’ont pas de lieu de naissance, ce qui réduit la possibilité de choix pour les femmes qui ne souhaitent pas accoucher à l’hôpital, explique Roxane Lorrain.
« En ville, on peut presque choisir sa maison de naissance, puisqu’il y en a plusieurs sur un petit territoire », mentionne-t-elle. « Mais en région, s’il n’y en a pas et qu’on ne les finance pas, ça ne permet pas à l’ensemble des personnes enceintes d’avoir accès aux trois choix possibles d’endroits où accoucher. »
Une situation qu’elle juge regrettable, puisque « le modèle de pratique sage-femme est basé sur la possibilité d’offrir ces trois lieux ».
Il existe 23 maisons de naissance au Québec, selon le site de l’Ordre des sages-femmes du Québec. Six d’entre elles se trouvent à Montréal tandis que la ville de Québec n’en compte qu’une seule. Une maison de naissance peut « accueillir un maximum de 400 suivis de maternité complets par année. »
Roxane Lorrain souhaite que le nombre de ces établissements au Québec continue à croître. « Notre revendication, c’est que le gouvernement reconnaisse la nécessité d’offrir des foyers de naissance aussi en région et s’engage sur le financement et le soutien qu’il va offrir aux communautés pour créer ces lieux-là. »
Des projets qui « se concrétisent »
Au cabinet du ministre, on affirme que des projets allant en ce sens sont déjà en branle. « Des budgets sont prévus au Plan québécois des infrastructures afin d’augmenter le nombre de maisons de naissance, plusieurs projets se concrétisent déjà et seront dévoilés au moment opportun », écrit la conseillère en communication Audrey Noiseux.
Elle rappelle également l’annonce, faite la semaine dernière par le ministre, de la création d’un poste de sage-femme en Gaspésie, une première dans la région. Une nouvelle accueillie favorablement par Roxane Lorrain, qui n’est toutefois pas entièrement satisfaite.
« Le collectif Accès sages-femmes Côte-de-Gaspé [qui oeuvre dans la région] veut la possibilité d’ouvrir un lieu de naissance hors centre hospitalier. La création d’un poste de sage-femme est une bonne nouvelle, mais il faut continuer à se mobiliser. » Elle précise que la présence de quatre sages-femmes dans un secteur est nécessaire afin « d’offrir un suivi de grossesse complet ».
De son côté, le ministère insiste sur l’importance de la formation de la main-d’oeuvre : « On forme davantage de professionnelles, par exemple avec le programme court de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), et on poursuit le recrutement à l’international ». Le seul baccalauréat en pratique sage-femme existant dans la province se trouve à l’UQTR et n’admet actuellement que 30 étudiantes par année.
« On souhaite continuer d’améliorer l’accès aux services de sages-femmes pour les nouveaux parents dans les différentes régions du Québec, notamment dans les communautés autochtones », insiste le cabinet du ministre Dubé.
En 2015, un engagement du gouvernement de l’époque stipulait que les sages-femmes pourraient suivre 10 % des grossesses au Québec à compter de 2019. Selon le Mouvement pour l’autonomie dans l’enfantement, ce pourcentage se situerait actuellement à 4,5 %.