Une Nuit blanche sécuritaire et payante pour les commerçants

La Société des arts technologiques a accueilli l’événement annuel Les 24 heures du vinyle pour le 20e anniversaire de la Nuit blanche.
La 20e Nuit blanche s’est terminée au petit matin dimanche, pour le plus grand bonheur des festivaliers… et des commerçants. Un projet pilote de fermeture tardive des bars sur le boulevard Saint-Laurent et dans divers lieux culturels a connu un franc succès.
« Nos ventes ont été excellentes hier soir », se réjouit Raphael Kerwin, propriétaire de deux bars sur la Main, dont le Blue Dog, qui a exceptionnellement fermé ses portes à 6 h du matin pour la Nuit blanche. « Notre seul problème est qu’on avait plus de ménage à faire aujourd’hui, donc ça s’est très bien passé ! »
Ce sont près de vingt établissements du boulevard Saint-Laurent qui sont restés ouverts plus tard qu’à l’habitude pour la Nuit blanche. Il s’agit d’une initiative de la Société de développement commercial du boulevard Saint-Laurent et de l’organisme MTL 24/24, menée dans le cadre de l’élaboration de la future Politique de la vie nocturne de la Ville de Montréal.
M. Kerwin constate par ailleurs que l’expérience s’est déroulée dans le calme. Du côté du Service de police de la Ville de Montréal, on ne signale pas non plus de débordements majeurs liés à la Nuit blanche.
Le festival Montréal en lumière a aussi voulu célébrer le 20e anniversaire de la Nuit blanche en grand, en organisant un concert gratuit au MTelus. La Société des arts technologiques a, quant à elle, accueilli l’événement annuel Les 24 heures du vinyle, et le Centre Phi a présenté plusieurs performances et installations artistiques jusqu’à l’aurore.
Ces trois événements s’inscrivent dans une série de sept projets pilotes, aussi dirigés par MTL 24/24, qui visent à servir de l’alcool jusqu’à six heures du matin, de manière sécuritaire, au sein d’établissements sélectionnés. Une équipe médicale et des intervenants du Groupe de recherche en intervention psychosociale étaient d’ailleurs présents sur les lieux. Il ne reste plus qu’un événement à venir parmi la série, qui aura lieu au Livart, le 11 mars prochain.
Fermer les bars tard toute l’année ?
M. Kerwin est donc très satisfait du projet pilote qui a été mené sur le boulevard Saint-Laurent, mais il ne croit pas que la situation serait viable toutes les semaines. « On pourrait peut-être voir plus de débordements et, surtout, personne ne veut travailler jusqu’à six heures du matin. Mon équipe était contente de participer à la Nuit blanche, mais ce serait compliqué à long terme. »
Avec le manque de travailleurs, c’est de plus en plus difficile d’ouvrir tard.
Rosemarie Dion, gérante du bar Le Darling, à quelques coins de rue au nord au Blue Dog, estime quant à elle que « les gens ne sortent plus depuis la pandémie, ils ne sont plus habitués à veiller aussi tard ». Son bar ne faisait pas partie des établissements sélectionnés dans le cadre de la Nuit blanche. « On aurait aussi eu du mal avec la main-d’oeuvre. Je ne pense pas que c’est réaliste pour l’instant. »
Elle ajoute que les bars qui ferment plus tard doivent également offrir de la nourriture ou se situer à proximité de restaurants pour s’attirer suffisamment de clientèle. Or, Le Darling « manque de main-d’oeuvre pour ouvrir une cuisine à pleine capacité ».
John Castillo, qui travaille au mythique restaurant Schwartz’s, indique qu’il a passé une soirée plutôt « tranquille », samedi, entre autres parce qu’il doit fermer ses portes à 23 h. « Avec le manque de travailleurs, c’est de plus en plus difficile d’ouvrir tard. »
M. Kerwin souhaite tout de même que l’expérience soit reconduite de temps en temps. « Pourquoi pas à chaque saison ? Quand on organise un événement aussi ambitieux, les gens ont envie de sortir, ça peut être vraiment intéressant. »