La prison pour femmes Leclerc ciblée par un recours judiciaire

La prison pour femmes Leclerc, à Laval, est ciblée par une demande d’action collective. Une ex-détenue dénonce un « traitement cruel et inusité » et des « fautes civiles ayant causé des préjudices graves » au sein de ce centre de détention provincial.
« Plusieurs centaines de femmes sont encore soumises chaque année au mépris institutionnel », plaide le cabinet d’avocats Trudel Johnston Lespérance, qui porte le dossier devant la Cour supérieure. L’action collective insiste sur deux points : les fouilles à nu « abusives » et le manque d’accès aux soins de santé de base.
L’ex-détenue Louise Henry agit comme figure de proue dans cette action collective. Elle a rédigé par le passé un livre, Délivrez-nous de la prison Leclerc !, où elle raconte les fouilles à nu, les menottes, les insectes, les rongeurs, le froid, l’absence de climatisation, les problèmes d’eau potable, le manque de soins psychologiques, la surreprésentation des Autochtones, etc.
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Au téléphone, elle explique comment les fouilles humiliantes sont monnaie courante. « Toutes les fois où il faut absolument sortir, pour aller au palais de justice ou pour un rendez-vous médical, on est fouillée quand on quitte la prison et quand on rentre. Deux fois pour une sortie. » Parfois, ces fouilles émanent de « l’humeur » des gardiens, selon elle. Un soupçon de trafic, et « tout l’étage peut passer par la fouille à nu ».
Cette pratique n’est pas habituelle dans les autres prisons, pointe-t-elle. Louise Henry, qui a aussi été détenue dans une autre prison, une prison fédérale, affirme n’y avoir subi qu’une seule fouille « à demi-nue » en sept mois. « Et au fédéral, c’est pas mal des cas lourds ! »
Cette négligence pèse pour le reste de la société, renchérit Louise Henry. « Elles perdent tout en entrant là. Après trois mois, quand elles sortent de là, elles se trouvent dans la rue. »
Condamnée pour vétusté
La prison Leclerc était jadis une prison fédérale pour hommes, mais elle a été condamnée par le gouvernement pour cause de vétusté. La plaignante appuie sur ce fait pour réprouver ce centre de détention. « Au départ, pourquoi tu as fait sortir les hommes, condamné la prison, mais pour y mettre les femmes ? »
Un peu plus de 40 % des femmes incarcérées à la prison Leclerc ont un statut de prévenue et n’ont donc pas été condamnées, note la requête.
L’action collective vise toutes les femmes qui ont été détenues à l’Établissement de détention Leclerc depuis le 6 septembre 2019. L’avocate Clara Poissant-Lespérance, qui représente les détenues dans ce dossier, estime que « quelques milliers » de femmes sont ainsi incluses dans la requête. Elles peuvent contacter son cabinet afin d’écouter et de partager leurs histoires.
Cette demande d’action collective exige du gouvernement des compensations financières pour les détenues et ex-détenues de la prison Leclerc. « Ça ne veut pas dire fermer la prison, ça veut dire respecter les droits fondamentaux », insiste Me Poissant-Lespérance. « On veut que les violations cessent […] et on demande que [ces femmes] reçoivent un régime carcéral approprié à leur sexe. »
Ce recours collectif devrait être entendu par un juge au courant de cette année.