Le Centre des sciences de Montréal célèbre la place des femmes

À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, créée par l’ONU, le Centre des Sciences de Montréal propose une journée thématique pour faire découvrir les sciences aux jeunes filles.
Marie-France Coallier Archives Le Devoir À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, créée par l’ONU, le Centre des Sciences de Montréal propose une journée thématique pour faire découvrir les sciences aux jeunes filles.

« Ça bourdonne, ici. Il y a beaucoup d’actions, on voit plein d’yeux pétillants. » Au téléphone, Mariève Blanchet se réjouit de l’enthousiasme des jeunes qui affluent au Centre des sciences de Montréal en ce samedi matin.

À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science, créée par l’Organisation des Nations unies, l’institution montréalaise proposait une journée thématique pour faire découvrir les sciences aux jeunes filles. L’événement était présenté par Amazon Web Services avec la Faculté des sciences de l’UQAM.

Une conférence donnée par l’ingénieure en aérospatiale Farah Alibay et la présentation du chien-robot Spot, qui a travaillé dans les stations de métro de la métropole cet été, étaient notamment au menu.

« On parle avec les jeunes et avec les parents, on tente de les inspirer », explique Mariève Blanchet, professeure au Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Accompagnée de cinq de ses étudiantes, elle tient un kiosque, où elle apprend aux jeunes « ce qu’on fait dans nos laboratoires par l’exploration, le mouvement et des manipulations ».

La professeure espère que cette journée saura inciter des jeunes filles à s’investir dans le domaine des sciences, où elles sont encore sous-représentées au pays. Entre 1998 et 2018, la proportion de femmes dans le domaine des sciences naturelles a augmenté de seulement 5 % pour atteindre 24,6 %, selon Statistique Canada. Et en 2016, les hommes scientifiques gagnaient en moyenne 9 % de plus par année que leurs consoeurs.

« Un enjeu majeur, c’est la maternité », note  Blanchet. « Quand on porte un enfant et qu’on l’allaite, c’est sûr qu’on a moins de temps et d’énergie, et il peut y avoir une surcharge mentale, poursuit-elle. Moi, je suis chanceuse, je suis très bien accompagnée. »

Elle explique que plusieurs subventions sont accordées en fonction du dossier d’excellence présenté par les chercheurs, ce qui comprend par exemple le nombre de leurs articles scientifiques publiés. Or, une femme qui a eu des enfants pourrait avoir publié moins d’articles dans les périodes suivant ses accouchements.

Manque de modèles

 

Il s’agissait d’un retour en force pour cette sixième édition de l’événement, qui avait été tenu en virtuel en 2021 et organisé à taille réduite en 2022. « C’est notre plus grande édition jusqu’ici », se réjouit la directrice du Centre des sciences, Cybèle Robichaud, en entrevue. Elle rappelle que les garçons sont aussi les bienvenus à l’activité.

« Ce qu’on observe, c’est que l’intérêt des filles et des garçons pour les sciences est identique au primaire, mais il y a une diminution de l’intérêt des filles pour la discipline au fil de leur parcours scolaire », déplore-t-elle. Cela pourrait s’expliquer entre autres par le fait qu’il y a moins de modèles féminins dans le domaine, croit-elle. « On s’identifie toujours aux personnes qui nous inspirent, donc c’est un cercle vicieux. Puisqu’il y a moins de femmes en sciences, les filles se sentent moins inspirées. »

Elle espère que l’événement suscitera l’intérêt des jeunes filles et leur donnera envie d’envisager une carrière en sciences. « Il doit y avoir une parité. C’est le futur de demain ! »

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