Trudeau se rend à une veillée à Laval

Le premier ministre du Canada, JustinTrudeau, a dit ne pas pouvoir imaginer ce que les parents touchés par le drame dans le quartier Sainte-Rose ont vécu.
Graham Hughes La Presse canadienne Le premier ministre du Canada, JustinTrudeau, a dit ne pas pouvoir imaginer ce que les parents touchés par le drame dans le quartier Sainte-Rose ont vécu.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’est rendu à une veillée au parvis de l’église Sainte-Rose-de-Lima, jeudi soir, à Laval, au lendemain de la tragédie qui a coûté la vie à deux jeunes enfants dans une garderie. Quelques heures plus tôt, François Legault était aussi allé se recueillir à Laval pour soutenir les familles et la communauté dans cette terrible épreuve.

Après s’être entretenu avec des gens de la communauté rassemblés sur les lieux, le premier ministre Trudeau a affirmé devant les journalistes que « les parents à travers le pays ont serré leurs enfants un peu plus fort, ont réfléchi à tout ce qu’ils peuvent et doivent faire pour garder leurs enfants en sécurité ».

M. Trudeau a dit ne pas pouvoir imaginer ce que les parents touchés par le drame dans le quartier Sainte-Rose ont vécu. Il a souligné le travail « extraordinaire » des premiers répondants et « des gens sur place qui ont agi en héros », et a salué le fait que « les Lavallois sont en train d’être là les uns pour les autres ».

«Il y a des héros ici ce soir », a dit le maire de Laval, Stéphane Boyer, à ses côtés, ajoutant qu’il était important de démontrer tout le soutien possible aux parents touchés et aux membres de la communauté.

Plus tôt dans la journée, le premier ministre Legault, accompagné de sa femme Isabelle Brais, a déposé une gerbe de fleurs devant la garderie où deux bambins sont morts et six ont été blessés, mercredi, après qu’un homme eut percuté le bâtiment du service de garde avec un autobus de la Société de transport de Laval (STL).

En arrivant sur les lieux de la tragédie, M. Legault a discuté avec des hommes qui ont maîtrisé le chauffeur et contribué à sortir des enfants des débris lorsque le drame s’est produit.

Il a remercié plusieurs fois André Beaudoin, Hamdi Ben Chabane et Mike Haddad.

 

«Vous êtes courageux, on ne sait pas ce qu’il aurait pu faire après », leur a dit François Legault en parlant du suspect.

«Je suis fier de vous », a ajouté M. Legault.

Au lendemain du drame, Mike Haddad portait encore sur les mains les marques du combat qu’il a livré au chauffeur qui a enfoncé l’autobus dans la garderie.

Le premier ministre a invité les trois hommes, qui ont eu peine à fermer les yeux la nuit dernière, à aller chercher de l’aide psychologique.

«Des fois, on se sent “tough”, mais ça revient des fois. Ne serait-ce que d’en parler », leur a-t-il dit.

«C’est sûr que j’ai beaucoup de tristesse, c’est difficile d’y penser, les voix des enfants dans ma tête, c’est très lourd, les voix de ceux qu’on n’a pas pu aider, les enfants qui sont décédés », a confié Mike Haddad.

Il a raconté avoir répété au suspect de reculer l’autobus.

«Il s’est juste levé, il a descendu ses pantalons, et c’est là qu’il s’est dirigé vers moi. La porte était un peu barrée, il n’arrivait pas à sortir, alors je lui ai di “ah oui, tu veux sortir”, j’ai ouvert la porte encore plus, je l’ai maîtrisé, j’ai fait ce que j’avais à faire », a indiqué M. Haddad.

François Legault s’est aussi entretenu avec la directrice de l’installation qui était très émotive en racontant le fil des événements.

«C’était les enfants, la priorité, le personnel, les sauver. Je ne sais pas quoi vous dire », a-t-elle lâché en réprimant un sanglot.

M. Legault était accompagné d’une impressionnante délégation de politiciens, dont les trois chefs de l’opposition à Québec, ainsi que deux ministres fédéraux, Pablo Rodriguez et Marco Mendicino.

En mêlée de presse, M. Legault a remercié les chefs de l’opposition de montrer un front uni avec lui.

«On en parlait, en déjeunant, Isabelle [son épouse] et moi, et on se disait, on a deux enfants, imaginons-nous demain matin, si c’était arrivé à notre enfant. Comment on fait pour continuer à vivre ? C’est aussi grave que ça », a-t-il affirmé.

«Tout le monde se sent un peu coupable, il faut pas hésiter à aller chercher de l’aide. »

La catastrophe a déclenché une vague de soutien partout au pays, le premier ministre Justin Trudeau déclarant que tous les Canadiens étaient en deuil et promettant que le gouvernement ferait tout ce qu’il peut pour soutenir les familles.

Soutien psychologique pour les chauffeurs

 

La STL a affirmé jeudi que « toute la grande famille [de la société de transport] a été fortement ébranlée par la tragédie ».

La directrice générale, Josée Roy, a tenu à réitérer ses sympathies et ses plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes, ainsi qu’au personnel de la garderie.

«Rapidement, toutes les mesures nécessaires ont été déployées, dont du soutien psychologique pour nos chauffeurs et pour l’ensemble de nos employés, a indiqué Mme Roy dans une déclaration écrite. Parallèlement, nous collaborons activement à l’enquête policière en cours avec le Service de police de Laval (SPL) qui cherche à faire la lumière sur les événements. »

La directrice générale a souligné l’« engagement indéfectible » des chauffeurs, chauffeuses, superviseurs, équipes d’entretien et de tous les employés de la STL en précisant que « cette formidable équipe a véritablement à coeur le bien-être et la sécurité des clients qu’ils transportent tous les jours ».

«Finalement, je tiens à dire que je suis reconnaissante envers nos clients qui font preuve de sollicitude et de compassion envers nos employés dont nos chauffeurs et chauffeuses. Ils en ont bien besoin présentement », a dit Mme Roy.

Deux des blessés quittent l’hôpital

Parmi les six enfants blessés dans le drame, deux ont pu recevoir leur congé du CHU Sainte-Justine, et les deux autres qui sont pris en charge dans ce centre hospitalier « présentent un état de santé dont l’évolution est plutôt favorable », selon une déclaration.

«Nous continuons à offrir un soutien psychosocial à leur famille », a-t-on ajouté.

Par ailleurs, l’enquête de la police a pris fin mercredi soir sur les lieux du drame et l’autobus a été retiré de la scène, a confirmé la porte-parole Erika Landry.

Un poste de commandement a toutefois été mis en place jeudi matin pour offrir du soutien à la population lavalloise.

«Ce sont des intervenants d’urgence sociale et de notre escouade de la prévention qui sont présents pour les citoyens qui en ressentiraient le besoin », a précisé Mme Landry.

On ne connaît pas encore les motivations qui pourraient avoir poussé l’homme à poser un tel geste, a indiqué la porte-parole du SPL, Erika Landry, en entrevue à La Presse canadienne jeudi matin.

Pas d’historique de santé mentale

Pierre Ny St-Amand, âgé de 51 ans, a été arrêté sur les lieux mercredi et fait face à deux chefs d’accusation de meurtre prémédité ainsi qu’à sept autres chefs d’accusation, dont tentative de meurtre et voies de fait graves.

Il a comparu mercredi après-midi et doit retourner en cour le 17 février.

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a révélé jeudi matin qu’il n’avait pas d’historique officiel de santé mentale et n’apparaissait pas sur une liste d’attente pour recevoir de l’aide.

Des vérifications ont été effectuées auprès du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval.

 

«On n’a pas “d’évidence” qu’il y a de la maladie mentale. L’événement qui est arrivé hier était imprévisible », a affirmé le ministre en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

«Que ce soit quelqu’un qui était malheureux, qui était en détresse, il s’est produit quelque chose pour expliquer ça. »

Hommages aux victimes

 

Des citoyens du quartier Sainte-Rose s’étaient déjà rassemblés sur le parvis de l’église Sainte-Rose-de-Lima, mercredi soir, située un peu plus loin, afin d’y allumer des bougies et déposer des fleurs et des peluches, puis essayer de trouver un peu de réconfort face à cette tragédie.

Le drapeau de l’Hôtel de Ville de Laval était en berne, en hommage aux petites victimes, et le drapeau du Québec de la tour centrale de l’Assemblée nationale a été en berne toute la journée jeudi, en la mémoire des jeunes victimes également.

Pour une deuxième journée, l’Assemblée nationale a observé une minute de silence pour rendre hommage aux petites victimes.

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