Recueillement devant la garderie éducative Ste-Rose

L’heure était au recueillement et à la solidarité jeudi midi devant la garderie éducative Ste-Rose, touchée par une tragédie mortelle la veille. Citoyens et politiciens ont exprimé leur désarroi devant un amas de toutous et de fleurs multicolores, à quelques mètres du lieu du drame.

Le premier ministre François Legault est venu déposer un bouquet et rencontrer des familles ébranlées. Les chefs des trois partis d’opposition, des politiciens fédéraux, le maire de Laval, Stéphane Boyer, et le directeur du Service de police de Laval (SPL), Pierre Brochet, étaient également présents.

« S’il y a une journée où il faut montrer que tout le Québec est derrière ceux qui ont vécu ce drame épouvantable, c’est aujourd’hui », a déclaré M. Legault aux nombreux journalistes présents.

Il a affirmé que sa priorité était d’offrir de l’aide psychologique aux gens qui ont été touchés, de près ou de loin. « On en parlait en déjeunant, Isabelle et moi, et on se disait : “On a deux enfants. Imaginons que c’était arrivé à notre enfant. Comment on fait pour continuer à vivre ?” » a-t-il raconté, accompagné par sa conjointe.

Il a rappelé qu’un poste de commandement a été mis sur pied par le SPL pour offrir du soutien à la population lavalloise.

« Même les enfants qui sont corrects, mais qui ont vu ça, les employés qui ont vu ça, probablement que ce sont des images qu’ils vont garder dans leur tête toute leur vie. Donc, acceptez l’aide psychologique. C’est nécessaire, c’est normal d’avoir besoin de cette aide-là », a affirmé le premier ministre. M. Legault a également invité toute personne qui en ressent le besoin à appeler le 811, où des conseils psychosociaux sont donnés.

Le premier ministre a aussi souligné le courage des personnes qui sont parvenues à maîtriser le chauffeur.

Des parents sous le choc

Geneviève Berthiaume-Gagnon, dont la fille était dans la garderie lors de l’impact, s’est dite rassurée par les propos du premier ministre Legault. Elle et son conjoint, Bruno Belzile, sont soulagés de pouvoir compter sur de l’aide psychologique.

« À la maison, on fait juste pleurer. On n’est pas du tout fonctionnels. Je pense toujours aux familles qui souffrent en ce moment. Nous avons été chanceux que notre fille n’était pas dans le groupe touché ce matin-là, mais en sécurité dans un autre. Mais elle est habituellement dans ce local-là », a raconté la mère de famille.

Au nom de leurs trois filles, Mme Berthiaume-Gagnon et M. Belzile ont ajouté un ourson en peluche devant la garderie, en partie placardée. Le couple se demande maintenant comment il va trouver les mots pour apprendre à ses enfants qu’une de leurs amies a perdu la vie et qu’une autre a dû être hospitalisée.

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L’heure était au recueillement et à la solidarité jeudi midi devant la garderie éducative Ste-Rose, touchée par une tragédie mortelle la veille.

Plusieurs résidents du quartier s’étaient déplacés avec leurs bambins, dont Catherine Lévesque. « C’est un terrible choc. On ne veut tellement pas que ça arrive à nos enfants et on ne comprend pas pourquoi ça s’est passé », a-t-elle dit, la gorge nouée.

« Les politiciens vont devoir mettre leur pied à terre et qu’il se passe quelque chose, parce qu’il y a trop de violence. Il n’y a pas assez de soins en santé mentale. C’est sûr que c’est quelqu’un dont les fils se sont touchés », a lancé Stéphane Fortier, qui avait la larme à l’oeil.

Des enfants reçoivent leur congé

Deux enfants qui ont été blessés dans le sinistre accident ont reçu leur congé du CHU Sainte-Justine, a confirmé l’hôpital en début de matinée, jeudi.

Six bambins ont subi des blessures mercredi matin lorsqu’un autobus a percuté leur garderie du quartier Sainte-Rose. Ils sont maintenant hors de danger, a-t-on rapporté.

Deux autres enfants ont toutefois succombé à leurs blessures.

Par ailleurs, l’enquête de la police sur les lieux du drame a pris fin mercredi soir, et l’autobus a été retiré de la scène, a confirmé la porte-parole du Service de police de Laval, Erika Landry.

Pierre Ny St-Amand, 51 ans, a été arrêté sur place mercredi et fait face à deux chefs d’accusation de meurtre prémédité, ainsi qu’à sept autres chefs, dont tentative de meurtre et voies de fait graves. Il doit retourner en cour le 17 février.

Une veillée aux chandelles doit avoir lieu jeudi soir à l’église Sainte-Rose-de-Lima, dans le quartier Sainte-Rose, à laquelle doit participer le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Des citoyens s’y étaient rassemblés mercredi soir afin d’allumer des bougies, de déposer des fleurs et des peluches ainsi que d’essayer de trouver un peu de réconfort.

Le drapeau de l’hôtel de ville de Laval était en berne jeudi, en hommage aux petites victimes, tout comme le drapeau du Québec de la tour centrale de l’Assemblée nationale.

Avec La Presse canadienne

À voir en vidéo