Les meilleurs emplois en 2023
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Métiers, professions et carrières
Un classement des 15 emplois les plus recherchés au Canada révèle des changements importants sur le marché du travail en 2023, mais aussi des constantes.
Basé sur l’analyse de données des clients de Randstad Canada, entreprise spécialisée dans les ressources humaines, le classement réunit à la fois les postes les plus recherchés et ceux qui proposent les meilleures conditions de travail.
Les tendances dégagées à partir de cette analyse en disent long sur le marché de l’emploi postpandémique, aux prises avec une rareté main-d’oeuvre qui ne dit plus son nom.
Métiers prisés
C’est sans surprise que les développeurs remportent le haut du classement. Avec le déploiement des projets numériques dans tous les secteurs, ils sont demandés partout, des PME aux grandes entreprises, au public comme au privé. Afin de les attirer, les employeurs offrent des salaires pouvant aller jusqu’à 155 000 $.
Propulsé en deuxième position, le poste de gestionnaire en ressources humaines est devenu essentiel au bon fonctionnement des organisations, particulièrement avec la normalisation de l’hybridité du travail à la suite de la pandémie, mais aussi avec l’engouement pour le recrutement international, perçu par certains comme une solution à la rareté de main-d’oeuvre.
Les métiers du bâtiment et de la construction sont également très représentés dans le classement, avec la profession de soudeur, ou encore de directeur des travaux. Une place de choix, qui s’explique par le boom immobilier en cours au Canada, mais aussi parce que ce domaine est particulièrement concerné par les départs à la retraite. Selon Marie-Pier Bédard, vice-présidente exécutive chez Randstad Canada, ce résultat était prévisible : « Ça fait tellement d’années que ce sont des métiers qu’on ne valorise pas et que les bancs d’école sont vides. Là, on vit l’impact sur le marché du travail », dit-elle.
Le classement de la profession d’associé aux ventes, en dixième position, renseigne quant à lui sur l’impact de la pandémie sur le commerce de détail, ou encore sur les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie. « Beaucoup de gens ont quitté ces secteurs-là », affirme Mme Bédard, qui constate leur « difficile reconstruction ». Aujourd’hui, les activités ont repris et la demande de personnel est en hausse.
Moins de diplômes exigés
Autre nouveauté pour 2023, le fait que plusieurs professions parmi les plus recherchées n’exigent pas nécessairement que le candidat soit diplômé. D’autres sont accessibles par le biais d’études de courte durée, notamment des diplômes d’études professionnelles (DEP).
« Dans le passé, on a toujours dit que pour accéder à des emplois intéressants, c’était nécessaire d’aller à l’université », soutient Mme Bédard, une réalité bouleversée par la rareté de main-d’oeuvre, particulièrement dans les métiers techniques.
Ainsi, environ le tiers des emplois figurant au classement ne demande pas d’études supérieures. Les postes de chauffeur, d’associé aux ventes et de conseiller au service à la clientèle, par exemple, permettent néanmoins d’accéder à des salaires supérieurs à 60 000 $ annuellement, en fonction du niveau du poste.
L’avenir est numérique
Un des bouleversements majeurs au marché de l’emploi provoqué par la pandémie vient aussi des changements qui se sont opérés dans les habitudes de consommation des Canadiennes et Canadiens. Bien que les ventes en ligne aient diminué après une hausse fulgurante en 2020, elles pourraient atteindre 104 milliards de dollars en 2025, contre 79,8 milliards en 2022, estime le Retail Insider.
« L’augmentation du commerce en ligne […] a un impact direct sur le marché de l’emploi », révèle Mme Bédard. Voilà qui explique que des postes de commis d’entrepôt, de chauffeur, de superviseur de production et de conseiller au service à la clientèle se retrouvent sur la liste des 15 meilleurs emplois au pays. L’essor du commerce électronique a également propulsé la coordination en marketing numérique au rang des essentiels pour de nombreuses entreprises, et au quatorzième rang du classement de Randstad Canada.
Une tendance qui, d’après la vice-présidente exécutive, ne risque pas de disparaître dans les prochaines années. La demande de main-d’oeuvre dans le domaine des technologies et du numérique, croit-elle, « est bien là pour de bon ».
Continuités et rupture
D’autres constantes devraient se confirmer en 2023 : frappé par une pénurie qui ne date pas d’hier, le métier d’infirmière se retrouve au sixième rang du classement, dans lequel il trouve systématiquement sa place, confirme Mme Bédard.
Le poste d’ingénieur mécanique risque de l’y rejoindre, dans les prochaines années, puisque la forte croissance des industries des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) génère une demande constante.
La comptabilité accuse également un besoin continu de nouveaux travailleurs, à tel point que les techniciens et commis étrangers sont admissibles au système d’entrée express prévu par le gouvernement fédéral.
La « plus grande surprise du classement » pour Marie-Pier Bédard, c’est sa diversité. « Historiquement, on pensait que récession égalait pertes d’emplois, explique-t-elle. […] Là, on arrive dans un ralentissement économique dans un tout autre contexte, c’est-à-dire que le taux de chômage est tellement bas et qu’il y a déjà tellement une pénurie dans plein de domaines, que ça n’affecte pas le nombre d’emplois disponibles sur le marché », analyse-t-elle.
Flexibilité
Ce contexte, favorable aux chercheurs d’emploi ou aux « talents » désireux de changer d’employeur ou de se reconvertir, a un impact sur la nature des métiers recherchés au Canada.
L’hybridité du travail « s’est vraiment installée à la suite de la pandémie », soutient Mme Bédard, qui rappelle que « certains postes ne pourront jamais être virtuels ». Les chauffeurs, commis d’entrepôt et soudeurs seront-ils alors toujours populaires ?
Marie-Pier Bédard insiste surtout sur la flexibilité, « un des aspects les plus importants, pour les chercheurs d’emplois » et qui « transparaît dans certains emplois qui font la liste », particulièrement en ce qui concerne les cols blancs, précise-t-elle.
Puisqu’en 2023, les travailleurs ont encore le gros bout du bâton dans la plupart des secteurs d’emploi, « les employeurs qui arrivent le plus à se distinguer en ce moment, ce sont ceux qui vont arriver à [offrir ce qui] correspond le plus à ce qu’un talent recherche », conseille-t-elle.
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.