Soutien au peuple iranien malgré le froid glacial

« On brave la température, c’est la moindre des choses. Le froid, c’est le seul risque qu’on court, comparativement à ce que le peuple iranien vit depuis des mois. »
En entrevue au Devoir, la directrice générale d’Amnistie internationale Canada, France-Isabelle Langlois, se fait claire : ce n’est pas le froid polaire de ce samedi de février qui allait empêcher la tenue d’une manifestation en soutien au peuple iranien. Environ 200 personnes se sont présentées au monument George-Étienne Cartier, au pied du mont Royal, afin de réitérer leur soutien aux mobilisations contre le régime qui durent depuis l’automne dernier.
Les personnes présentes à la manifestation, organisée par la diaspora iranienne de Montréal avec l’appui d’Amnistie internationale, ont assisté à quelques discours sur l’avenue du Parc. Le cortège a par la suite marché jusqu’à la Place des Arts, où s’est conclu l’événement.
Rencontrée sur place, Lily devient émue en évoquant son pays natal. « Le gouvernement tue des gens, et nous, on peut manifester pour que tout le monde sache que ce sont des dictateurs », articule-t-elle. Les cils et les sourcils tout blancs, glacés par le froid, elle demeure confiante. « L’espoir va gagner, la lumière va gagner. Je suis sûre à 1000 % que le régime va être renversé. »
Elle affirme venir manifester chaque semaine aux côtés de dizaine d’autres Québécois d’origine iranienne. « C’est ma responsabilité », déclare-t-elle.
Pressions à l’Assemblée nationale
En dépit du froid paralysant, les manifestants ont chaudement applaudi la députée solidaire de Mercier, Ruba Ghazal, venue livrer une allocution.
« Souvent, les gens se demandent ce que le Québec peut faire face à ce qui se passe à l’international, mentionne-t-elle en entrevue. Mais on ne peut pas se taire quand on voit un peuple souffrir comme ça. Des communautés ici nous demandent de nous mobiliser, ce sont nos consoeurs et confrères et québécois, et on se doit de répondre à cet appel-là. »
Depuis le mois de janvier, les élus solidaires parrainent 11 prisonniers politiques iraniens. Mme Ghazal souhaite que l’ensemble des députés à l’Assemblée nationale participent à ce mouvement. « Quand je parle avec les autres partis par rapport à la situation en Iran, je sens qu’il y a une écoute », se réjouit-elle. En décembre dernier, les élus avaient d’ailleurs adopté à l’unanimité une motion lancée par Mme Ghazal qui visait à condamner la répression des femmes en Iran.
« Il faut qu’on continue à mobiliser les gens tout le temps. […] Je vais continuer à faire des actions à l’Assemblée nationale », promet la députée.
L’épidémiologiste et ex-candidate pour le Nouveau Parti démocratique Nimâ Machouf exige quant à elle de nouvelles actions de la part du gouvernement canadien afin de lutter contre le régime. « On veut que le Canada demande à ses partenaires du G7 de fermer les ambassades iraniennes sur leur sol, explique-t-elle. Et surtout, il faut leur demander de couper leurs liens économiques avec l’Iran. » Le Canada n’a actuellement plus de relations diplomatiques avec ce pays.
Elle-même d’origine iranienne et membre du collectif Femme, Vie, Liberté — Montréal, qui milite en soutien au peuple iranien, elle voudrait aussi que le corps des Gardiens de la Révolution islamique soit ajouté sur la liste des entités terroristes. « Le gouvernement aurait ainsi les mains libres pour geler leurs avoirs et les expulser s’ils sont déjà ici. »
Pour rappel, les Iraniens et les Iraniennes ont amorcé un vaste mouvement de révolte populaire en réaction à la mort de Mahsa Amini, en septembre dernier. La jeune femme avait été battue à mort par des membres de la police des moeurs locale puisqu’elle ne portait pas son voile conformément à leurs critères. Le régime a violemment réprimé ces mouvements de contestation, tuant plusieurs centaines de protestataires.