Une brigadière heurtée par un véhicule

Alors que la sécurité des piétons continue de susciter d’importantes préoccupations, une brigadière scolaire a été heurtée par un véhicule mardi après-midi dans Ahuntsic-Cartierville. Bien qu’elle n’ait pas subi de blessures graves, elle a tout de même été conduite à l’hôpital.
Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le véhicule circulait sur la rue Prieur, direction ouest, vers 16 h mardi et s’était engagé dans un virage à droite sur l’avenue Papineau quand la collision est survenue. La brigadière venait de faire traverser un enfant, elle voulait se diriger vers l’autre intersection quand elle a été heurtée. Le SPVM indique qu’il s’agirait d’un événement accidentel et qu’aucun élément de nature criminelle n’a été constaté. L’automobiliste serait restée sur les lieux et aurait composé le 911.
On entend parfois dire que les piétons ne sont pas visibles, mais là, c’est une brigadière avec sa veste de visibilité et qui a pour travail de faire traverser les enfants qui s’est fait happer
La brigadière a été transportée à l’hôpital, mais selon le SPVM, elle n’a subi aucune blessure qui mette sa vie en danger.
L’événement a causé une onde de choc dans le quartier. « On entend parfois dire que les piétons ne sont pas visibles, mais là, c’est une brigadière avec sa veste de visibilité et qui a pour travail de faire traverser les enfants qui s’est fait happer. Ça en dit long sur le fait d’envoyer son enfant [à l’école] alors qu’il n’y a pas de brigadière », a commenté Samuel Milette-Lacombe, co-porte-parole de l’Association Mobilité active Ahuntsic-Cartierville.
Il déplore d’ailleurs la timidité des mesures mises en place par la Ville de Montréal pour apaiser la circulation dans l’arrondissement. Autour des écoles, l’ajout de saillies de trottoir ne suffit pas, estime M. Milette-Lacombe. « On souhaite que l’arrondissement et la Ville aillent de l’avant avec des mesures musclées d’apaisement pour qu’il y ait moins de circulation de transit, un peu comme Le Plateau-Mont-Royal et ses sens uniques qui se font face. »
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Le président du Syndicat des brigadiers de Montréal, Marc Babin, ignorait les détails de la collision impliquant la brigadière. Selon lui, toutefois, cet événement témoigne des conditions difficiles dans lesquelles les brigadiers scolaires travaillent. « Les automobilistes sont pressés et impatients », dit-il, en précisant que la situation est particulièrement difficile dans les quartiers qui subissent les répercussions des travaux au pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Stratégie demandée
Depuis le décès de la jeune Mariia Legenkovska, 7 ans, happée par un automobiliste le 13 décembre dernier dans le quartier Centre-Sud, à Montréal, plusieurs voix s’élèvent pour que les autorités fassent de la sécurité routière une priorité.
Mardi matin, l’administration de Valérie Plante a d’ailleurs annoncé que 42 projets d’apaisement de la circulation seraient réalisés aux abords d’écoles, de CPE et de lieux fréquentés par les enfants dans 13 arrondissements. Les interventions envisagées comprennent notamment des saillies de trottoir, des dos-d’âne et l’ajout d’afficheurs de vitesse et de feux de circulation.
Et mercredi, plusieurs organismes de la société civile, dont Piétons Québec, Vivre en Ville et CAA-Québec, ont de nouveau réclamé l’adoption par Québec d’une stratégie gouvernementale de sécurité routière, un projet attendu depuis cinq ans. « L’inertie a assez duré », estime Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec. « Le gouvernement du Québec doit prendre conscience que la sécurité routière est un enjeu national et qu’il doit prendre ses responsabilités. »
Les piétons ne sont pas les seuls usagers de la route à faire les frais de l’insécurité routière, a rappelé Mme Cabana-Degani. Au cours des cinq dernières années, plus de 1732 personnes ont perdu la vie sur les routes du Québec.
« On sait quoi faire pour prévenir ces morts violentes. Ce n’est pas une fatalité. Il y a des moyens de changer les choses, mais il faut un leadership national fort et des actions concertées de tous les décideurs publics », a pour sa part fait valoir Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville. « On ne peut plus baser notre approche seulement sur l’amélioration des comportements. Il faut aller à la source des enjeux. »
Les organismes ont évoqué une révision des normes d’aménagement du réseau routier et un changement de culture pour prioriser la sécurité des usagers les plus vulnérables.
Rencontre vendredi
Piétons Québec, qui réclame une rencontre avec le premier ministre François Legault et la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, depuis plusieurs semaines, a reçu la confirmation d’une rencontre avec des représentants du cabinet du ministère des Transports pour vendredi. La ministre n’y participera cependant pas. Sandrine Cabana-Degani continue donc de souhaiter pouvoir discuter du dossier avec elle. « Ça prend un leadership au niveau de l’ensemble du gouvernement si on veut avoir des actions qui permettent de prévenir les décès. »