Réfléchir au futur pour agir au présent

Isabelle Delorme
Collaboration spéciale
Lors du congrès, les délégués discuteront de la vision de la centrale pour le futur et des actions concrètes à mettre en oeuvre à court et à moyen terme pour atteindre les objectifs fixés.
Illustration: Patrik Roberge Lors du congrès, les délégués discuteront de la vision de la centrale pour le futur et des actions concrètes à mettre en oeuvre à court et à moyen terme pour atteindre les objectifs fixés.

Ce texte fait partie du cahier spécial 33e congrès de la FTQ

Les bouleversements des deux dernières années ont façonné notre présent et interrogent notre futur. Ce contexte est propice aux remises en question pour la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Lors de son 33econgrès, qui se déroulera du 16 au 19 janvier, la centrale syndicale signera une déclaration politique sur la pandémie et se projettera dans 20 ans pour mieux agir aujourd’hui.

Au congrès de 2013, Daniel Boyer était élu à la présidence de la FTQ. C’est aussi à cette occasion que l’organisation a voté sa première résolution pour tenir des États généraux sur le syndicalisme au Québec, un souhait renouvelé lors des deux congrès suivants. « Cette année, nous avons décidé de prendre le leadership en faisant tout d’abord une réflexion avec nos membres sur nos propres bases », indique le président, qui prendra sa retraite à l’issue de ce 33e congrès.

La démarche de prospective consiste à se projeter dans l’avenir en imaginant des futurs possibles. Elle est bien connue des entreprises, mais elle était jusqu’alors inédite pour un syndicat au Québec. « Nous nous projetons en 2042 pour nous remettre en question. Aucun sujet n’est tabou, nous passons tout en revue : les bons coups, les mauvais coups, ce que l’on souhaite et ce que l’on ne souhaite pas », lance le président.

Un travail collectif de prospective

« C’est un processus qui dure depuis un an », raconte Colin L’Ériger, directeur du service de la recherche à la FTQ, qui a impliqué 700 personnes et a animé des groupes de discussion avec ses collègues Lucie Morissette, Lise Côté et Wilfried Cordeau, pour mener ce projet. Quatre scénarios ont été élaborés, chacun décrivant une trajectoire que pourrait emprunter la centrale d’ici 2042. Ces scénarios ont été construits en combinant plusieurs hypothèses (internes ou externes, en germe ou inédites) pouvant influencer la trajectoire du projet, comme le nombre de membres, l’unité syndicale, le contexte politique, l’environnement ou les changements technologiques.

« C’est un déclencheur de réflexion qui nous ramène au présent, pour nous demander : comment faisons-nous pour nous préparer au pire, mais aussi au meilleur ? » résume Colin L’Ériger. Lors du congrès, les délégués discuteront de la vision de la centrale pour le futur et des actions concrètes à mettre en oeuvre à court et à moyen terme pour atteindre les objectifs fixés. « Cela nous permettra ensuite de partir sur ces bases pour échanger avec les autres organisations syndicales au Québec sur l’avenir du syndicalisme », espère Daniel Boyer.

Une déclaration pour s’élancer

Les délégués se pencheront également sur un projet de déclaration politique sur la pandémie, qui sera finalisé et mis au vote au cours du congrès. Ce document d’une vingtaine de pages comprenant quatre volets (le travail, la société, la politique et l’économie) dresse le constat des problèmes profonds révélés par la crise, comme les inégalités, les mauvaises conditions de travail, la fragilité des chaînes d’approvisionnement, l’affaiblissement du système de santé, la cupidité de certaines entreprises, ou encore l’attitude autoritaire du gouvernement.

« Ce dernier a dirigé pendant deux ans par décrets, sans véritable opposition ni reddition de comptes. Il faut que ce soit corrigé », souligne Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ, pour qui cette déclaration donnera son élan à la centrale syndicale ces trois prochaines années en ce qui concerne la gestion de cette crise sanitaire et ses effets.

« La pandémie nous a amenés à réfléchir sur les grands enjeux actuels », indique pour sa part Daniel Boyer, qui attend des actions concrètes du gouvernement dans le cadre de la négociation en cours dans le secteur public. « Je souhaite qu’il prenne en compte le fait qu’il faut réinvestir dans la main-d’oeuvre en santé et dans l’éducation », indique celui qui appelle à une amélioration des revenus, mais aussi à une réflexion plus large sur l’avenir de ces services publics. « Ce n’est pas juste une question de salaire, mais aussi d’organisation du travail, de flexibilité et de conciliation travail-famille, énumère-t-il. Toutes ces questions sont importantes et cette négociation sera cruciale pour l’avenir de nos services publics. »

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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