Des manifestants veulent défier la venue d’un conférencier jugé transphobe

La venue à l’Université McGill d’un conférencier du Royaume-Uni associé à un groupe qualifié de haineux et transphobe par des militants de la communauté LGBTQ+ les incite à organiser une manifestation mardi pour « défier l’événement ».
Robert Wintemute, professeur spécialisé en droits de la personne au King’s College de Londres, sera l’invité du Centre sur les droits de la personne et le pluralisme juridique de la Faculté de droit de l’Université McGill, pour donner une conférence intitulée « Le débat sur le sexe ou le genre (identité) au Royaume-Uni et le divorce entre LGB et T ».
Le spécialiste est administrateur de l’organisme LGB Alliance, « qui rejette la coalition politique des LGB et T et conteste certaines revendications transgenres », selon la description de l’événement, « car elles entrent en conflit avec les droits des femmes lesbiennes et bisexuelles ou les droits des enfants qui pourraient devenir des adultes LGB ».
« Depuis 2018, un débat a lieu au Royaume-Uni sur l’opportunité ou non de modifier la loi pour faciliter le changement de sexe légal d’une personne transgenre par rapport à son sexe de naissance, ainsi que sur les situations exceptionnelles, comme les espaces réservés aux femmes et les sports, dans lesquelles le sexe de naissance de la personne doit primer son identité de genre, indépendamment de son sexe légal », peut-on lire.
« Discours haineux »
Une conférence comme celle-ci véhicule des propos haineux et transphobes, affirme Celeste Trianon, une militante trans qui organise une manifestation en collaboration avec les groupes RadLaw et Queer McGill.
« Il y a une forte opposition, affirme Celeste Trianon. Ça atteint notre sécurité, ça atteint notre dignité. » « Il y a une différence entre la liberté d’expression et le discours haineux », ajoute la militante.
Quand on lui demande si l’objectif sera d’empêcher la tenue de l’événement, elle répond que, « comme l’Université McGill a choisi de ne pas annuler la conférence » malgré les critiques, « notre but sera plus de défier l’événement, d’être sur place, de nous présenter en grand nombre et en force ».
Une lettre ouverte signée par plusieurs organismes et individus circule également. « Est-ce que McGill donnerait une tribune à un avocat ouvertement misogyne qui prône activement le renvoi des femmes à la cuisine, sous couvert de débat ? Non. Alors, pourquoi McGill ferait-elle la même chose, mais à l’égard des personnes transgenres ? » écrit-on. « Nous […] exigeons que le Centre des droits de la personne et du pluralisme juridique de McGill, la Faculté de droit et ses décideurs se tiennent pour responsables des préjudices qu’ils causent aux personnes trans, et exigeons qu’un tel événement ne se reproduise plus jamais sur le campus. »
Invitée à réagir, l’université indique par courriel que le Centre organise de nombreux événements chaque année et que ceux-ci « servent de plateforme pour des conversations critiques qui peuvent [se tenir] de manière productive et rigoureuse dans un cadre universitaire ». « Ils ne constituent pas une approbation des opinions d’un orateur, précise-t-on. Le Centre s’assurera qu’il y a suffisamment de temps et d’espace pour les réponses et la discussion. »