Un rassemblement s’organise au nom des droits et libertés
Les cris exigeant la liberté risquent de résonner à nouveau, cet hiver, contre les remparts de la capitale nationale. Un an après la venue d’un convoi de camionneurs aux portes du parlement, une nouvelle manifestation s’organise à Québec au nom des droits et libertés. L’événement, prévu le 17 février, doit s’étaler sur une période d’un mois.
Les promoteurs de la manifestation proposent de protester contre différents projets de loi, tant fédéraux que provinciaux, qu’ils jugent liberticides. Les revendications dénoncent aussi bien l’embauche de la firme McKinsey par Québec et Ottawa que la loi sur les Indiens ou les restrictions imposées à l’égard de certains types d’armes à feu.
L’événement se veut « éducatif et pacifique » et propose également un « nouveau concept », en invitant les manifestants à se réunir devant le parlement, le 17 février, « pour quatre semaines consécutives étalées sur des journées différentes ».
Un des organisateurs de la manifestation, Jonathan Mongrain, assure que le rassemblement du 17 février « n’est ni un convoi ni un siège ».
« L’événement n’est pas associé aux convois de la liberté », assure-t-il dans un échange de courriels. Les cinq administrateurs de la page Facebook intitulée Convois de la liberté 2023 sont cependant les mêmes qui organisent la manifestation à Québec.
La manifestation vise à dénoncer des lois et des méthodes qui bafouent, selon les instigateurs du rassemblement, les droits et libertés consacrés par la Constitution. « Depuis plus de deux ans, le[s] gouvernement[s], autant fédéral que provincial, adoptent et font des amendements aux lois sans en informer le grand public », commence un message adressé à « tous les Canadiens et Canadiennes » et publié sur la page du groupe Facebook.
Les récriminations exprimées sur la page de l’événement trouvent écho dans les rangs du Parti conservateur canadien. Les projets de loi C-11 et C-21, par exemple, tous deux vivement décriés par les troupes conservatrices, ne trouvent aucune grâce non plus aux yeux des organisateurs de la manifestation.
Selon ces derniers, C-11, qui vise à réguler davantage les plateformes de diffusion en ligne, accorde à Ottawa le pouvoir de « choisir ce qui sera publié ou non via la télévision, les réseaux sociaux, les journaux, etc. ». C-21, qui propose notamment d’interdire les armes d’assaut au Canada, revient à « bannir les armes à feu ». L’élargissement de l’aide médicale à mourir, sanctionné en mars 2021, fait aussi partie des revendications exprimées par le groupe.
Jonathan Mongrain projetait d’abord de tenir le rassemblement à Ottawa, mais l’adoption de la loi 100, en Ontario, a signé l’arrêt de mort de cette ambition. Cette loi prévoit l’imposition de lourdes amendes à des personnes ou à des véhicules qui entravent une infrastructure de transport protégée en perturbant l’activité économique ordinaire ou la sécurité de la population. Par peur de se voir infliger des sanctions pouvant atteindre 100 000 $, les organisateurs ont préféré jeter leur dévolu sur Québec.
L’événement n’est pas associé aux convois de la liberté
La venue des camionneurs demandant la levée des mesures sanitaires, en février 2022, avait échaudé plusieurs citoyens de la capitale nationale. Bien que les rassemblements n’eussent mené à aucun débordement, le va-et-vient des voitures, jumelé à l’odeur d’essence qui flottait au centre-ville et au bruit incessant des klaxons, n’avait pas attiré la sympathie des locaux.
Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) dit avoir été informé de la tenue d’un événement, le 17 février prochain, « où des gens veulent s’exprimer sur la thématique des droits et libertés ». Le SPVQ entend évaluer la situation et promet de veiller à la sécurité de la population autant qu’à celle des manifestants si le rassemblement a lieu.
L’an dernier, le déploiement policier mis en place pour assurer le bon déroulement des deux fins de semaine de manifestation avait coûté plus d’un million de dollars à la Ville. L’ampleur du rassemblement prévu cette année demeure incertaine : au moment où ces lignes étaient écrites, un millier de personnes suivaient la page de la manifestation créée quatre jours auparavant. Seulement 17 d’entre elles indiquaient toutefois vouloir y participer.