De l’importance de la relève syndicale

Martin Forgues
Collaboration spéciale
Le camp de formation des jeunes de la FTQ est un événement annuel auquel participent les membres de 35 ans et moins.
Photo: Mathieu Lafrenière Le camp de formation des jeunes de la FTQ est un événement annuel auquel participent les membres de 35 ans et moins.

Ce texte fait partie du cahier spécial 33e congrès de la FTQ

Ubérisation, travail des enfants, luttes sociales, monde du travail postpandémique… Le menu est chargé pour le milieu syndical et, de leur propre aveu, les dirigeants de la FTQ se trouvent actuellement à la croisée des chemins, envisageant même la remise en question de l’identité et de la mission de la centrale alors que s’achève le premier quart du XXIe siècle.

C'est dans cet esprit que s’amorcera le 33e Congrès de la FTQ, avec, pour grand thème, rien de moins que l’avenir du syndicalisme. Et ce vaste programme nécessitera un des atouts les plus précieux de la FTQ : son aile jeunesse.

Chaque génération blâme la suivante à tort et à travers pour tous les maux de la Terre, avec l’accusation « d’individualisme » en tête de liste. Mais les jeunes de moins de 25 ans sont-ils vraiment plus individualistes que leurs aïeux ? La question reste ouverte, mais on dit qu’ils seraient de plus en plus « individualisés », davantage tournés vers les technologies de l’information et les réseaux sociaux. Dans ce contexte, comment amener les jeunes vers un parangon du collectivisme tel que l’action syndicale ? Selon les données de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec, le taux de syndicalisation des jeunes se situe autour de 35 %, soit un peu plus bas que la moyenne québécoise de 39 %, selon les données pour l’emploi de 2019 du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Dans le cas des militants Michel Du Cap et Benjamin Sweeney, la flamme s’est allumée au hasard de rendez-vous avec l’histoire : les grèves étudiantes de 2005 et de 2012 respectivement. Kathia Narcisse, du Syndicat canadien des employées et employés professionnels et de bureau (SEPB), a pour sa part eu la piqûre graduellement, mais, comme elle le dit elle-même, elle a « entré [son] bras au complet dans l’engrenage ».

Aujourd’hui conseiller technique du comité des jeunes de la FTQ, M. Du Cap croit essentiel de passer le flambeau à la nouvelle génération de travailleurs militants, car les défis sont grands, à commencer par une dichotomie entre les valeurs et les modes de consommation, notamment Amazon. « Les jeunes en sont conscients, et c’est pour ça qu’ils s’intéressent surtout à des modèles comme celui de l’économie sociale, précise M. Du Cap. Ils cherchent des modèles qui priorisent la réponse à un besoin plutôt que l’atteinte de profits. »

Et comment les rejoint-on ? On combat le feu par le feu, selon M. Sweeney, pour sa part membre du comité des jeunes travailleurs et travailleuses du Conseil national des TUAC (Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce). « Avant, par exemple, on n’aurait jamais pensé à utiliser le texto pour mobiliser nos membres. Maintenant, on le fait, et on voit déjà les résultats », affirme-t-il. M. Du Cap, lui, évoque ce qui semble un argument massue. Il leur dit : « Veux-tu contribuer à l’organisation ou veux-tu te faire organiser ? »

Les enjeux sociaux au travail, une priorité pour les jeunes

 

« Les jeunes se mobilisent certes pour les conditions de travail, mais aussi autour des questions d’équité intergénérationnelle et des disparités de traitement, notamment sur les régimes de retraite », explique Mme Narcisse. « Les gains faits dans le passé permettent de se concentrer sur d’autres questions, comme la conciliation travail-famille, et, oui, des revendications qui touchent davantage leur vie personnelle. » Le racisme et le sexisme systémiques en milieu de travail ? Les trois sont unanimes : le sujet est prioritaire, tout autant que l’urgence climatique.

Le syndicalisme en général fait ainsi face à une grande remise en question, surtout dans le contexte de la montée de la droite politique et du discours antisyndical. Pour ces syndicalistes impliqués dans le comité des jeunes, le congrès devra être à l’écoute de ce qu’exprimera la relève au nom d’une équité pour laquelle elle se bat, en attendant la tenue de la Semaine de la relève syndicale, qui se déroulera en avril prochain.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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