Vague de soutien pour la famille ukrainienne éplorée par la perte de sa fille

Vêtue d’un manteau rouge et d’un châle blanc, la mère de la petite Maria, fauchée à Montréal par un chauffard il y a une semaine, a tenu à remercier tous ceux qui la soutiennent dans ce drame. Une messe empreinte de solidarité a accompagné la jeune défunte vers son dernier repos mardi soir.
Les icônes orthodoxes et le trident ukrainien surplombaient une foule massée dans la cathédrale orthodoxe de Sainte-Sophie, dans le quartier Rosemont. La dépouille de la petite Maria a traversé la nef dans un cercueil blanc sous des chants funèbres.
Quelques minutes avant le début des funérailles de sa fille, Galyna Legenkovska s’est présentée devant les médias pour remercier ceux qui soutiennent sa petite famille.
« J’ai accepté de faire cette conférence de presse, car j’ai été très surprise et profondément touchée par la réaction de la communauté du Québec sur la tragédie dans ma famille. Mon coeur est déchiré par cette immense perte. Il est impossible de décrire mon état juste avec des mots. Mais aujourd’hui, je ressens la chaleur incroyable qui vient des mots de soutien des Canadiens. Ce sont beaucoup de gens. Pas des centaines, mais des milliers », a-t-elle lu en français.
Plus de 150 000 dollars ont été amassés au cours des derniers jours pour venir en aide à sa famille, grâce à une campagne de sociofinancement.
« Il n’y a pas grand-chose que l’on peut faire de plus », a remercié Galyna Legenkovska. « On souffre, mais on commence à comprendre qu’on ne peut plus rien changer et que la vie continue. » Sa fille de 7 ans était un « enfant joyeux », a-t-elle noté. « Sur la dernière photo que j’ai d’elle, on la voit sourire et elle disait “J’aime Montréal. Je suis ici maintenant !” » Elle devrait être enterrée en sol québécois.
La mère et ses trois enfants originaires de la région de Poltava et arrivés d’Ukraine en juillet ont depuis réussi à trouver un logement et à s’installer à Montréal. Le père, combattant pour la défense territoriale ukrainienne, est arrivé au pays il y a quelques jours pour assister aux funérailles de sa fille. Il devrait rester quelques mois ici avant de repartir au front. Le reste de la famille prévoit rester ici, au pays.
« Le père n’y croyait pas au début », a laissé savoir Maria Makivchuk, coordonnatrice du congrès ukrainien.
Elle aussi tenait à remercier la société qui accueille ses compatriotes à bras ouverts. « Au fédéral, au provincial, au municipal, tout le monde aide. Les gens ouvrent leurs portes, appellent pour demander comment ils peuvent aider », témoigne-t-elle.
Une cérémonie remplie d’émotions
Le prêtre Volodymyr Kouchnir a honoré la mémoire de la petite Maria. « On ne doit pas se laisser gagner par le mal et la méchanceté », a-t-il prêché en entrevue au Devoir avant la messe. « Il faut garder le bien, la vérité pour laquelle on se bat. »
La mère éplorée a d’ailleurs fait écho à ses propos. « Je comprends que ce n’était pas un crime intentionnel. Je sais qu’il a une famille et je crois qu’il souffre trop », a-t-elle avancé par le truchement d’une traductrice.
Une foule bigarrée s’était massée pour assister à la cérémonie funéraire. Des Ukrainiens, mais aussi des Montréalais de toutes origines, s’étaient déplacés pour rendre hommage à la petite Maria malgré la langue ukrainienne principalement utilisée lors de la messe.
Dans la foule, Olena Verbetska, l’agente d’immigration de la petite famille, offrait toutes ses condoléances et ses accolades à la mère éplorée. « Je me souviens très bien de ces enfants… La petite Maria ressemblait tellement à sa mère, Galyna », souffle-t-elle, la voix étouffée par l’émotion.
Les mots manquaient aux endeuillés. Simon Kouklewsky, membre de la communauté orthodoxe ukrainienne de Montréal, peinait à expliquer le sentiment qui hante les Ukrainiens en ce moment. « Je chante dans la chorale et j’arrive habituellement à me dissocier du sens quand les paroles sont en anglais. Hier, j’ai chanté une chanson en ukrainien pour la première fois. Il fallait que je m’arrête à cause des mots tristes, leur profondeur, mais aussi du contexte. »
« C’est absurde, comme cette guerre », a résumé Maria Makivchuk.