L’opposition à Ray-Mont Logistiques s’intensifie

Plus d’une centaine de manifestants ont battu le pavé d’Hochelaga-Maisonneuve, dimanche, pour crier leur opposition à l’augmentation du camionnage dans l’est de l’île. Le projet de Ray-Mont Logistiques cristallise, selon eux, tout le dédain des décideurs pour la qualité de vie de leur quartier.
Les conteneurs qui débordent du port de Montréal commencent à s’entasser sur le site de Ray-Mont Logistiques dans Hochelaga-Maisonneuve. L’entreprise a obtenu l’autorisation d’aller de l’avant pour une première phase de son projet de « plateforme logistique intermodale », un immense entrepôt en plein air qui permet de transborder des conteneurs et leur contenu. Des camions et conteneurs y transiteront bientôt par centaine, et les citoyens du quartier montent aux barricades avec de plus en plus d’intensité.
Plus d’une centaine d’entre eux ont manifesté dans les rues du quartier concerné par cette reconversion du site situé au 5227, rue Notre-Dame Est. Ils se sont rendus jusqu’au site et l’ont brièvement occupé avant d’être expulsés par la police.
« C’est devenu un endroit incroyable, plein de vie. La quantité d’oiseaux, de plantes, des communautés d’arbres, une faune et une flore qui sont vives. On aime y aller, s’y promener. Mais on nous dit qu’on vient protéger la faune et la flore en asphaltant le terrain », accuse Anaïs Houde, co-porte-parole de la Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM. « On nous dit qu’on va ajouter des camions pour réduire nos GES. On se fait parler comme si on n’était pas intelligents. Ça nous met dans une rage. Vous faites de la destruction, acceptez au moins de le dire. »
Le nombre maximal de conteneurs autorisés à transiter sur le site a été limité à 1500 par jour et pour l’entreposage, une limite de 5000 conteneurs a été décrétée. Par ailleurs, les activités sur le site seront autorisées sept jours par semaine, mais uniquement de 7 h à 19 h.
D’autres manifestations à venir
La manifestation de dimanche s’adresse autant à l’entreprise Ray-Mont Logistiques qu’à la Ville, au ministère de l’Environnement du Québec qui a délivré le permis, qu’au gouvernement fédéral qui possède un terrain dans le secteur.
Anaïs Houde promet de se mobiliser ce jeudi afin de bloquer la machinerie qui doit « démolir » le boisé Steinberg pour y construire « une route à camions ». Ce chantier ne fait pas partie du terrain de Ray-Mont Logistiques, mais il s’agit d’un « projet connecté » qui facilitera le transit de marchandise, plaide-t-elle.
« Ce n’est pas d’un parc à conteneurs dont Hochelaga-Maisonneuve a besoin. C’est d’un parc-nature », insiste à son tour Cassandre Charbonneau-Jobin, co-porte-parole du mouvement. « Ce que nous vivons dans Hochelaga est un exemple frappant d’injustice environnementale. La population défavorisée de notre quartier subit plus de nuisances et a moins accès à la nature que celle des quartiers plus riches. »
Dans la manifestation, Danielle Trachy, une citoyenne du quartier, voit aussi dans ces installations industrielles qui poussent à proximité une forme de préjugé défavorable des décideurs et des entreprises envers son quartier.
« On est dans Hochelaga, un quartier défavorisé. On a le sentiment qu’ils sentent qu’on n’a pas le pouvoir de manifester, le pouvoir financier. On est troublés que ça se fasse aussi facilement », témoigne-t-elle aux côtés de son mari et de ses voisins.