La CMM imite Québec et promet de protéger 30% de son territoire

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) s’engage à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030 afin d’assurer la protection d’un plus grand nombre de milieux naturels sur son territoire, qui est en partie menacé par l’étalement urbain. Un objectif ambitieux pour la CMM, dont les efforts pour protéger des espaces verts ont entraîné une levée de boucliers de promoteurs immobiliers dans les derniers mois.
La cible de la CMM se colle ainsi à un des objectifs phares que vise à atteindre la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), qui se tient ces jours-ci à Montréal, soit celui de protéger 30 % des terres et des mers de la planète d’ici 2030. « Ça envoie un message fort aux négociateurs actuels comme quoi le 30 %, c’est un minimum, et on doit s’attendre à ce minimum-là », a réagi au Devoir samedi la chargée de projet experte climat pour Nature Québec, Anne-Céline Guyon, qui a ainsi salué l’initiative de la CMM.
En avril dernier, le recours de l’organisme à des règlements de contrôle intérimaire pour protéger des milieux naturels – incluant plusieurs terrains de golf dans la région métropolitaine – lui a permis d’atteindre un taux de conservation de son territoire de 23,3 %. La CMM, qui représente les 82 municipalités de la grande région de Montréal, doit donc protéger encore 7,7 % d’un vaste territoire en plein boom immobilier pour atteindre sa nouvelle cible.
Protéger la biodiversité
En ce sens, plusieurs municipalités de la CMM s’affairent à acquérir des espaces verts sur leur territoire. La Ville de Laval a notamment annoncé vendredi l’acquisition de 25 hectares dans le bois Saint-François, tandis que la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville s’est engagée ce samedi à protéger les 19 hectares du boisé Sabourin, où se trouvent notamment des milieux humides. Il s’agit aussi d’un habitat de la rainette faux-grillon de l’Ouest, relève la CMM.
« Depuis 50 ans, 70 % de la faune sauvage a disparu à l’échelle planétaire. C’est énorme. On doit donc poser des gestes forts, rapides et concrets pour réduire les menaces qui pèsent sur la biodiversité en rehaussant nos objectifs de protection des espaces verts et bleus », souligne la mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante, dans un communiqué émis samedi. « C’est non seulement notre qualité de vie et notre capacité à faire face aux impacts des changements climatiques qui en dépendent, mais c’est aussi la vie de nos enfants et des générations qui suivront », ajoute-t-elle.
La CMM souhaite également créer un réseau de parcs métropolitains, notamment par l’acquisition et la reconversion d’anciens terrains de golf. L’organisme a toutefois été confronté dans les derniers mois à une succession de poursuites devant la Cour supérieure du Québec de la part d’entreprises et de promoteurs immobiliers opposés à la protection de certains espaces verts qu’ils aimeraient bien développer.
Plus tôt cette semaine, le gouvernement de François Legault a profité de l’ouverture de la COP15 pour annoncer un investissement de 650 millions de dollars afin d’assurer la protection de 30 % de son territoire d’ici 2030. Actuellement, environ 17 % du territoire de la province est protégé. Les zones conservées se trouvent d’ailleurs en grande partie dans le nord du Québec, qui est moins urbanisé.
« Je félicite la CMM pour sa vision et je suis très heureux de savoir qu’elle joindra ses efforts à ceux du gouvernement du Québec pour accroître la superficie d’aires protégées dans le sud du Québec, une zone fortement urbanisée où il est de plus en plus difficile d’agir en ce sens », a ainsi réagi par voie de communiqué samedi le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette.