Mobilisation contre le racisme systémique à Québec

Les manifestants comptent presser le gouvernement Legault d’adopter le Principe de Joyce, visant « à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé ».
Paul Chiasson Archives La Presse canadienne Les manifestants comptent presser le gouvernement Legault d’adopter le Principe de Joyce, visant « à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé ».

Plus d’une centaine de femmes autochtones des quatre coins du Québec prendront part cet après-midi à une manifestation contre le racisme et la discrimination systémiques cet après-midi à proximité de l’Assemblée nationale, dans l’espoir de convaincre le gouvernement Legault à prendre des « actions concrètes » en ce sens.

De la Commission Viens au rapport de la coroner Géhane Kamel sur la mort de Joyce Echaquan en passant par un récent rapport de recherche qui a documenté 22 cas de femmes autochtones qui auraient subi une stérilisation forcée entre 1980 et 2019, les dernières années ont permis de documenter l’ampleur des sévices subis par les femmes autochtones au Québec, notamment en milieu hospitalier.

« Ça touche les femmes, ça touche le milieu hospitalier. Il y a des rapports du coroner, il y a des rapports juridiques. Et on se dit : si ce n’est pas du racisme systémique, c’est quoi d’abord ? » lance au Devoir la présidente de Femmes autochtones du Québec, Marjolaine Étienne, qui salue d’ailleurs « le courage » des femmes autochtones qui ont permis à ces rapports de voir le jour en dénonçant les injustices qu’elles ont subies.

C’est donc pour porter ce message auprès du gouvernement Legault qu’une centaine de femmes autochtones – selon les estimations de Mme Étienne – convergeront à 15 h ce samedi près de l’Assemblée nationale en provenance de différentes communautés situées dans certains cas aussi loin que sur la Côte-Nord ainsi qu’en Abitibi-Témiscamingue.

« Certaines femmes se sont déplacées par avion ; d’autres ont fait des 10 heures de route » pour prendre part à cette manifestation, évoque Mme Étienne. La mobilisation comprendra notamment une marche vers le Salon bleu qui sera suivie par des prises de parole de représentants de communautés autochtones ainsi que de la mère de Joyce Echaquan, Diane Dubé. « On veut faire entendre nos voix », enchaîne Mme Étienne, qui a d’ailleurs effectué une demande afin de rencontrer le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.

« C’est important pour nous effectivement de connaître ses orientations et ses priorités à l’endroit des femmes autochtones », relève Mme Étienne, qui espère que cette rencontre aura lieu avant Noël.

Une rencontre demandée

 

Les manifestants comptent aussi presser le gouvernement Legault d’adopter le Principe de Joyce. Développé par le Conseil de la Nation Atikamekw, celui-ci vise « à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé ». Or, Québec refuse d’adopter ce principe, car il impliquerait que le gouvernement admette que le racisme systémique existe dans la province, ce qu’il refuse de faire.

Une pétition appuyée par la députée solidaire Manon Massé a d’ailleurs recueilli plus de 260 signatures dans les derniers jours afin de presser le gouvernement du Québec de « mettre en oeuvre des actions concrètes pour éradiquer le racisme et la discrimination systémiques ancrés dans nos institutions depuis la colonisation ». Le document presse aussi Québec d’adopter « sans réserve » le Principe de Joyce, présenté une première fois à l’Assemblée nationale en novembre 2020, en plus de mettre en oeuvre « des services culturellement adaptés et culturellement sécurisants en collaboration avec les Autochtones ».

Marjolaine Étienne estime par ailleurs qu’il est temps de dresser des « états généraux » des nombreux rapports émis dans les dernières années concernant les sévices subis par des femmes autochtones au Québec. « Il va falloir qu’on prenne une pause et qu’on s’assoie avec les femmes membres des Premières Nations ainsi qu’avec le gouvernement du Québec pour qu’on y voie plus clair », évoque la présidente de Femmes autochtones du Québec, qui espère ainsi « améliorer les conditions de vie » de celles-ci.

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