Université de Montréal: stimuler le changement social

Caroline Rodgers
Collaboration spéciale
En juin dernier, le Dr Jean Roy a fait l’ascension du Kilimandjaro avec un groupe de passionnés pour une bonne cause : une levée de fonds pour la Chaire Maryse et William Brock.
Photo: Photo fournie En juin dernier, le Dr Jean Roy a fait l’ascension du Kilimandjaro avec un groupe de passionnés pour une bonne cause : une levée de fonds pour la Chaire Maryse et William Brock.

Ce texte fait partie du cahier spécial Philanthropie

Étudiants, diplômés ou chercheurs, ces membres de la communauté de l’Université de Montréal (UdeM) travaillent fort pour aider les autres dans leur domaine respectif. Ils changent le monde, une mission à la fois, notamment grâce à l’appui des petits comme des grands donateurs.

En juin dernier, le Dr Jean Roy, hématologue et titulaire de la Chaire Maryse et William Brock pour la recherche appliquée en greffe de cellules souches de l’UdeM, a fait l’ascension du Kilimandjaro avec un groupe de passionnés pour une bonne cause : une levée de fonds pour sa chaire de recherche. La difficile ascension de six jours leur a permis d’atteindre leur but : récolter près d’un million en dons.

Au Kilimandjaro pour la recherche

 

« Nous faisons de la recherche clinique, c’est-à-dire qu’elle s’effectue sur des humains, des patients, dit Jean Roy. Les objectifs de cette chaire, à sa création, étaient d’améliorer la santé des patients pour avoir un impact direct sur la vie des greffés. On veut aussi avoir la capacité de servir de pont entre la recherche fondamentale et la recherche clinique, c’est-à-dire entre le laboratoire et les humains. Tout un écosystème doit être mis en place pour amener les découvertes fondamentales en clinique. Notre troisième objectif était d’acquérir de la liberté dans nos projets. »

La Chaire Maryse et William Brock porte le nom d’un ancien patient de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont atteint d’une leucémie aiguë qui a reçu lui-même une greffe. Reconnaissant des soins qu’il avait reçus, il a voulu faire sa part en faisant un premier don et en sollicitant ses collègues et amis.

« Au début, c’était un fonds formé grâce à ces dons, dit le chercheur. Une fois que nous avons atteint deux millions en capital, comme demandé par l’Université de Montréal, nous avons créé officiellement une chaire, ce qui permet d’avoir un titulaire assigné et plus de pérennité dans les projets et les équipes de travail. »

Après sept ans d’existence, la Chaire compte une équipe d’une dizaine de personnes, et plusieurs projets sont en cours. Parmi les projets de recherche à venir prochainement figure un projet pour la santé des femmes greffées.

« Après une greffe, les femmes peuvent avoir plusieurs complications, dont la ménopause précoce et la perte de fertilité. Nous avons décidé, avec l’équipe de gynécologues du CHUM, de mettre en place un protocole et d’approcher 100 femmes greffées pour participer à une étude longitudinale où elles seraient vues à tous les trois mois pendant deux ans pour évaluer leur état de santé et leur qualité de vie. »

Recevoir pour donner au suivant

 

Pour Lydie Christelle Belporo, doctorante en criminologie à l’Université de Montréal, la philanthropie lui a permis d’avoir plus de liberté pour se consacrer non seulement à ses études, mais aussi à des causes sociales qui lui tiennent à coeur.

En effet, le fait d’avoir bénéficié de bourses provenant de fondations lui évite d’avoir un travail à temps partiel pour financer ses études. Elle a reçu entre autres, une bourse de la Fondation Pierre Elliot Trudeau et une bourse d’excellence de la Fondation J.A DeSève.

Photo: Photo fournie La philanthropie a permis à Lydie Christelle Belporo d’avoir plus de liberté pour se consacrer à ses études et à des causes sociales qui lui tiennent à coeur.

« Personnellement, le fait de ne plus avoir le fardeau de travailler de longues heures pour subvenir à mes besoins m’a permis de mettre l’accent sur ma recherche et sur l’implication sociale, qui a aussi été un facteur d’intégration lors de mon arrivée au Québec », dit-elle.

Elle est notamment fondatrice et coadministratrice du Réseau international des femmes doctorantes et docteures (RIFDOC). « J’ai eu l’idée de fonder ce réseau au début de la pandémie, en 2020, parce que j’ai compris qu’aux études doctorales, on vit beaucoup d’isolement, et on n’avait pas de lieu pour échanger sur nos défis et les difficultés que l’on rencontre, en particulier comme femme chercheuse. L’idée était de rassembler des femmes qui pourraient parler de ces enjeux. » Son idée a bien fonctionné : le RIFDOC rassemble maintenant près de 400 femmes au doctorat dans la francophonie.

« Les bourses m’ont permis de développer d’autres centres d’intérêt et de participer à des actions communautaires et humanitaires. Le financement que je reçois me permet de redonner du temps aux autres et sur le campus. Cela a eu un effet boule de neige. »

Dans le cadre de son projet de recherche doctorale, elle s’intéresse à la trajectoire des personnes qui ont été associées au groupe terroriste Boko Haram, au Cameroun. De 2012 à 2015, des milliers de jeunes du Cameroun ont rejoint ce mouvement en traversant la frontière vers le Nigéria. Alors que Boko Haram décline et que ses adhérents reviennent progressivement chez eux, la chercheuse s’intéresse aux politiques publiques favorisant leur sortie de cette violence, leur déradicalisation et leur réintégration dans la société. Elle-même originaire du Cameroun mais vivant au Québec depuis plusieurs années, elle a eu l’occasion de retourner là-bas à quelques reprises pour travailler sur le terrain et rencontrer certains de ces jeunes.

Place aux jeunes pour changer le monde

En mars 2023 aura lieu la Conférence de la Décennie des Nations unies de l’eau. En vue de cet événement international, Elysa Vaillancourt, diplômée à la maîtrise en études internationales de l’UdeM, est chargée de projet jeunesse au Secrétariat international de l’eau, dont le siège social est situé à Montréal. Dans le cadre de son travail, elle coordonne le Mouvement global de la jeunesse pour l’eau, un réseau qui rassemble plus de 200 organisations menées par des jeunes partout à travers le monde.

« Je suis allée à New York récemment pour la réunion préparatoire de la conférence, dit Elysa Vaillancourt. Ce sera la première fois en plus de
45 ans que les Nations unies vont discuter des questions liées à l’eau à cette échelle. La dernière conférence du genre a eu lieu en Argentine en 1977. Pour les pays, c’est vraiment une occasion importante de discuter des enjeux liés à l’eau partout à travers le monde et de mettre l’eau de l’avant comme un vecteur de paix et de coopération ainsi que comme enjeu central des changements climatiques. »

Pour Elysa Vaillancourt, il est important que les jeunes soient au coeur des décisions qui seront prises à la conférence. « Mon rêve serait que chaque délégation des pays présents à la conférence ait un représentant de la jeunesse pour cette conférence, dit-elle. Ces délégations vont prendre des décisions importantes. Notre rôle est de nous assurer que les jeunes aient une place à la table des discussions. Dans le secteur de l’eau, mais aussi du climat en général, c’est un défi pour les jeunes de se faire entendre, et on parle quand même de décisions qui vont affecter notre avenir. »

En participant à cette conférence, la jeune femme n’en est pas à sa première expérience inter­nationale. L’an dernier, elle a été nommée pour faire partie du comité conseiller jeunesse du Global Center on Adaptation. Cette organisation internationale, basée à Rotterdam, aux Pays-Bas, travaille à accélérer l’action et le soutien d’adap­tation aux changements climatiques, particu­lièrement en Afrique. En septembre dernier, un sommet sur le sujet avait lieu dans la ville néerlandaise.

« Les présidents de plusieurs pays africains étaient présents, dit-elle. Cet événement visait à favoriser une plus grande mobilisation politique concernant l’adaptation aux changements climatiques sur le continent africain, qui subit les plus grandes conséquences de ces changements. J’ai eu l’occasion d’être assise à la table avec les délégués des pays présents pour représenter la jeunesse dans cette discussion. Cela a été une expérience unique non seulement en tant que jeune, mais aussi en tant que femme », conclut celle qui croit en l’enga­gement des jeunes pour changer le monde.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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