La nouvelle longévité, une idée novatrice et porteuse de sens
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Vivre pleinement
Comme dans de nombreuses régions du globe, le Québec voit la part des plus de 65 ans dans sa population augmenter de façon constante. Soucieux de composer avec cette réalité, des experts se penchent sur le concept de « nouvelle longévité », une manière de considérer notre seconde moitié de vie sous un jour nouveau.
« Nous allons être amenés à repenser la notion de retraite : elle encapsule les gens à une période de leur vie et donne l’impression qu’ils se retirent de la société. On préfère considérer cette phase de la vie comme une expérience universelle. Cette perspective rend possibles de nouvelles formes d’innovation », explique Luciano Barin-Cruz, directeur du Pôle Ideos de HEC Montréal et président du conseil d’administration de la Maison de l’innovation sociale. Ces deux structures organisaient, le 20 octobre dernier, une conférence à HEC en partenariat avec l’organisation Ashoka Canada. Les participants se sont penchés sur le concept de nouvelle longévité, qui fait écho à la volonté d’un nombre croissant de personnes de rester plus longtemps actives, autonomes et en bonne santé.
Des approches innovantes pour davantage d’inclusion
Comment sortir les aînés du carcan dans lequel nos sociétés les enferment trop souvent ? Alors que les CHSLD sont parfois pointés du doigt, le maintien à domicile pourrait constituer une alternative viable sur le long terme. « Beaucoup de gens veulent vieillir chez eux, indique le directeur général de l’Institut sur la retraite et l’épargne de HEC, David Boisclair. Cela nécessite des structures et des moyens qui ne sont que partiellement en place pour le moment. » D’après une étude publiée par Alain Dubuc, conseiller stratégique à l’Institut du Québec et également présent lors de la conférence à HEC, le renforcement des programmes de soins à domicile est en tout cas le meilleur moyen de réduire la pression financière et démographique qui pèse sur le système actuel. « Les conclusions de cette étude nous amènent à réfléchir à la question des soins à domicile, et donc à la manière dont on peut repenser l’organisation de la vie des personnes qui souhaitent rester chez elles », ajoute Luciano Barin-Cruz.
Le directeur du pôle Ideos souhaite voir émerger une « réflexion élargie ne réduisant pas les aînés à un groupe de personnes qui ne sont plus actives sur le plan personnel ou professionnel. En les plaçant dans des structures fermées, on perd un grand potentiel, car ce sont des personnes avec beaucoup d’expérience et qui sont à un moment de leur vie où elles pourraient jouer un rôle de coach auprès des jeunes générations ». Des programmes axés sur le transfert de compétences des aînés vers les plus jeunes pourraient s’avérer pertinents, notamment dans le milieu professionnel. David Boisclair abonde dans ce sens : « De plus en plus d’employeurs prennent conscience de l’importance de cette main-d’oeuvre que l’on ne veut pas perdre. Beaucoup d’études montrent le bénéfice d’équipes de travail mixtes au sein desquelles plusieurs générations travaillent ensemble. »
Ce type d’approche innovante est développé par des acteurs tels que l’organisation CoGenerate, qui mise sur le rapprochement entre les générations pour faire face aux grands enjeux de société. M. Barin-Cruz fait également le lien avec des structures qui soutiennent les projets à impact social ou environnemental à plus petite échelle, comme l’incubateur civique de la Maison de l’innovation sociale, basée à Montréal. « L’idée est de mener des expérimentations au niveau des villes et des quartiers. La prochaine étape sera peut-être d’aborder ces microformes d’innovation à travers une approche intergénérationnelle, en exploitant l’expérience et les compétences des personnes plus âgées. Cela permettrait de proposer aux aînés des activités qui ont du sens, tout en apportant des solutions à divers problèmes auxquels nous faisons face. »
Les aînés, acteurs de la résilience ?
Crise climatique, transition démographique, inégalités sociales et économiques… Les défis que nos sociétés vont être amenées à relever ne manquent pas, et les aînés auront sans doute un rôle important à jouer dans ce contexte. « Il ne faut pas les considérer comme un fardeau, affirme Luciano Barin-Cruz. Le fait d’avoir une population âgée plus active et présente dans la société, soudée aux autres générations, augmente nos chances d’être résilient en tant que communauté. » Aux prises avec de nombreux bouleversements au cours des dernières décennies, les aînés disposent d’une expérience du changement qui pourrait être profitable à l’ensemble de la société. « On ne veut pas les limiter à leur rôle de consommateurs, mais leur donner un rôle actif et transformateur, résume M. Barin-Cruz. On en revient à un aspect fondamental : quel que soit notre âge, on veut pouvoir s’engager pour des causes importantes, qui donnent du sens à notre vie. »
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