La dénonciation de crimes haineux devrait être facilitée, soutient Ensemble Montréal

Les crimes haineux sont en hausse dans la métropole comme ailleurs au Canada, mais porter plainte demeure encore trop complexe, estime l’opposition à l’Hôtel de Ville de Montréal, qui demande que la police simplifie ses outils de dénonciation.
Entre 2019 et 2020, le nombre d’incidents à caractère haineux basés sur la race, l’origine ethnique ou la couleur de la peau a doublé à Montréal, selon les données publiées par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Quant aux crimes haineux, ils ont augmenté de 53 % en un an.
Mais selon la conseillère d’Ensemble Montréal dans le district de Louis-Riel, Alba Zúñiga Ramos, il s’agit de la « pointe de l’iceberg », puisque les victimes sont très peu nombreuses à dénoncer les incidents ou les crimes dont elles font l’objet. Selon la Fondation canadienne des relations raciales, seulement 1 % des incidents, discours et crimes haineux seraient signalés à la police au Canada.
Un des problèmes, selon Ensemble Montréal, est que le formulaire en ligne accessible sur le site Internet du SPVM pour ce type de crimes ne permet pas de signaler un événement aux policiers par voie numérique. Un message recommande plutôt de composer le 911. « C’est décourageant pour les victimes qui ont déjà de la difficulté à dénoncer et qui ne se sentent pas à l’aise de faire un appel », a expliqué Mme Zúñiga Ramos lors d’une conférence de presse tenue en compagnie de Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales, et de Marvin Rotrand, ancien conseiller municipal et directeur national de la Ligue des droits de la personne pour B’nai Brith.
Le conseiller dans Marie-Clarac, Abdelhaq Sari, a relaté que récemment, six Montréalaises portant un signe religieux avaient été victimes d’un comportement haineux de la part d’un individu. Or, seulement deux d’entre elles auraient dénoncé l’événement à la police, a-t-il souligné. « Le processus de plainte est complexe pour les personnes qui subissent [des gestes haineux] en raison de leur couleur, de leur orientation sexuelle ou de leur religion. Ce qu’on demande, c’est que le formulaire soit en ligne et facile pour qu’on puisse colliger ces données. »
Dépôt d’une motion
En 2016, le SPVM a mis sur pied le Module des incidents et des crimes haineux, mais ce service ne compte que cinq employés. « L’intention de travailler contre ce fléau est là, mais il n’y a pas assez de personnes [qui y travaillent] », indique Alba Zúñiga Ramos.
Tous ces obstacles font en sorte que l’ampleur du phénomène des crimes haineux est sous-estimée et que les statistiques ne reflètent pas la réalité, indique Ensemble Montréal. De plus, les données du SPVM ne tiennent pas compte des incidents haineux qui se produisent en ligne.
Dans une motion qui sera débattue lors de l’assemblée du conseil municipal la semaine prochaine, Ensemble Montréal demande que le SPVM améliore ses outils de dénonciation sur Internet pour les rendre plus conviviaux et confidentiels. Fo Niemi et Marvin Rotrand ont contribué à l’élaboration de cette motion.
Le parti d’opposition suggère aussi qu’une formation soit offerte aux policiers pour les sensibiliser aux enjeux juridiques et aux impacts psychologiques des incidents à caractère haineux sur les communautés visées.