Les fermes pénitentiaires dans l’oeil de Valérian Mazataud
« Vous gagnez en moins d’une heure ce que je gagne en une journée ! » lance à la blague un détenu. Sur les terres des fermes pénitentiaires, ceux qui choisissent de travailler ont droit à un salaire plafonné à moins de 7 $ par jour. Visite des pénitenciers de Collins Bay et de Joyceville, à Kingston, en Ontario.

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Au pénitencier de Collins Bay, une pancarte aux lettres délavées indiquant «Pen Farm» témoigne de la longue existence de fermes dans les établissements carcéraux du Canada, et particulièrement à Kingston, où elles ont commencé à entrer en activité à la fin du XIXe siècle. Valérian Mazataud Le Devoir

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La tour de guet de la prison de Collins Bay. Sur ces deux fermes rouvertes en 2018, ce sont des instructeurs en agriculture plutôt que des gardiens qui gardent un oeil sur les détenus. Valérian Mazataud Le Devoir

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Instructeurs et détenus récoltent des pommes de terre à la prison de Joyceville. «Il n’y a rien à faire en prison, alors je dois bien m’occuper», avoue Pascal, au premier plan, détenu depuis février. «Et puis, j’ai appris plein de choses. Je compte mieux m’occuper de mes arbres fruitiers et installer des ruches quand je sors d’ici.» Valérian Mazataud Le Devoir

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Jessy s’occupe des veaux de la ferme de Collins Bay depuis trois mois. Incarcéré depuis 2012, il a dû attendre plusieurs années avant de pouvoir postuler à cet emploi. Valérian Mazataud Le Devoir

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Des détenus rentrent dans leur lieu de vie une fois leur travail achevé. «On essaie que leur routine ressemble le plus possible à [celle qui prévaut dans] un environnement de travail classique», explique Chris Stein, gestionnaire régional des opérations agriculture et construction pour Service correctionnel Canada. Selon des études menées par le service, la formation professionnelle et l’obtention d’un emploi à la sortie de prison divisent par trois le risque de récidive. Valérian Mazataud Le Devoir

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Bob travaille à temps plein dans les plantations maraîchères de la ferme pénitentiaire depuis 2018, où il est devenu un spécialiste de la culture des choux, des laitues, des carottes, des tomates et des courges. Les superviseurs lui font confiance, et il aime la tranquillité du travail en plein air. Valérian Mazataud Le Devoir

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Une des ruches de la ferme pénitentiaire de Collins Bay. Les détenus y récoltent environ 400 kg de miel par an, dont la majorité est vendue aux employés de Service correctionnel Canada. Valérian Mazataud Le Devoir

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Ian récolte des pommes de terre devant le pénitencier de Collins Bay. Toute la nourriture produite sur la ferme maraîchère, soit plusieurs dizaines de kilos par semaine durant l’été, est distribuée aux banques alimentaires de la ville. Valérian Mazataud Le Devoir

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Le terrain qui entoure l’établissement carcéral de Joyceville est immense: plus de 600 hectares, dont près de 400 peuvent être consacrés à l’agriculture. Depuis la réouverture des fermes pénitentiaires, tout reste à réinventer, avoue Chris Stein. Un nouveau bâtiment permettra bientôt d’accueillir jusqu’à 90 vaches laitières. De plus, plusieurs hangars servent à la réparation de matériel militaire pour les Forces armées canadiennes. Valérian Mazataud Le Devoir

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Les odeurs associées aux travaux de la ferme sont tenaces. Les détenus changent d’uniforme avant le travail, bien que leur habillement reste toujours la même : jeans et chandail bleu. Valérian Mazataud Le Devoir

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Chris Stein caresse une des vaches laitières du pénitencier de Collins Bay. «On a certainement les vaches les plus amicales du monde, car elles sont nourries à la main depuis leur naissance. Les détenus développent un lien unique avec elles.» Valérian Mazataud Le Devoir

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Jusqu’à leur fermeture en 2009, six fermes pénitentiaires étaient en activité au Canada. Seules celles de Collins Bay (notre photo) et de Joyceville, toutes deux situées à Kingston, ont rouvert leurs portes. Valérian Mazataud Le Devoir