«Vous devez nous aider», scandent des manifestants iraniens à Montréal

Des centaines de manifestants ont afflué vers les bureaux montréalais de Radio-Canada, mercredi soir, implorant les médias canadiens de mettre en lumière les injustices commises par le régime du président Ebrahim Raïssi. Ils se rassemblaient aussi afin d’honorer la mémoire de Mahsa Amini et d’exiger la fin du port du voile obligatoire en Iran.
« Non au hidjab obligatoire », répétaient les manifestants, la plupart d’origine iranienne et parlant le persan. Le groupe s’est rassemblé vers 17 h, au coin du boulevard René-Lévesque et de la rue Sainte-Élisabeth, près du CHUM. Il s’est ensuite dirigé vers les bureaux de Radio-Canada, un kilomètre plus loin, vers 18 h, bloquant le boulevard à la circulation en direction est.
La manifestation s’est organisée en réaction à la mort de Mahsa Amini, une Iranienne de 22 ans décédée le 16 septembre dernier alors qu’elle était détenue par les autorités locales depuis trois jours. La jeune femme kurde avait été arrêtée par la « police des moeurs » du pays pour « port de vêtements inappropriés ». Elle était en voyage à Téhéran avec sa famille.
Comme le rapportait Le Devoir mardi, la mort de Mahsa Amini a soulevé la colère de milliers de citoyens et de militants iraniens, qui ont pris d’assaut les rues et les réseaux sociaux pour critiquer les méthodes brutales de la police des moeurs. Au moins huit personnes ont été tuées dans la foulée des manifestations en Iran, selon les derniers bilans.
La jeune femme est vite devenue un symbole international de lutte pour les droits de la personne et contre la répression violente des régimes islamiques. Des manifestations ont été organisées en son honneur à travers le monde.
L’appui du Canada exigé
Hamed Ghanbari, coorganisateur de la manifestation montréalaise de mercredi, est sans équivoque : « [Le régime] a tué une jeune dame innocente, et il le nie. Il nous a tous tués. Quarante ans après la révolution, nous nous battons pour nos droits, nous n’en avons pas », dit-il.
Ce dernier est citoyen canadien et habite au pays depuis 12 ans. Il affirme n’avoir jamais cessé de se battre pour son pays d’origine, « affligé par les injustices que [ses] proches subissent encore » là-bas.
La manifestation s’est organisée très rapidement, en « deux jours environ », dit-il. Avec, au départ, trois de ses connaissances, Hamed Ghanbari a réussi à mobiliser des centaines de personnes, à l’aide des réseaux sociaux et des groupes de soutien à la diaspora iranienne au Canada.
Le militant implore les Canadiens à mettre davantage de pression sur leurs différents ordres de gouvernement afin qu’ils dénoncent les méthodes du régime iranien. Il demande aussi aux médias canadiens de couvrir davantage les « injustices » subies par les Iraniens. « CBC, BBC, vous devez nous entendre », scandaient en coeur les manifestants.
« L’Internet pour l’Iran », criaient d’autres personnes. Ce n’est pas un hasard. Bien que l’accès à Internet et aux réseaux sociaux de l’extérieur demeure depuis longtemps restreint en Iran, des sources de l’Associated Press ont confirmé que la connexion à tout le réseau a été bloquée pour de nombreux utilisateurs dans les derniers jours.
« Ma famille proche n’a pas accès à Internet en ce moment. C’est un gros problème. Nous voulons que le gouvernement du Canada, le gouvernement de notre pays, nous aide à défendre les gens innocents qui se font tuer en Iran. Les Iraniens n’ont pas de voix », conclut Hamed Ghanbari.
Plus tôt mercredi, la Chambre des communes à Ottawa a d’ailleurs adopté à l’unanimité une motion du Bloc québécois qui demandait que le Parlement se porte en soutien à la famille de Mahsa Amini.