Les revenus des Franco-Ontariens restent plus élevés que ceux des anglophones

Les francophones de l’Ontario continuent d’avoir un revenu moyen plus élevé que les anglophones de la province, d’après les données du recensement publiées par Statistique Canada, mercredi.
Les Ontariens dont la première langue officielle parlée est le français avaient un revenu moyen de 61 350 $ en 2021, soit environ 7 % de plus que les Ontariens s’exprimant en anglais.
Les Franco-Ontariens ont vu leur revenu moyen grimper de 17 % par rapport à celui observé lors du recensement de 2016, une croissance similaire à celle observée chez les anglophones. Il y a six ans, le revenu moyen des francophones de l’Ontario atteignait 52 234 $; celui des anglophones, 48 559 $. Et tout comme en 2016, les francophones ontariens avaient aussi un revenu médian plus élevé en 2021.
La situation en Ontario contraste avec celle du Québec, où les francophones ont un revenu moins élevé que les anglophones, mais un revenu médian plus élevé.
D’après Jean-Pierre Corbeil, ancien directeur adjoint à la division de la diversité et de la statistique socioculturelle à Statistique Canada, cette différence s’explique par une polarisation plus importante du statut socio-économique dans la communauté anglophone québécoise. Cette dernière compte à la fois « beaucoup de gens avec des revenus élevés et beaucoup plus de gens avec de faibles revenus que chez les francophones », dit-il.
Si, en Ontario, les francophones ont de meilleurs revenus que les anglophones, c’est notamment en raison de leur niveau de scolarité et de leur mobilité, note M. Corbeil : la province compte de bons emplois, qui attirent des gens scolarisés et qui ont plus de moyens. D’après une analyse de la Fédération des gens d’affaires francophones de l’Ontario (FGA), en 2016, 63 % des travailleurs francophones ou bilingues de la province étaient dotés d’un diplôme universitaire, contre 47 % des anglophones.
L’atout du bilinguisme
Jean-Pierre Corbeil note d’ailleurs que les régions d’Ottawa et de Toronto attirent bon nombre de Québécois plus scolarisés. Le gouvernement ontarien — qui utilise une définition plus large de la francophonie que le fédéral — estimait en 2016 que 20 % des francophones de la province étaient nés au Québec.
Dominic Mailloux, le président de la FGA, fait partie du groupe. Le Sorelois de naissance est arrivé à Toronto en 2013 pour un emploi de gestionnaire chez Bombardier Aviation.
L’ancien directeur des ressources humaines note que son ancien employeur et bien d’autres entreprises québécoises, comme SNC-Lavalin ou Métro, ont des bureaux à Toronto et souhaitent que leur main-d’oeuvre soit bilingue. « Ce sont souvent des postes en haute gestion, qui requièrent des diplômes », indique M. Mailloux, qui est maintenant à l’emploi de Garda. La maîtrise du français dans ces grandes entreprises, dit-il, « facilite les interactions et les liens culturels avec le Québec ».
Les données colligées par le gouvernement ontarien témoignent de cet attrait. En 2016, la proportion de francophones dont le revenu dépassait 100 000 $ avant impôt (10,5 %) était plus grande que celle observée dans la population totale (9,2 %). Même chose chez les Ontariens gagnant de 80 000 $ à 99 999 $ (9,5 %, comparativement à 7,6 %). « Pour de grands groupes québécois, la maîtrise des deux langues est un atout », note Dominic Mailloux.
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.