Des enquêteurs surchargés aux langues officielles

Par voie de communiqué, Raymond Théberge, le commissaire aux langues officielles, a défendu la gestion de son personnel, mentionnant au passage que le rapport avait été rédigé par huit enquêteurs principaux, qui représentent une minorité de ses employés.
Adrian Wyld La Presse canadienne Par voie de communiqué, Raymond Théberge, le commissaire aux langues officielles, a défendu la gestion de son personnel, mentionnant au passage que le rapport avait été rédigé par huit enquêteurs principaux, qui représentent une minorité de ses employés.

Des enquêteurs principaux du Commissariat aux langues officielles (CLO) font état d’une « crise » en son sein dans un document interne datant de novembre 2021 dont Le Devoir a obtenu copie. Selon ces enquêteurs, leur charge de travail a triplé au cours des sept dernières années et la capacité du CLO à servir le public a été « sérieusement compromise ».

D’après ces employés, la crise n’a pas été officiellement reconnue par la direction du CLO, incluant la Direction générale de l’assurance de la conformité (DGAC), qui est chargée de mener les vérifications et les enquêtes. Les enquêteurs principaux notent que la DGAC développe de nombreuses stratégies pour résoudre le problème, mais qu’aucun mécanisme formel ou institutionnel n’a été mis en oeuvre.

Les enquêteurs principaux — un poste différent des enquêteurs — demandent à la direction de reconnaître la crise et de protéger ses employés. Ces employés disent subir une « pression énorme et soutenue » entre autres en raison du volume de plaintes reçues ; leur équipe est épuisée, disent-ils, et la pandémie n’est pas la principale cause de cette pression. Le nombre de plaintes n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années. Le CLO en a reçu 1361 jugées recevables en 2019-2020, contre 5409 en 2021-2022.

Un nombre d’employés qui stagne

D’après le document interne, il y aurait eu des départs successifs au CLO, un manque de relève et de la difficulté dans la rétention de personnel. Les récents départs auraient engendré une « perte d’expérience et de connaissances » pour l’organisation.

Le Plan ministériel 2022-2023 du CLO ne prévoit pas d’augmentation du nombre d’employés à temps plein, mais une baisse de son effectif total en 2022-2023. Depuis 2017, le nombre total d’employés du CLO est passé de 155 à 177, en date de mars 2021. Le ministère prévoit que ce nombre passe à 166 pour les trois prochaines années.

Par voie de communiqué, Raymond Théberge, le commissaire aux langues officielles, a défendu la gestion de son personnel, mentionnant au passage que le rapport avait été rédigé par huit enquêteurs principaux, qui représentent une minorité de ses employés. « Nous sommes engagés à fournir à nos employés un milieu de travail sain et accordons beaucoup d’importance au bien-être de chacun et de chacune d’entre eux », déclare-t-il. Une « vaste majorité » des employés seraient « très satisfaits » de leur emploi, dit-il.

Le commissaire affirme que les attentes à l’égard du volume de dossiers à traiter par employé n’ont pas changé au cours des dernières années, même si le nombre de plaintes, lui, a augmenté. Le CLO, indique-t-il, apportera des changements à ses façons de faire pour permettre à son équipe d’être plus efficace et de mieux gérer le volume de plaintes. Cela inclut la migration vers une nouvelle solution informatique prévue à l’automne 2022.

Avec Marie Vastel

 

Ce reportage bénéficie du soutien de
l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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