Instagram masque les publications sur l’avortement

Des publications d’information et de défense du droit à l’avortement ont été floutées par Instagram, sous prétexte qu’il s’agissait de « contenu sensible », de contenus « graphiques ou violents ».
Agence France-Presse Des publications d’information et de défense du droit à l’avortement ont été floutées par Instagram, sous prétexte qu’il s’agissait de « contenu sensible », de contenus « graphiques ou violents ».

Instagram masque des publications contenant le mot « avortement », demandant parfois aux utilisateurs de préciser leur âge avant d’accéder au contenu. Le réseau social dit travailler à régler ce « bogue ».

Depuis l’invalidation de Roe v. Wade vendredi dernier, plusieurs comptes d’information et de défense du droit à l’avortement ont vu leurs publications floutées par Instagram, prévenant qu’il s’agissait de « contenu sensible ».

Parmi ces contenus qualifiés de « graphiques ou violents » figurent un carrousel expliquant comment aider à la défense du droit à l’avortement, la photo d’une projection dans les rues de New York d’une phrase soutenant l’avortement, ou encore un gâteau sur lequel sont inscrits avec du glaçage le mot « pro-avortement ».

« C’est la première fois que ça nous arrive. Et on a utilisé le même mot dans plein d’autres publications. On dirait que quelqu’un veut vraiment mettre un terme à cette conversation en ce moment », a commenté la page We are Childfree (Nous n’avons pas d’enfants), sur laquelle a été publié le carrousel.

Photomontage: Le Devoir | Capture d'écran Une «story» du compte We are Childfree dénonçant le masquage d'une de ses publications, ainsi que des commentaires sous ce dernier

D’autres déplorent avoir dû renseigner leur âge pour avoir accès aux publications. « Si des personnes de tous âges peuvent être forcées à donner la vie, des personnes de tous âges devraient pouvoir s’informer sur la façon de protéger leurs droits », a ainsi écrit une Américaine sur Twitter, en interpellant Instagram.

Censure ou concours de circonstances ? L’Associated Press a repéré près d’une douzaine de publications mentionnant le mot « avortement », qui ont ensuite été masquées par Instagram. Toutes étaient de nature informative, et aucune d’entre elles ne comportait de photos explicites.

Par ailleurs, ce camouflage semble concerner uniquement les États-Unis. Mercredi matin, Le Devoir n’a dû faire face à aucune restriction pour accéder aux différents contenus depuis le Canada.

De son côté, Instagram a qualifié mardi de « bogue » l’apparition depuis quelques jours d’ « “écrans de sensibilité” sur des contenus, alors qu’il ne devrait pas y en avoir » .

Pas de publicités pour les pilules abortives

 

Ce ne serait pas la première fois que Meta appliquerait des restrictions à un type de contenu ainsi qu’à une zone géographique particulière.

Lundi, l’Associated Press rapportait que Facebook et Instagram supprimaient des publications proposant des pilules abortives, déclarant qu’elles violaient les politiques interdisant la vente ou le don de certains produits, notamment les produits pharmaceutiques, les médicaments et les armes à feu.

Pourtant, des messages similaires proposant d’envoyer par courrier une arme à feu ou de la marijuana n’ont pas été effacés.

Avec l’Associated Press

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