Adoption des premières conventions collectives en archéologie au Québec

Les membres du Syndicat national des archéologues du Québec ont adopté, le 18 juin dernier, les ententes de principe intervenues avec trois firmes, afin d’obtenir leurs toutes premières conventions collectives qui renforceront notamment les normes de santé et de sécurité sur les chantiers.
« Ça prouve que c’est possible, en 2022, de changer ses conditions de travail », se réjouit Alexandra LaPerrière, vice-présidente à l’information du Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQ–CSN). Après deux ans de démarches, le syndicat est parvenu à un accord avec les firmes Patrimonia, Artefact Urbain et Archéo-Mamu.
Mme LaPerrière souligne que ces trois employeurs « ont eu le courage de tracer la voie et ce, malgré qu’ils évoluent dans un contexte où c’est souvent le plus bas soumissionnaire qui l’emporte ». Ces premières conventions collectives du secteur de l’archéologie au Québec permettront notamment à un travailleur qui se trouve à l’échelon maximal d’avoir droit à une augmentation de 35 % de son salaire, dès 2023.
Les conventions collectives garantiront aussi le droit aux employés d’être appelé en priorité par les employeurs en fonction de leur ancienneté.
Du côté de Patrimonia, l’une des firmes, la co-associée Amélie Guidon soutient que les négociations « se sont très bien passées ». « On voulait vraiment participer au vent de changement des conditions de travail en archéologie », dit-elle.
Selon Mme LaPerrière, il reste encore du travail à faire pour « uniformiser les conditions de travail et les salaires en archéologie ». Seules 3 des 10 firmes syndiquées sont parvenues jusqu’à maintenant à un accord avec le SNAQ–CSN. En tout, le syndicat fondé en mars 2020 représente maintenant plus de 150 membres.
Chantiers parfois difficiles
Cette « lutte syndicale » est nécessaire, puisque la santé et la sécurité sur les chantiers d’archéologie font défaut depuis très longtemps, souligne Alexandra LaPerrière. « Parfois, on n’a même pas de toilettes », soulève l’archéologue.
Il arrive que les archéologues doivent travailler avec des sols contaminés aux hydrocarbures. « Ça sent très fort et ça donne mal à la tête, relate Mme LaPerrière. Tu peux presque t’évanouir. » La vice-présidente du syndicat précise donc que des équipements de protection pour les voies respiratoires, des survêtements, des gants robustes et un système de lavage de main sont nécessaires. Certains employeurs fournissaient toutefois déjà les équipements adéquats.
En adoptant des conventions collectives, le but est de « garder notre monde et notre expertise », affirme Alexandra LaPerrière. Cette dernière note que « les gens quittent après 5, 8 ou 9 ans ».
Au Québec, diverses formations universitaires mènent à l’archéologie professionnelle. Certains travailleurs détiennent un baccalauréat en archéologie, en anthropologie ou en histoire. Mme LaPerrière précise que d’autres collègues autochtones, eux, sont « allés à l’université de la forêt », en raison de leurs connaissances des terres ancestrales. « On n’a pas défini ce qu’est un archéologue dans nos conventions [collectives] par souci d’inclusion », soutient la vice-présidente du syndicat.