«On va s’occuper de vous», dit Legault aux sinistrés de La Baie

L’aide offerte aux sinistrés de La Baie, à Saguenay, sera bonifiée, a annoncé mercredi le premier ministre François Legault, de passage sur les lieux. Une annonce qui réconforte des Baieriverains évacués, dont certains devront dire adieu à leur maison.
Des 76 résidences évacuées, 5 « ne pourront pas être sauvées », s’est désolé M. Legault, aux abords de la zone que ses habitants ont dû quitter en raison du risque de glissement de terrain. Quatre autres maisons pourraient être démolies après analyse, a ajouté le premier ministre.
« On va s’occuper de vous, au moins de la partie financière », a assuré François Legault, en s’adressant aux citoyens sinistrés, sous un ciel gris. Depuis avril, plus de 190 personnes au total ont dû quitter leur résidence située à La Baie, indique Dominic Arseneau, porte-parole de la Ville de Saguenay. Le 13 juin, une maison du secteur a été emportée lors d’un glissement de terrain. Samedi dernier, 53 maisons ont été évacuées par mesure préventive.
La somme maximale offerte aux résidents qui ne pourront pas retourner chez eux passera de 260 000 $ à 385 000 $, a annoncé François Legault. « On est tous conscients que le coût des matériaux de construction a augmenté », a-t-il fait valoir. Le premier ministre a aussi précisé que les meubles seront remboursés.

En ce qui concerne les 67 résidences qui seront préservées, les Baieriverains pourront y retourner d’ici deux à quatre mois, soit la durée des travaux de stabilisation du secteur. « Ça va être une période dure », a admis M. Legault, aux côtés de la mairesse, Julie Dufour, et de la ministre québécoise de l’Habitation et responsable de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest. Le premier ministre a précisé que les personnes évacuées réintégreront leur maison seulement lorsque ce sera « parfaitement sécuritaire ».
L’aide de 20 $ par jour sera aussi doublée, a annoncé François Legault. « Il y en a qui sont encore à l’hôtel, et je sais qu’il y a des coûts attachés à ça », a-t-il précisé. D’autres sinistrés se trouvent présentement dans leur résidence secondaire, dans leur camping, dans un logement de l’Office municipal d’habitation ou dans un logement d’un propriétaire privé. « On pense que d’ici vendredi, tout le monde devrait avoir un logement », a indiqué le premier ministre.
Avant son passage à La Baie pour rencontrer des sinistrés et des bénévoles de la Croix-Rouge, M. Legault a visité le centre de coordination des mesures d’urgence de la Ville de Saguenay. « Il n’y a personne qui a été blessé, a souligné le premier ministre. C’est probablement ce qu’il y a de plus important. »
« C’est très dur »
Pour Marius Harvey, un résident qui a dû évacuer sa maison à la fin avril, le passage et l’annonce du premier ministre mettent « un petit pansement sur le bobo ». « Mais c’est très dur », murmure-t-il au Devoir, les larmes aux yeux. Le Baieriverain raconte n’avoir pas été en mesure de sortir de chez lui certains biens auxquels il tient. L’homme de 74 ans habitait sa demeure depuis 48 ans, précise-t-il, la voix tremblante.
À quelques pas de là, Alain Larouche et Dominique Simard, deux sinistrés, disent se réjouir de l’annonce faite par M. Legault au sujet des compensations. « On le disait que ce n’était pas assez, les montants, lance Mme Simard, après avoir pris une photo en compagnie du premier ministre. Mais vraiment, moi, je trouve qu’il a répondu. »
L’évacuation de samedi dernier a toutefois été « un enfer », raconte Dominique Simard. « J’étais un peu sans connaissance », renchérit M. Larouche. L’homme de 61 ans déplore le fait d’avoir appris qu’il devait quitter sa maison par l’entremise des réseaux sociaux, et non par la Ville. « Ce n’est pas rose », souffle-t-il.

Le couple se trouve présentement dans une auberge, avec son chat, en attendant de pouvoir emménager dans un logement temporaire. Mme Simard a espoir de retourner chez elle, où elle vit depuis une douzaine d’années avec son conjoint. Mais elle se désole de devoir attendre deux à quatre mois. « C’est plate », dit la femme de 64 ans, en secouant la tête. « C’est plus pour le moral que c’est dur, poursuit-elle. Mais on est vivants. »
Alain Larouche raconte qu’il a dû laisser ses poissons d’aquarium derrière lui, en quittant sa maison. « C’est sûr qu’ils vont mourir, dit-il. Un aquarium de 30 gallons, tu ne pars pas avec ça en dessous du bras pour l’amener à l’auberge. » Sans compter les plantes qui vont faner, ajoute Dominique Simard. « Ce sont des choses simples, mais on pense à tout le temps et l’argent qu’on a mis », illustre-t-elle.
M. Larouche et Mme Simard disent être rassurés par les mesures de sécurité mises en place pour empêcher le pillage des maisons évacuées.
Dans les derniers jours, des tours d’observation avec caméras ont été installées pour détecter tout mouvement à l’intérieur du périmètre de sécurité, explique Jimmy Savard, directeur principal, Est du Québec, de GardaWorld. « S’il arrive quelque chose, on a des gens sur place pour intervenir immédiatement », dit-il.