La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations est suspendue

Une crise interne frappe l’Assemblée des Premières Nations (APN) — le porte-voix des Autochtones du Canada. La cheffe nationale a accusé ses employés de corruption et, en contrepartie, le conseil d’administration l’a démise de ses fonctions « avec effet immédiat ».
La grogne qui montait au sein de l’APN avait éclaté au grand jour jeudi, lorsque la cheffe nationale, RoseAnne Archibald, a publiquement accusé ses employés de corruption.
Quatre employés auraient retiré près d’un million de dollars en paiement après la signature d’un contrat, a clamé la dame crie originaire de la nation Taykwa Tagamou, sise en bordure de la baie d’Hudson. « Des accords conclus les portes fermées, de larges sommes versées aux employés et d’autres incidents de corruption documentés nous ont fait perdre de vue notre but commun », a-t-elle indiqué dans une lettre ouverte. Le Devoir n’a pu confirmer ces allégations.
Elle va même plus loin dans sa déclaration en écrivant qu’un climat « toxique » empoisonne l’organisation « depuis huit ans » et qu’un vaste ménage s’impose.
Le « Comité exécutif » et le conseil d’administration de l’APN ont répliqué le lendemain.
« La cheffe nationale a été suspendue avec salaire en attendant le résultat d’une enquête en cours sur quatre plaintes déposées contre elle », a indiqué un communiqué de l’APN diffusé vendredi. Cette suspension tiendra « jusqu’à ce que le Comité exécutif examine le rapport d’enquête et prenne une décision finale concernant son statut ».
Le chef régional Paul Prosper, un porte-parole de l’APN, a reconnu qu’il s’agissait d’une mesure « draconienne », mais affirme n’avoir « pas eu le choix ».
« La cheffe nationale a commis de graves manquements à ses obligations envers l’APN en s’attaquant publiquement, sans fondement ni preuve, à l’intégrité de notre organisation et de nos employés, ce qui ne servira qu’à saper l’excellent travail que nous faisons alors que nous continuons à servir nos communautés des Premières Nations », a mentionné le chef Prosper.
RoseAnne Archibald a réagi vendredi à cette suspension dans une autre déclaration écrite. Cette procédure constitue « une distraction fabriquée contre [ses] appels répétés à une enquête sur les huit dernières années de malversations », selon elle.
L’Assemblée annuelle des chefs des Premières Nations du Canada doit se tenir en juillet. L’APN interdit à RoseAnne Archibald d’y participer, mais celle-ci a laissé entendre qu’elle souhaite toujours y assister.