Un «raz de marée» de plaintes au commissaire aux langues officielles

Selon le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, il s’agit d’«une erreur» que de nommer des personnes à des postes d’autorités qui ne maîtrisent pas le français.
Adrian Wyld Archives La Presse canadienne Selon le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, il s’agit d’«une erreur» que de nommer des personnes à des postes d’autorités qui ne maîtrisent pas le français.

Le commissaire aux langues officielles a reçu « un véritable raz de marée » de plaintes en 2021-2022, essentiellement en raison de la nomination d’une gouverneure générale qui ne maîtrise pas le français et du discours prononcé en anglais à Montréal par le p.-d.g. d’Air Canada.

Le rapport annuel déposé au Parlement mardi révèle que le Commissariat aux langues officielles a reçu un total de 5409 plaintes recevables, dont 2680 concernant Michael Rousseau d’Air Canada et 1346 relatives à la représentante de la Reine au pays, Mary Simon.

À titre de comparaison, au cours des neuf dernières années, le nombre total de plaintes jugées recevables a fluctué de 415 à 1870.

« Le message vient d’en haut, l’exemple vient d’en haut », a insisté le commissaire Raymond Théberge en conférence de presse.

« Les nominations de ce genre créent d’abord un fort sentiment d’injustice chez de nombreux francophones, car elles renforcent l’impression que des deux langues officielles du Canada, l’une est assurément plus importante que l’autre », écrit le commissaire Raymond Théberge dans son rapport.

De telles nominations peuvent également « laisser croire » que la maîtrise du français représente « un obstacle à la valorisation de la diversité et à une véritable réconciliation avec les peuples autochtones », a-t-il ajouté en citant l’exemple de la nomination de la gouverneure générale.

Selon M. Théberge, il s’agit d’« une erreur » que de nommer des personnes à des postes d’autorités qui ne maîtrisent pas la langue de Molière.

Critère d’embauche ?

Au terme de son rapport, le commissaire dit recommander qu’un comité parlementaire étudie et détermine si la connaissance des deux langues officielles devrait être un critère d’embauche aux postes de la haute gestion dans la fonction publique et dans le cas des nominations qui passent par l’entremise d’une recommandation du cabinet.

Il a déclaré souhaiter que les résultats de cette réflexion soient intégrés dans le projet de loi C-13, qui modernise la Loi sur les langues officielles, afin de la rendre « plus robuste ».

La nomination de la gouverneure générale devrait également faire partie de cette étude, selon le commissaire, puisque le bilinguisme est « extrêmement important » à tous les niveaux.

« Si on fait des exceptions, le message qu’on donne, c’est qu’il y a une langue qui est plus importante que l’autre », a-t-il résumé.

Quoi qu’il en soit, M. Théberge croit que le gouvernement fédéral doit s’assurer que le bilinguisme soit une compétence minimale pour obtenir un poste dans la haute direction de la fonction publique, que ce soit par une modification de la Loi sur les langues officielles ou autrement.

Il recommande également que la ministre des Langues officielles rappelle aux institutions fédérales leurs obligations en vertu de la partie VII de la Loi sur les langues officielles, soit celle qui traite de la promotion du français et de l’anglais et qui vise à favoriser l’épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire au pays.

Les plaintes relatives à l’absence de francophones au conseil d’administration du Canadien National (CN) n’ont pas été comptabilisées dans ce rapport annuel.

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