L’OCPM appuie le réaménagement de l’ancien hôpital Royal Victoria, sous certaines conditions

L’ancien hôpital Royal Victoria sur l’avenue des Pins
Valérian Mazataud Le Devoir L’ancien hôpital Royal Victoria sur l’avenue des Pins

Les projets de règlement qui visent à permettre le réaménagement d’une partie du site de l’ancien hôpital Royal Victoria pour y réaliser un projet chapeauté entre autres par l’Université McGill devraient être adoptés, estime l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM). La préservation de la vue sur le mont Royal doit toutefois être une condition « sine qua non » du projet, tandis que les demandes de membres d’une communauté mohawk concernant la recherche et la préservation de sépultures qui pourraient se trouver sur ce site doivent être entendues, réclame l’organisme paramunicipal.

À la fin mai, l’OCPM a été mandaté par la Ville pour consulter la population montréalaise sur l’avenir du site de l’ancien hôpital Royal Victoria, fondé en 1893, qui est en grande partie à l’abandon depuis l’épisode des fusions dans le milieu hospitalier qui a mené à la création du Centre universitaire de santé McGill sur le site Glen, en 2015. La consultation virtuelle, pandémie oblige, s’est entamée en septembre dernier et portait sur un plan directeur d’aménagement du site, où l’Université McGill souhaite réaliser son projet de « Nouveau Vic ». L’établissement souhaite ainsi ajouter plus de 25 000 m² à son campus actuel en aménageant un pôle d’innovation en développement durable et en politiques publiques destiné à ses professeurs et étudiants sur une partie du site de l’ancien complexe hospitalier.

Protéger le mont Royal

 

Dans le rapport de 180 pages rendu par l’OCPM au terme de cette consultation, l’organisme recommande l’adoption des deux projets de règlement qui permettront au nouveau pavillon de l’Université McGill de voir le jour. Le rapport contient néanmoins 31 recommandations balisant l’encadrement de la construction sur ce site, situé près du centre-ville et au pied du mont Royal.

Ainsi, l’OCPM demande notamment que les boisés et les espaces verts situés au nord de l’immense site soient intégrés au parc du Mont-Royal. L’ajout d’une aile de six à huit étages au nord au pavillon des Femmes devrait pour sa part être annulé afin d’assurer la préservation de la vue sur ce joyau naturel à valeur patrimoniale, qui se doit d’être une « une condition sine qua non à la poursuite de tout projet de requalification » à cet endroit.

« Dans les recommandations, tout est là pour s’assurer qu’on a un projet novateur, un projet durable et exemplaire », se réjouit la directrice des affaires publiques des Amis de la montagne, Maryline Charbonneau.

D’ailleurs, l’OCPM estime que « l’intégrité et la propriété publique du sol » sur ce site devraient être préservées par la voie réglementaire, une recommandation qui fait écho aux différents citoyens et groupes communautaires qui ont dit craindre dans les derniers mois que des immeubles de condos ou des hôtels voient éventuellement le jour sur certaines parties de ce site qui seraient privatisées.

« Un plan directeur, ça demande encore beaucoup de travail, mais plusieurs des recommandations vont dans le sens de nos demandes », a aussi indiqué au Devoir mardi la directrice adjointe des politiques chez Héritage Montréal, Taïka Baillargeon, qui relève l’importance d’avoir une « gouvernance solide » pour s’assurer que le réaménagement de ce site se fasse dans les règles de l’art dans les prochaines années.

Le rapport recommande en outre que le réaménagement de ce terrain tienne compte des préoccupations des membres de la communauté mohawk, qui ont évoqué en consultation publique que ce site pourrait abriter « des sépultures autochtones précoloniales » ou encore d’enfants autochtones. L’OCPM recommande ainsi à la Ville de Montréal « de s’assurer auprès des partenaires, et en concertation avec les représentants des groupes concernés, que les sépultures potentielles ou précoloniales se trouvant sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria soient traitées avec la déférence qui s’impose » en prévision de l’imposant chantier à venir sur ce site.

« Il faut faire les choses dans le bon ordre et de la bonne façon pour s’assurer de [savoir] ce qui s’est passé sur le site pour pouvoir aller de l’avant » avec son réaménagement, a déclaré à ce sujet la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en marge d’une conférence de presse. « On accueille cette recommandation-là de façon très favorable. »

Pas de logements sociaux

 

Des organismes ont aussi fait valoir pendant cette consultation publique que des logements sociaux et communautaires pourraient voir le jour sur ce site, le centre-ville en ayant grandement besoin. Or, tout en reconnaissant l’existence d’une « crise importante » en habitation, l’OCPM fait valoir que le site de l’ancien hôpital Royal Victoria ne fournit pas « les meilleures conditions pour l’aménagement de logements abordables », en raison notamment de son « isolement », qui n’en fait pas « un lieu indiqué d’habitation pour les familles et les aînés ».

Jointe par Le Devoir, l’Université McGill a dit se réjouir du constat de l’OCPM qui veut « que les participants issus des milieux de l’économie et de l’aménagement soutiennent sans détour le projet de nouveau pavillon de l’Université McGill ». « Le rapport mentionne que les bénéfices économiques du projet favorisent l’innovation et la compétitivité, particulièrement dans un contexte de relance économique », relève la responsable des relations avec les médias, Shirley Cardenas.

La concrétisation du projet du « Nouveau Vic » est prévue en 2028.

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