L'ARTM étudiera plusieurs scénarios qui avaient été écartés pour le REM de l'Est

Le 2 mai dernier, le gouvernement de François Legault a confié à l’ARTM le mandat d’implanter un train léger dans l’Est après que Québec et la Ville de Montréal eurent convenu d’abandonner le tronçon aérien dans le centre-ville.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le 2 mai dernier, le gouvernement de François Legault a confié à l’ARTM le mandat d’implanter un train léger dans l’Est après que Québec et la Ville de Montréal eurent convenu d’abandonner le tronçon aérien dans le centre-ville.

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), à qui le gouvernement du Québec a confié la gestion du Réseau express métropolitain (REM) de l’Est il y a deux semaines, n’écarte pas la possibilité d’implanter un train léger avec conducteur, ce qui permettrait à celui-ci de rouler au sol en milieu urbain, tel un tramway. Mais à l’instar du projet piloté par la Caisse de placement et dépôt du Québec (CDPQ), le futur train pourrait conserver des tronçons aériens et souterrains.

En entrevue au Devoir, le directeur général de l’ARTM, Benoît Gendron, indique que plusieurs scénarios seront examinés.

« On part avec ce qui a été fait par la Caisse, c’est-à-dire un métro léger sans conducteur, et on regardera ce qu’on peut faire en termes d’insertion. Il est trop tôt pour dire quelle sera la solution », explique-t-il.

L’ARTM est notamment consciente de l’opposition citoyenne aux structures aériennes dans Mercier-Est. « Il y a possibilité de mettre le train au sol, mais si on fait ça, il faut traverser des intersections », souligne Benoît Gendron. Dans ce contexte, un train piloté par un conducteur — contrairement au projet du REM de l’Est de CDPQ Infra qui était automatisé et sans conducteur — lui permettrait de rouler au sol, mais il serait moins rapide dans ce secteur, signale M. Gendron.

L’autre option consisterait à faire circuler le train en souterrain sur ce tronçon, mais le coût s’en trouverait alors augmenté. « C’est tout ça que le comité va devoir regarder pour déterminer une solution optimale. » D’autres tronçons du futur réseau présentent aussi des enjeux importants.

Une chose est sûre cependant : l’ARTM ne pourra plus utiliser le nom « REM de l’Est », qui est une marque déposée appartenant à la Caisse. Pour l’instant, le projet est temporairement baptisé « mode structurant dans l’Est ». « Il va falloir lui trouver un autre nom parce que ça ne veut pas dire grand-chose », admet M. Gendron.

Rappelons que le 2 mai dernier, le gouvernement de François Legault a confié à l’ARTM le mandat d’implanter un train léger dans l’Est après que Québec et la Ville de Montréal eurent convenu d’abandonner le tronçon aérien dans le centre-ville. CDPQ Infra ayant quitté le navire, l’ARTM et ses partenaires, soit le ministère des Transports du Québec, la Société de transport de Montréal et la Ville de Montréal, devront soumettre une proposition au gouvernement d’ici la fin de l’année.

Le mandat, qui n’a pas encore été officialisé sur papier, dicte à l’ARTM plusieurs conditions. Outre l’amélioration de l’insertion urbaine du train dans Mercier-Est, l’Autorité doit prévoir le prolongement de la branche est vers Lanaudière en tenant compte du Train de l’Est d’Exo vers Mascouche. Il doit par ailleurs analyser un prolongement de la branche nord vers Rivière-des-Prairies et Laval. Québec souhaite aussi une meilleure connectivité avec le métro, soit les lignes verte et bleue.

L’enjeu du Train de l’Est

L’ARTM devra jongler avec tous ces éléments en tenant compte des coûts et des enjeux techniques propres à chaque secteur. Pour l’instant, l’équipe ignore si l’enveloppe de 10 milliards de dollars prévue pour le REM de l’Est est maintenue.

L’ARTM, qui doit tenir une première véritable rencontre de travail d’ici deux semaines avec ses partenaires, n’a toujours pas reçu les études réalisées par CDPQ Infra, qui mène des négociations avec Québec pour le remboursement de ses dépenses, soit environ 100 millions de dollars. « Je n’ai pas de signaux qui montrent qu’il va y avoir un retard indu avec ça. On essaie également d’avoir un transfert d’expertise entre la Caisse et nous pour faire en sorte qu’il y ait un passage en douceur du ballon », avance M. Gendron.

Le retrait de CDPQ Infra du dossier modifie considérablement la manière d’aborder le projet et son montage financier, l’ARTM n’étant pas tenue à des objectifs de rentabilité comme l’était la Caisse. « On regarde le projet du point de vue métropolitain, et non dans une perspective de rentabilité. Notre métier, c’est de déplacer des gens le plus efficacement possible en maximisant l’utilisation des infrastructures existantes. »

Parmi les défis qui attendent l’ARTM figure le Train de l’Est, que le REM de l’Ouest avait déjà amputé avec la correspondance imposée à la Gare A40. Raccorder le Train de l’Est au futur train léger de l’Est est un non-sens, selon M. Gendron. « Un train qui arrive avec 2000 personnes à bord ne se rabat généralement jamais sur un mode plus petit. Ça ne tient pas la route », avance-t-il en rappelant que le REM de la Caisse prévoyait de transporter un maximum de 200 passagers. L’ARTM compte donc examiner la possibilité d’utiliser les infrastructures du Train de l’Est pour faire rouler son métro léger vers Lanaudière. « On veut maximiser l’utilisation des infrastructures. C’est pour ça que le gouvernement nous demande de regarder un possible prolongement. »

Revendications citoyennes

 

L’ARTM a déjà commencé à sonder le terrain. Mercredi soir, Michel Lemay, directeur exécutif des Affaires publiques à l’ARTM, a d’ailleurs participé à une assemblée citoyenne organisée par Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E). Les résidents de Mercier-Est et de Pointe-aux-Trembles n’ont pas manqué de lui rappeler qu’ils souhaitaient que leurs préoccupations soient prises en compte. Depuis le lancement du projet en décembre 2020, ils dénoncent les structures aériennes, qui risquent de défigurer leurs quartiers. « Ce qui n’est pas bon pour le centre-ville n’est pas bon pour l’Est non plus », a rappelé une citoyenne.

Michel Lemay a voulu les rassurer. « Je ne sais pas si on va arriver à une solution qui va faire le plaisir et bonheur de tout le monde. Mais c’est certain qu’on va être à l’écoute des besoins du milieu et des enjeux d’insertion urbaine. »

Vice-président du Collectif, Daniel Chartier s’est dit satisfait de la rencontre. « M. Lemay a vraiment été très ouvert. Ça faisait différent de la langue de bois de CDPQ Infra. C’était aux antipodes. Il a démontré une volonté de faire les choses correctement. »

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