Inondations en Europe et en Asie - Le Vieux-Prague menacé par les eaux

Devant la menace qui plane sur le quartier historique de leur ville, les Praguois n’ont pas hésité à mettre la main à la pâte afin de bloquer l’avance des eaux.
Photo: Agence Reuters Devant la menace qui plane sur le quartier historique de leur ville, les Praguois n’ont pas hésité à mettre la main à la pâte afin de bloquer l’avance des eaux.

Prague — Des dizaines de milliers de Tchèques ont évacué hier le centre historique de Prague, où les eaux de la rivière Vltava, sortie de son lit, ont envahi des palais et des villas de l'époque des Habsbourg. Ce sont les pires inondations en République tchèque depuis plus d'un siècle.

Les pluies diluviennes qui s'abattent sur le centre de l'Europe depuis une semaine ont tué au moins 88 personnes et causé des dégâts se chiffrant en centaines de millions de dollars américains.

Le bilan s'élevait à neuf morts en République tchèque et sept en Autriche, où pompiers et volontaires de la Croix-Rouge empilaient fébrilement des sacs de sable le long du Danube afin d'endiguer le fleuve en crue. Certaines digues ont d'ailleurs cédé à Ybbs, en Basse-Autriche.

Le ministère autrichien de la Défense a déployé 8000 militaires en Haute-Autriche et le long du Danube. Les inondations ont touché 60 000 Autrichiens qui ont été évacués ou ont subi des dégâts matériels, selon les autorités. Dans la province de Salzbourg, plus d'un millier de bâtiments avaient les pieds dans l'eau.

«La Haute-Autriche offre une image de détresse, une terre submergée par l'eau», a décrit Josef Puehringer, le gouverneur de la province.

À Prague, au moins 40 000 habitants, sur le million que compte la capitale tchèque, ont reçu l'ordre de quitter leur domicile de la basse ville. L'hôtel Intercontinental a évacué ses pensionnaires. Les équipes de secours ont renvoyé les centaines de spectateurs qui s'étaient rassemblés sur les ponts de la ville pour observer la montée des eaux.

Lundi, le premier ministre, Vladimir Spidla, avait décrété l'état d'urgence dans la capitale et les régions de Bohème méridionale et centrale, à Plzen et Karlovy-Vary, et déployé 4000 soldats à travers le pays. Le président Vaclav Havel a de son côté interrompu ses vacances au Portugal.

La Russie est le pays qui a payé le plus lourd tribut. Les inondations y ont fait au moins 58 morts à la fin de la semaine dernière. Dans le sud de la Russie, 4000 touristes venus passer leurs vacances sur les côtes de la mer Noire restaient pris au piège des inondations à Chirokaia Balka.

En Allemagne, un homme de 71 ans s'est noyé lundi soir à Dresde, portant le bilan des inondations à quatre morts depuis dimanche, dont deux dans des accidents de la route. Trois autres personnes étaient portées disparues: deux adultes et un enfant emportés hier par une coulée de boue, selon les autorités. Par ailleurs, environ 30 000 personnes ont été évacuées en Saxe, où l'Elbe est en crue.

Pompiers et soldats tentaient de renforcer les digues le long du Danube. Nombre d'entre elles étaient en passe de céder dans les villages situés près de Passau, une ville à la frontière autrichienne dont le centre historique était totalement sous les eaux tôt hier matin.

En Roumanie, les inondations et les vents violents ont tué au moins sept personnes ces derniers jours. Une petite tornade a touché lundi soir le village de Facaeni, à 190 km à l'est de Bucarest, faisant trois morts et 15 blessés. Une mère de 24 ans et son bébé de 17 mois ont été tués dans l'effondrement de leur maison, l'une des 14 de la localité détruites par la tempête. La troisième victime est un conducteur de véhicule militaire.

422 morts au Népal

D'autre part, l'Asie n'est pas non plus épargnée par les intempéries. Au moins 422 personnes ont trouvé la mort et 173 sont portées disparues dans les inondations et glissements de terrain ayant frappé le Népal depuis le début de la mousson en juillet, a indiqué hier la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans un communiqué.

«De précoces et violentes pluies de mousson continuent de s'étendre vers l'ouest du pays, et une fonte exceptionnellement abondante des neiges en altitude vient gonfler des cours d'eau saturés», selon la Fédération, qui fait état de plus de 250 000 personnes affectées.

La majeure partie des districts du royaume himalayen ont été durement touchés, en particulier fin juillet par quatre jours de précipitations «d'une intensité sans équivalent en trente ans». Les destructions sont les plus fortes dans les régions de collines.

La Fédération a lancé un appel de 1,6 million de dollars afin d'aider la Croix-Rouge du Népal à fournir à environ 130 000 sinistrés de la nourriture, des abris, des couvertures et des vêtements, des comprimés pour la purification de l'eau.

En avril, une étude scientifique du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement) avait révélé que 44 lacs glaciaires de l'Himalaya — 20 au Népal et 24 au Bhoutan — risquaient de déborder d'ici cinq à dix ans et d'inonder les vallées.

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