Plus de 77 millions $ débloqués par Québec pour le 1er juillet
Cette année, la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, a décidé de s’y prendre plus tôt pour dévoiler son plan d’action en vue du 1er juillet. Un plan un peu plus généreux que celui de l’an dernier, mais basé essentiellement sur la même recette.
Selon nos informations, le gouvernement se prépare à débloquer plus de 77 millions de dollars pour faire face à la grande fête québécoise des déménagements. Cette somme servira, en majeure partie, à financer l’ajout de suppléments au loyer d’urgence (Programme de supplément au loyer d’urgence) dans toutes les municipalités du Québec.
Le plan, qui doit être dévoilé jeudi après-midi, octroie aussi 2 millions à de nouveaux services d’aide à la recherche de logement. Ces services, déjà dispensés par certains offices municipaux d’habitation, répondraient à une demande répétée du milieu.
Enfin, le gouvernement prolonge les horaires du personnel de la Société d’habitation du Québec (SHQ) afin qu’il puisse répondre au téléphone 7 jours sur 7 au sommet de la crise, et ce, jusqu’au 18 juillet. L’an dernier, les plages horaires de la SHQ n’avaient été prolongées que jusqu’au 4 juillet.
À l’époque, la ministre avait attendu jusqu’au 11 juin avant de dévoiler son plan de match en vue du 1er juillet. On lui avait alors reproché de ne pas reconnaître l’existence même de la crise du logement, ce qu’elle a fini par faire tout récemment.
Le plan de l’an dernier s’élevait à un peu plus de 60 millions de dollars, voués essentiellement aux subventions d’urgence et à des subventions aux municipalités.
Une situation tendue
L’accès à des logements abordables s’est toutefois grandement détérioré en un an au Québec. Le taux d’inoccupation est passé de 2,7 % à 2,5 % à Québec ; de 1,3 % à 0,9 % à Sherbrooke ; de 1,6 % à 1 % à Gatineau ; de 2,8 % à 1,7 % à Saguenay ; et de 1,3 % à 0,9 % à Trois-Rivières, selon le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), présenté en février et basé sur des données d’octobre 2020 à octobre 2021.
À Montréal, le marché s’est légèrement assoupli au cours de la même période (le taux d’inoccupation est passé de 2,7 % à 3 %). Mais à l’inverse, la situation s’est aggravée dans les petites villes depuis le début de la pandémie, un phénomène moins documenté puisque la SCHL ne produit pas de statistiques annuelles pour les villes de moins de 50 000 habitants.
C’est le cas de Rimouski, où la pénurie d’appartements abordables place les gens dans des situations de grande vulnérabilité, comme le rapportait Le Devoir en mars. « On est dans une situation où il n’y a pas d’hébergement. Il reste quoi ? 0,1 % des logements. C’est facile de comprendre que ce qui reste, ce sont des logements probablement délabrés ou, à l’autre bout du spectre, des logements qui sont probablement à des prix exorbitants », avançait le directeur de l’organisme de travail de rue En tout C.A.S., Luc Jobin, dans une entrevue accordée au Devoir plus tôt cette semaine.
Les municipalités sont toutefois mieux préparées cette année, plusieurs d’entre elles ayant constitué des cellules de crise en prévision du 1er juillet.
À Québec, par exemple, l’Office municipal d’habitation (OMHQ) concède faire face à plus de besoins qu’auparavant, mais assure que la situation est maîtrisée. « On a encore des gens qui sont en recherche, mais les indicateurs ne sont pas au rouge », a expliqué au Devoir son directeur du développement organisationnel, Sébastien Olivier.
Contrairement à d’autres municipalités, Québec a déjà un service d’aide à la recherche de logement, créé il y a douze ans. Au moins 331 personnes y ont fait appel depuis janvier, ce qui est de beaucoup supérieur à l’an dernier (394 demandes sur toute l’année). Mais M. Olivier croit que l’OMHQ pourra tous leur trouver un appartement et que personne ne se retrouvera à la rue le 1er juillet.
Projet de loi éclair
Rappelons que la ministre Andrée Laforest s’est en outre engagée à déposer d’ici la fin de la session parlementaire un projet de loi pour empêcher certaines dérives en habitation. La nouvelle pièce législative vise à limiter les hausses abusives de loyer causées par la clause F, à contrer la vente d’OSBL d’habitation à des tiers, à accorder le droit de préemption à toutes les municipalités et à mieux protéger les aînés locataires.
La semaine dernière, les maires des grandes villes ont fait savoir à la ministre que l’habitation était leur priorité numéro un, lors des assises annuelles de l’Union des municipalités du Québec.
Dans son discours, Andrée Laforest avait affirmé que, selon les sons de cloche qu’elle avait des offices municipaux d’habitation, on allait « avoir un 1er juillet intense », mais « que tout était sous contrôle ».