Bris d'aqueduc sur Pie-IX - Les Montréalais sont appelés à réduire leur consommation d'eau

Près de 22 000 citoyens du nord-est de Montréal étaient toujours privés d'eau courante hier, au lendemain du bris d'une conduite d'aqueduc majeure sous le boulevard Pie IX.
Selon les autorités municipales, il faudra environ huit jours — soit jusqu'au 21 août — pour remettre en service le gigantesque tuyau d'acier recouvert de béton qui s'est rompu en pleine nuit de dimanche pour des raisons encore inconnues. L'eau qui en jaillira ne sera cependant pas potable avant que les études bactériologiques aient été complétées.Pour le moment, les employés des travaux publics s'affairent à dégager le morceau d'infrastructure. Il sera ensuite acheminé vers un laboratoire de génie civil qui tentera de déterminer les causes du bris. Installée en 1974, la conduite avait été conçue pour durer 100 ans. «Il semble qu'il n'y ait pas eu de facteurs externes. Nous étudierons surtout la résistance des matériaux et les conditions du terrain», a déclaré André Aubin, responsable de la voirie, de l'environnement et du réseau d'aqueduc pour la Ville.
Sens civique
En attendant que le réseau d'approvisionnement en eau soit réparé, le maire Gérald Tremblay a appelé les citoyens de Montréal à «faire preuve de sens civique» en réduisant au minimum leur consommation d'eau. Haro sur le lavage de voiture, l'arrosage des pelouses et le remplissage des piscines, en dépit de la canicule. «Si les gens comprennent et font un effort, alors on pourra peut-être penser alimenter en eau les personnes qui en sont toujours privées », a souligné le maire.
La Ville espère en effet faire augmenter la pression dans les conduites restantes et procéder à des déviations temporaires qui permettraient de rétablir le service dans les foyers sinistrés des arrondissements Rivière-des-Prairies, Saint-Michel, Anjou et Saint-Léonard. «Des essais faits la nuit dernière ont donné les résultats escomptés et nous espérons pouvoir généraliser la procédure», a expliqué M. Aubin.
Par ailleurs, l'électricité a été rétablie dans presque tous les appartements inondés. Moins d'une dizaine ne sont pas encore rebranchés «pour des raisons de sécurité», a précisé le maire.
Camp de fortune
En dépit de ces progrès, une bonne part des logements inondés demeurent insalubres. Une trentaine de personnes parmi les plus touchées ont passé la nuit au Centre Étienne-Desmarteaux, transformé en camp de fortune pour l'occasion. Il semble que les 300 ou 400 autres sinistrés aient plutôt préféré dormir chez des proches.
Depuis hier, les quelques familles qui ne pouvaient rentrer chez elles ont été relogées au motel Traveloge, sur le boulevard Métropolitain. La Ville a aussi prolongé les heures d'ouverture de certains centres aquatiques pour permettre aux gens de prendre leur douche.
Quant aux citoyens qui ont subi des pertes matérielles à cause de l'inondation, ils sont invités à se présenter au centre René-Goupil, sur le boulevard Pie-IX, où sont rassemblés des représentants de divers services municipaux. Propriétaires et locataires pourront notamment y obtenir de l'aide pour remplir leurs demandes d'indemnisation.
Pour les Montréalais, la facture sera sans doute salée. Mais les autorités refusent d'estimer le montant des dégâts pour l'instant. «Notre priorité, c'est la santé et la sécurité des citoyens, a souligné M. Tremblay. Après, nous assumerons nos responsabilités financières.»