Jeunes sans-abri et itinérants au square Viger - La police sera moins tolérante

Meurtre oblige, la Ville de Montréal ne tolère plus que le square Viger serve de refuge aux jeunes sans-abri et aux itinérants. Lundi, la découverte d'un homme assassiné dans le parc incitait les autorités policières à abandonner aussitôt la politique de tolérance adoptée depuis juin par l'administration municipale. La réglementation interdisant de se trouver dans un parc montréalais la nuit sera dorénavant appliquée.

«La sécurité publique, c'est ma responsabilité à moi», indiquait hier en conférence de presse la commandante Johanne Paquin, du poste de police de quartier 21, pour expliquer la décision prise lundi.

La Ville, aussitôt avisée de cette décision, l'a appuyée sans peine, selon la conseillère Louise O'Sullivan Boyne, responsable du développement social et communautaire au comité exécutif. «On appuie la commandante Paquin à 100 % dans ses démarches, a dit Mme O'Sullivan au cours de la même conférence de presse. On ne s'attendait pas à une victime. On veut protéger les jeunes et les gens qui sont dans la rue.»

La Ville de Montréal met ainsi fin à ce que l'on qualifiait hier de projet-pilote au square Viger. Les itinérants s'y rassemblent depuis longtemps et la nouvelle administration Tremblay avait décidé, pour cet été, de ne pas y appliquer la réglementation municipale.

Groupe de travail

Un groupe de travail avait plutôt été créé, regroupant une quinzaine de «partenaires» — représentants de la Ville, de la police, de groupes communautaires, de citoyens et des jeunes squatteurs du square —, afin de trouver des «solutions permanentes» au problème de l'itinérance. Le groupe s'est rencontré à quatre reprises

depuis juin.

Forts de cette tolérance, une vingtaine de jeunes avaient transformé des coins du square en chez-soi, à l'aide de matelas défoncés et de vieux sofas. Pour la Ville, c'était une bonne façon de les rencontrer et de leur apporter de l'aide plutôt que de voir les jeunes s'éparpiller dans la ville. Une approche nouvelle, innovatrice, expliquait-on avec force hier. Mais l'assassinat de lundi est venu tout bousculer, même si la Ville veut rester présente dans le secteur, comme elle devait en discuter hier après-midi avec ses «partenaires».

Mais lundi soir, l'aide municipale n'a pas trouvé preneur: seule une personne a occupé un des lits réservés par la Ville dans les centres d'hébergement pour itinérants. «Les jeunes ont décidé d'aller ailleurs, peut-être chez des amis», disait la conseillère O'Sullivan, promettant néanmoins que la Ville serait de nouveau présente dans les jours qui viennent pour diriger les sans-logis vers les ressources appropriées.

Quant à l'individu d'une quarantaine d'années retrouvé mort lundi midi après avoir été roué de coups de barre de métal, il est connu des services policiers. La rumeur veut qu'il ait été victime d'une guerre de territoires au sein du square Viger, que se partagent jeunes, itinérants traditionnels et homosexuels qui y ont des relations sexuelles. Un suspect a été interrogé hier par les policiers en rapport avec cet assassinat.

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