Manque d'espace de bureaux à l'OACI - Ottawa invoque des délaisde nature diplomatique
Contrairement à l'aviation, la diplomatie est un monde où les choses avancent lentement, a rappelé hier le gouvernement fédéral à l'Organisation mondiale de l'aviation civile internationale (OACI) qui attend désespérément depuis des années qu'on lui alloue des espaces de bureaux supplémentaires à Montréal.
Se disant conscient de l'impatience de l'institution internationale de se voir donner les moyens de mettre notamment en place les programmes de sécurité aérienne adoptés au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, Ottawa avertit que de nouveaux délais peuvent toujours survenir. Estimant, pour sa part, offrir déjà à l'organisme des Nations unies la solution à tous ses problèmes, le gouvernement du Québec n'a pas manqué d'accuser Ottawa de traîner les pieds dans le dossier.On se faisait laconique, hier, au ministère des Affaires étrangères. Ce genre de négociations entre gouvernements et organismes internationaux prennent du temps, a-t-on rappelé. Les fonctionnaires fédéraux se sont engagés à faire tout ce qui était en leur pouvoir pour en arriver à recommander une solution aux différents ministres concernés avant la fin du mois de septembre, et l'on tiendra parole, a-t-on poursuivi. Mais cette étape pourrait bien, toutefois, ne pas être la dernière avant la signature d'une entente entre Ottawa et l'OACI.
«Tout le monde attend que le fédéral se grouille», a déclaré Martin Roy, directeur de cabinet adjoint de la ministre des Relations internationales, Louise Beaudoin. «On ne comprend pas vraiment la position du fédéral dans tout cela. Ce n'est pas la première fois que l'on semble vouloir nuire aux bonnes relations entre le Québec et les organisations internationales.»
«Notre priorité [à Québec] a toujours été de répondre aussi bien et aussi rapidement que possible aux besoins des organisations internationales établies ici, a-t-il poursuivi, et je pense qu'il est assez clair pour tout le monde que les questions de sécurité aérienne ont pris beaucoup d'importance ces derniers mois. En tout cas, nous, on fait ce que l'on a à faire.»
À Ottawa, on assure être parfaitement disposé à faire une place à d'autre niveau gouvernemental dans le dossier. On réitère cependant que la question concerne au premier chef «l'organisation internationale et le pays hôte».
Citant des documents officiels de l'OACI dont il a obtenu copie, Le Devoir révélait hier que l'organisme international se plaint depuis au moins quatre ans de son manque d'espace auprès d'Ottawa. Les demandes de délais répétés du gouvernement fédéral particulièrement depuis le printemps 2000 ont même amené le secrétaire général de l'organisme, Renato Claudio Costa Pereira, à exprimer sa crainte de voir les mesures adoptées à la suite du 11 septembre compromises à cause d'un manque d'effectif lié au manque d'espace de bureaux. La situation lui apparaissait d'autant plus absurde que ce problème pourrait être réglé simplement en prenant possession du 25e étage de la Tour Bell, adjacente au siège social de l'organisme, rue University à Montréal, qui a été aménagé spécialement par le gouvernement du Québec et est offert gratuitement à l'OACI depuis le mois de juin.
Quant aux raisons justifiant que l'organisme manque d'espace de bureaux seulement six ans après qu'il eut aménagé dans un bâtiment tout neuf, on explique qu'elles tiennent à son domaine d'activité. «Vous savez, les choses vont très vite dans le domaine de l'aviation», fait remarquer son porte-parole, Denis Chagnon. L'évaluation des besoins qui a été faite avant la construction du nouveau siège social inauguré en 1996 ne pouvait pas prévoir que l'on créerait un nouveau programme de surveillance de la sécurité aérienne en 1997, ni que le programme d'aide aux pays moins riches serait aussi populaire, ni l'effondrement des tours du World Trade Center.
«Les discussions sont plus longues que prévu, reconnaît du bout des lèvres Denis Chagnon essayant tant bien que mal de ne pas avoir trop l'air de se plaindre. On a hâte, effectivement, que la décision soit prise, parce que ces gens-là [des responsables des programmes] ont du travail à faire.»