Collecte sélective à Montréal - Le ministre serait prêt à donner du temps à la Ville

Le ministre des Affaires municipales, André Boisclair, accueille favorablement la demande de la Ville de Montréal de prolonger les contrats de collecte sélective actuellement en vigueur. Ce délai donnerait le temps à la Ville de trouver une solution pour faire face aux hausses de coûts importantes auxquelles sont confrontés plusieurs arrondissements dont les contrats arrivent à échéance à la fin du mois.

Une vingtaine d'arrondissements de la Ville de Montréal doivent renouveler leurs contrats de collecte sélective sous peu. Parmi eux figurent les neufs arrondissements de l'ancienne Ville de Montréal où des augmentations allant jusqu'à 100 % ont été constatées lors de l'ouverture des soumissions.

Surprise par cette explosion des coûts, la Ville de Montréal s'est adressée au ministre Boisclair en lui demandant d'accorder à l'administration municipale une exemption afin de prolonger les contrats actuels de quatre à sept mois. Le ministre se donne quelques jours pour examiner la question. «Il accueille favorablement cette requête», indique toutefois Jean-Louis Laplante, attaché de presse du ministre.

Cette éventualité permettrait aux arrondissements, responsables de l'octroi des contrats depuis les fusions municipales, de retourner en appel d'offres et peut-être d'obtenir de meilleurs prix.

Alan DeSousa, responsable du dossier au comité exécutif, estime que les nouveaux coûts soumis par les entrepreneurs dépassent les 10 millions pour l'année 2003. «Dans l'intérêt des contribuables, il faudra s'assurer que l'argent sera bien dépensé et qu'on va bien atteindre les objectifs environnementaux, mais pas à n'importe quel coût», a-t-il déclaré hier lors d'un point de presse.

Questions sans réponses

Bien des questions restent encore sans réponses. L'analyse des soumissions qu'avait commandée la Ville à ses fonctionnaires est terminée, mais le bris d'un aqueduc sur le boulevard Pie-IX hier a perturbé l'agenda des politiciens à l'hôtel de ville. On devrait en connaître les détails au cours des prochains jours.

Plus tôt dans la journée, le chef de l'opposition, Pierre Bourque, avait justement suggéré la prolongation des contrats actuels, le temps de relancer un processus d'appels d'offres et donner l'occasion à d'autres entreprises de se lancer dans l'arène et stimuler la compétition. Plusieurs compagnies se sont montrées intéressées, dit-il, mais elles doivent acheter les camions et les équipements nécessaires avant d'être en mesure d'offrir ce service.

L'opposition a aussi proposé que la Ville s'approprie le recyclage des canettes qui sont actuellement consignées par Recyc-Québec, car l'aluminium représente l'un des matériaux les plus rentables sur le marché de la récupération. M. DeSousa estime qu'il est trop tôt pour envisager cette option. «Nous procédons étape par étape», se contente-t-il de dire.

La possibilité de prolonger les contrats ne sourit pas nécessairement aux entrepreneurs qui détiennent les contrats actuels. «Il y a un dialogue qui doit être engagé», indique Pierre Lemoine, président de Rebuts solides canadiens, qui s'étonne de ne pas avoir été consulté par l'administration municipale jusqu'à maintenant.

Même si de nouveaux appels d'offres sont lancés, les éléments qui justifient l'augmentation des coûts de la sélecte collective ne disparaîtront pas, dit-il. Les entrepreneurs feront face aux mêmes hausses du prix du gazole et devront tout de même composer avec les normes plus strictes de la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST), pour ne citer que ces éléments. Les nouvelles entreprises qui entendent percer ce marché s'en rendront compte bien assez vite, ajoute-t-il.

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