Les touristes pourront désormais compenser l’empreinte carbone de leur passage à Montréal

Alors que  l’industrie  touristique se  relève de deux difficiles années de pandémie, l’organisme  Tourisme  Montréal  souhaite rendre cette reprise  synonyme de  développement durable dans la métropole.
Getty Images Alors que l’industrie touristique se relève de deux difficiles années de pandémie, l’organisme Tourisme Montréal souhaite rendre cette reprise synonyme de développement durable dans la métropole.

Les touristes de passage à Montréal auront désormais la possibilité de compenser l’empreinte carbone de l’ensemble de leur voyage, ce qui inclut les grandes sources de gaz à effet de serre (GES), comme le transport, la restauration ou l’hébergement. Cette mesure est comprise dans la stratégie Destination harmonieuse de Tourisme Montréal, un plan de développement du tourisme durable qui sera officiellement annoncé mardi, en marge du Sommet climat Montréal.

Alors que l’industrie se relève de deux difficiles années de pandémie, l’organisme souhaite rendre cette reprise des activités touristiques synonyme de développement durable. Un calculateur des émissions de GES sera mis en place par Tourisme Montréal, en partenariat avec Aéroports de Montréal et le programme de compensation de GES Carbone Boréal.

« Ça va se solder par un montant d’argent que le touriste pourra payer à Carbone Boréal, qui se chargera de planter des pins au nord de Chicoutimi », explique la vice-présidente au développement de la destination et affaires publiques de Tourisme Montréal, Manuela Goya, en entrevue au Devoir. « Pour le moment, nous n’avons que cette méthode pour compenser nos GES », précise-t-elle.

À terme, nous sommes convaincus que les touristes vont venir à Montréal non seulement pour l’esprit montréalais, pour nos festivals, mais aussi pour notre souci d’un développement durable et responsable

Le vice-président aux affaires publiques et au développement durable d’Aéroports de Montréal, Martin Massé, relève quant à lui le caractère innovateur du projet. « Certaines compagnies aériennes offrent déjà aux touristes de compenser leur empreinte carbone, mais c’est seulement pour la durée du vol », explique-t-il. « Sur notre page Web, on va rediriger les gens vers le site de compensation, mentionne-t-il. Et on travaille à une façon de sensibiliser les gens sur place à compenser leurs émissions de GES, donc il devrait également y avoir une présence physique [à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau]. »

Le programme de compensation devrait être prêt à la fin de l’été ou au début de l’automne.

Des « legs » pour la ville

La stratégie Destination harmonieuse de Tourisme Montréal s’inscrit dans une volonté de provoquer un « changement majeur pour le tourisme à Montréal », affirme Mme Goya. « On demande aux touristes de faire en sorte que leur passage ne soit pas dommageable pour la ville. »

Les événements internationaux de passage dans la métropole seront également visés par la volonté de l’organisme de rendre le tourisme montréalais plus écoresponsable grâce à un programme de « legs ». « On veut que les congrès qui viennent chez nous et qui sont de grands consommateurs et pollueurs puissent compenser les GES produits et laisser un legs à Montréal », continue Mme Goya. Le premier événement directement touché par cette mesure sera la 24e Conférence internationale sur le SIDA, que la ville accueillera du 29 juillet au 2 août. « Par rapport au sida, on sait que certaines communautés sont plus à risque, donc on veut obtenir des fonds pour les investir dans les communautés qui peuvent être plus touchées », décrit-elle. Ces programmes d’impacts sociaux des événements seront mis sur pied en collaboration avec leurs organisateurs, assure l’organisme, qui vise la carboneutralité d’ici 2030.

Tourisme Montréal planche également sur des projets de développements touristiques responsables inédits. « Nous avons lancé le mouvement des “murelles” pour profiter de ce qui semble une nuisance au centre-ville », explique Mme Goya. Le projet, dont le nom est une contraction des mots « murale » et « ruelle », vise à nettoyer des ruellesdu centre-ville pour y peindre des murales et y tenir des événements éphémères. « On veut en faire un circuit caché, un peu à la manière d’un speakeasy », ajoute-t-elle.

Deux murelles devraient être inaugurées cet été, et l’organisme vise la création de 10 à 15 d’entre elles d’ici quatre ans. « C’est un exemple de développement touristique avec des retombées autant pour les touristes que pour les Montréalais », estime Mme Goya.

Pour réaliser ses projets, l’organisme espère bénéficier d’une partie de l’enveloppe de 30 millions de dollars investie dans le cadre du Plan d’action pour un tourisme responsable et durable. La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, en avait fait l’annonce en février 2021.

« À terme, nous sommes convaincus que les touristes vont venir à Montréal non seulement pour l’esprit montréalais, pour nos festivals, mais aussi pour notre souci d’un développement durable et responsable », se réjouit quant à elle Manuela Goya.

La stratégie Destination harmonieuse sera officiellement dévoilée lors du Sommet climat, mardi. au Marché Bonsecours. Divers acteurs des institutions montréalaises s’y rencontreront pour discuter des ambitions climatiques de la métropole.

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