La Gare d’autocars de Montréal attend toujours son accès direct au métro

La Gare d'autocar de Montréal n'est toujours pas reliée à la station de métro Berri-UQAM.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir La Gare d'autocar de Montréal n'est toujours pas reliée à la station de métro Berri-UQAM.

Bien qu’elle ait intégré de nouveaux locaux de la rue Berri il y a plus d’une décennie, la Gare d’autocars de Montréal attend toujours le corridor intérieur qui doit relier ses installations à la station de métro Berri-UQAM. Et elle devra s’armer de patience, car la Ville de Montréal, propriétaire depuis 2018 de l’ancienne gare située à l’angle du boulevard De Maisonneuve et de la rue Berri, n’a toujours pas déterminé ce qu’il adviendra du lien promis.

Lorsqu’ils arrivent par autocar à Montréal, les voyageurs qui veulent prendre le métro doivent sortir de la gare, marcher vers le sud avec leurs bagages sur le trottoir de la rue Berri, beau temps mauvais temps, et s’engouffrer dans l’édicule de la station Berri-UQAM situé au nord du boulevard De Maisonneuve. L’endroit n’est pas particulièrement accueillant pour les voyageurs et les touristes. « L’édicule est complètement insalubre et dangereux », estime Carl Filiatreault, porte-parole de la Gare d’autocars de Montréal.

L’édicule [de la station Berri-UQAM] est complètement insalubre et dangereux

La Gare n’est pas propriétaire des lieux qu’elle occupe, le bâtiment ayant été vendu par le gouvernement du Québec au Groupe Aquilini pour 45,5 millions de dollars en 2013 à la suite du fiasco financier du projet de l’îlot Voyageur il y a 15 ans. Son bail comporte cependant une clause qui lui assure un droit de passage vers la station de métro Berri-UQAM. Rappelons que dans les plans initiaux, élaborés avant que n’éclate le scandale de l’îlot Voyageur, un couloir intérieur était prévu jusqu’à la station de métro. Mais cette clause du bail n’est d’aucune utilité pour l’instant puisque le sort de l’immeuble voisin, qui permettrait de construire un lien jusqu’au métro, n’est pas connu.

Ce bâtiment, situé dans la partie sud du quadrilatère de l’îlot Voyageur, avait été acquis par la Ville de Montréal en 2018 au coût de 18 millions de dollars. « Tout le monde attend après la Ville de Montréal depuis 2018 pour savoir ce qu’elle va faire avec cet édifice-là, indique Carl Filiatreault. On n’a pas d’échéancier. »

À l’heure actuelle, cet immeuble est occupé de façon temporaire par des fournisseurs de livraison à vélo du projet Colibri ainsi que par des organismes sans but lucratif, parmi lesquels Les Valoristes et le Sentier urbain. En 2020, la Ville avait envisagé d’y installer un centre administratif municipal et des logements sociaux et abordables, et avait mené une étude de préfaisabilité. « Toutefois, en raison du contexte de la pandémie et la nouvelle approche de télétravail de la Ville, le programme initial du projet est en cours de révision », a expliqué par courriel Hugo Bourgoin, relationniste à la Ville de Montréal.

La Ville compte toujours y aménager des logements sociaux et abordables, mais aucune décision n’a encore été prise quant aux autres vocations du site. « Un tunnel reliant le futur bâtiment et la station de métro Berri-UQAM sera étudié dans le cadre de ce nouveau programme », indique M. Bourgoin.

Le chantier de la STM

 

La Gare d’autocars n’est pas au bout de ses peines puisque le secteur accueillera un chantier majeur dans les prochaines années. La Société de transport de Montréal (STM) doit remplacer la membrane d’étanchéité recouvrant la station Berri-UQAM, en place depuis son inauguration en 1966. Ce chantier nécessitera d’importants travaux d’excavation. La première phase, qui débutera à la fin d’avril, s’attardera au tronçon du boulevard De Maisonneuve situé entre les rues Sanguinet et Berri. Le chantier se déplacera ensuite sur la rue Berri, entre les rues Ontario et Sainte-Catherine, en 2024 et 2025. Le tronçon situé devant la gare d’autocars ne sera pas touché par les travaux.

« Les autobus pourront accéder en tout temps à la gare. En fait, les impacts pour la gare d’autobus seront minimes, car elle est située plus au nord de notre chantier », assure Amélie Régis, porte-parole de la STM. Elle ajoute que les accès à la gare, à partir de l’édicule du métro, ne seront pas obstrués et que les piétons pourront continuer d’y circuler.

Le « parcours client » risque cependant d’en pâtir, mais Carl Filiatreault reconnaît la nécessité pour la STM de procéder à ces travaux. « Ce n’est pas un luxe. Ça va être du meilleur après aussi. » Quant au futur corridor vers le métro, il continue de croire qu’il se réalisera un jour, d’autant que le site où il doit être aménagé est de propriété publique.

Le quadrilatère de l’îlot Voyageur a fait couler beaucoup d’encre depuis deux décennies. Lancé en 2005 par l’UQAM, le projet de l’îlot Voyageur devait accueillir des résidences étudiantes, mais il s’est finalement transformé en gouffre financier dans lequel 300 millions ont été engloutis. La construction des deux immeubles situés dans la partie nord du quadrilatère avait été suspendue pendant plusieurs années et les structures de béton avaient été exposées aux intempéries jusqu’à ce que le Groupe Aquilini en prenne possession en 2013.

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