Que retenir du 23e jour de guerre en Ukraine?

Des négociations périlleuses
Les difficiles négociations pour un cessez-le-feu se sont poursuivies vendredi entre la Russie et l’Ukraine, avec des résultats limités.
Le chef de la délégation russe aux pourparlers avec Kiev, Vladimir Medinski, a fait état d’un « rapprochement » des deux camps sur la question d’un possible statut neutre de l’Ukraine et de progrès sur celle de sa démilitarisation. « Le sujet du statut de neutralité de l’Ukraine et de sa non-adhésion à l’OTAN est l’un des points clés des négociations, c’est le point sur lequel les parties ont rapproché le plus possible leurs positions », a déclaré M. Medinski, cité par les agences russes.
Or, le conseiller de la présidence ukrainienne Mikhaïlo Podoliak a pour sa part affirmé sur Twitter que les déclarations de la Russie ne représentaient que « les demandes de départ » du Kremlin, signe que dans les faits, les négociations stagnent. Les positions de l’Ukraine demeurent « inchangées » et concernent un « cessez-le-feu », un retrait des soldats russes du pays et « des garanties de sécurité » pour le pays, a écrit M. Podoliak au 23e jour de ce conflit meurtrier.
Des attaques aux quatre coins du pays
Le ministère de la Défense du Royaume-Uni a publié vendredi une mise à jour de l’évolution de la guerre en Ukraine sous la forme d’une carte faisant état de bombardements qui se poursuivent aux quatre coins du pays. Des attaques russes touchent notamment plusieurs municipalités en banlieue de Kiev, mais aussi dans le secteur d’Odessa et de Mykolaïv, dans le sud du pays, de même que la ville de Soumy, dans l’est, entre autres.
L’armée ukrainienne a fait état de six missiles tirés vendredi matin près de l’aéroport de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. Deux d’entre eux auraient été interceptés par des systèmes de défense antiaérienne.
C’est d’ailleurs sur la place du marché de Lviv, près de la frontière polonaise, que 109 poussettes vides ont été laissées côte à côte, vendredi, afin d’illustrer le nombre d’enfants qui auraient été tués dans des attaques russes depuis le début de ce conflit, selon le Parlement ukrainien. Les données prudentes de l’ONU font pour leur part état d’au moins 59 enfants ayant péri depuis le début du conflit, qui aurait coûté la vie à au moins 816 civils depuis le 24 février.
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Un rassemblement patriotique en Russie
Plus de 95 000 spectateurs se sont rassemblés vendredi dans le Stade olympique de Moscou pour souligner les huit ans de l’annexion de la Crimée ukrainienne, selon un décompte de la police. Quelque 100 000 autres personnes se seraient aussi massées à l’extérieur du stade, selon la même source. Le président russe, Vladimir Poutine, y a prononcé un discours célébrant le « retour » de la Crimée à la Russie en 2014 et saluant l’héroïsme, selon lui, des soldats russes présentement engagés en Ukraine.
« Pour un monde sans nazisme », « Pour la Russie » affichaient des banderoles déployées dans le stade, alors que la Russie justifie son offensive militaire en Ukraine par la nécessité de « dénazifier » le pays, que le Kremlin accuse de mettre en œuvre un génocide des populations russophones.
Biden met la Chine en garde
Le président américain, Joe Biden, a livré vendredi une mise en garde à son homologue chinois, Xi Jinping, qui a jusqu’à maintenant conservé une position neutre dans le conflit, le menaçant de « conséquences » si la Chine fournissait « un soutien matériel à la Russie » et à son « attaque brutale contre les villes et les civils ukrainiens ». La Maison-Blanche, qui a brièvement résumé dans un communiqué cet entretien entre les deux dirigeants tenu en visioconférence, n’a toutefois pas précisé quelle forme concrète ces représailles pourraient prendre.
Le département américain du Commerce a mis sur une liste noire une centaine d’avions russes, dont celui de l’oligarque Roman Abramovitch, qui a aussi été sanctionné par le Canada la semaine dernière.
Des Boeing d’Aeroflot, la plus importante compagnie aérienne russe, sont aussi dans la mire des États-Unis. Ces avions auraient violé une interdiction mise en place par la Maison-Blanche selon laquelle les avions partiellement ou totalement construits aux États-Unis ne peuvent pas entrer en Russie. En empêchant ces appareils d’accéder à des services de ravitaillement en carburant et à un entretien adéquat, dont à l’étranger, les Américains font que les vols internationaux sur ces avions en provenance de Russie pourraient aboutir à leur immobilisation, a indiqué le département.
Avec l’Agence France-Presse