Sylvain Caron quittera son poste au SPVM le 22 avril

« Le temps est venu pour moi de m’occuper de moi, de mes proches et de mes amis », a expliqué mardi le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, qui quittera ses fonctions le 22 avril prochain pour prendre sa retraite après 40 ans de carrière dans la police. Son mandat a été « intense », et il a eu quelques problèmes de communication avec l’administration Plante, mais Sylvain Caron affirme laisser une organisation « en santé ».
Il s’agit d’une décision « mûrement réfléchie », a soutenu M. Caron lors d’une conférence de presse en compagnie de la mairesse, Valérie Plante. En décembre dernier, il a d’ailleurs prévenu le directeur général de la Ville, Serge Lamontagne, de ses intentions de partir avant la fin de son mandat.
Avec émotion, Sylvain Caron a remercié ses proches pour leur appui, de même que ses collaborateurs des dernières années. « Je pars avec le sentiment du devoir accompli », a-t-il dit.
Problèmes de communication
Sylvain Caron estime que son mandat, marqué par la pandémie et par une hausse des fusillades dans la métropole, a été éprouvant. Plusieurs événements l’ont ponctué, comme l’arrestation de Mamadi Camara, accusé à tort d’avoir agressé un policier. En janvier, il avait aussi évoqué la nécessité de réduire le nombre de postes de quartier pour des raisons budgétaires, une option qu’avait rejetée la mairesse Plante.
Selon Sylvain Caron, son départ n’est pas attribuable à un quelconque désaccord avec l’administration Plante. Le chef de police a cependant reconnu l’existence de problèmes de communication. « Il y a un mur entre la politique et les opérations policières. Il y a peut-être eu un manque d’expérience de ma part », a-t-il expliqué. « On a régularisé la situation. On s’est parlé, autant avec la direction générale qu’avec Mme Plante. […] Il n’y a personne de mal intentionné. »
« C’est une décision purement personnelle », a-t-il ajouté au sujet de sa retraite prochaine. « Il n’y a jamais de bon temps pour partir. C’est le cumul de 40 ans de service qui a fait en sorte que j’ai décidé de m’occuper de moi, de mes proches et de mes amis. »
Au sujet de la réforme envisagée pour réduire le nombre de postes de quartier, Sylvain Caron soutient qu’il lui fallait aborder publiquement ce problème qui perdure. « On a des enjeux importants sur le territoire, des enjeux budgétaires également. Le coût de la sécurité publique a augmenté de façon énorme depuis les 20 dernières années. L’idée, c’est qu’avant de penser à augmenter les effectifs, peut-on faire mieux avec les effectifs qu’on a ? »
Selon lui, une telle réforme prendra du temps à se concrétiser, peut-être deux ou trois ans. « Il fallait que quelqu’un le dénonce. Alors moi, je l’ai dénoncé officiellement. Je comprends les préoccupations des élus un peu partout sur le territoire, mais en même temps, il y a une capacité de payer des citoyens. Il faut être capable de trouver le juste milieu. » Ce sera à son successeur de présenter des solutions, a-t-il indiqué.
Sylvain Caron a précisé que 270 postes de policiers sont présentement vacants au SPVM et a évalué qu’il manque de 450 à 500 policiers. Le plan d’embauche de 2022 prévoit l’ajout de 220 policiers, a-t-il rappelé.
Successeur recherché
« Je tiens à dire que M. Caron laisse un service de police qui est en ordre et qui est prêt à s’adapter parce que le contexte nous le demande », a dit la mairesse Plante, qui a rendu hommage à M. Caron.
L’administration Plante lancera sous peu un processus de recrutement pour trouver un successeur à M. Caron. Dès lundi, la Ville procédera à un affichage, et un candidat au poste de directeur devrait être recommandé par un comité de sélection d’ici l’été. La préoccupation concernant le profilage racial fera partie des enjeux à considérer pour le choix du prochain chef de police, a signalé la mairesse.
La Ligue des droits et libertés espère que la Ville appliquera les recommandations de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui, dans un rapport déposé en juin 2020, recommandait que la reconnaissance de l’existence du profilage racial et la capacité de changer la culture organisationnelle du SPVM figurent parmi les conditions d’embauche du prochain directeur. L’organisme suggérait aussi que les candidats finalistes fassent une présentation devant la Commission de la sécurité publique et qu’ils répondent aux questions du public. « Le départ de M. Caron serait une belle occasion de mettre en application ces recommandations », pense Catherine Descoteaux, coordonnatrice à la Ligue. « Ça permettrait une représentation plus respectueuse des citoyens et de leurs soucis. »
Le chef de l’opposition à l’hôtel de ville estime que le départ précipité de Sylvain Caron soulève plusieurs questions quant à la marge de manœuvre dont il disposait. « Il n’avait plus le choix. Il n’avait plus les outils pour aller de l’avant avec son plan de restructuration », croit Aref Salem.
La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a souligné la collaboration apportée par le chef de police dans plusieurs dossiers, dont celui de la mise en place de l’opération Centaure pour contrer la violence liée aux armes à feu. « Quand une personne décide de prendre sa retraite, il faut respecter [sa décision] et lui souhaiter le plus grand bonheur possible pour sa prochaine vie. »
Nommé à la tête du SPVM en décembre 2018 pour succéder à Martin Prud’homme, Sylvain Caron avait obtenu un mandat de cinq ans qui devait se terminer à la fin de 2023.
Avec François Carabin