Rimouski dit ne pas avoir les moyens de s'attaquer à la crise du logement

L'édifice des Soeurs de Notre-Dame-du-Saint-Rosaire, à Rimouski 
Photo: Francis Vachon Le Devoir L'édifice des Soeurs de Notre-Dame-du-Saint-Rosaire, à Rimouski 

Les villes comme Rimouski n’ont pas les outils pour prendre à bras-le-corps les problèmes sociaux qui s’enracinent en raison du manque de logements.

« On demande aux municipalités d’être des gouvernements de proximité, mais on n’a pas les moyens d’être des gouvernements ! déplore le maire de Rimouski, Guy Caron. L’ironie, c’est que quand on parle des problèmes sociaux, l’itinérance, la prostitution, les problèmes de santé mentale, ça se voit dans nos rues, ça se voit dans nos communautés, dans notre voisinage. Mais le financement pour régler ces problèmes-là, ça vient de Québec. Eux n’ont pas ça dans la face. »

L’Office d’habitation de Rimouski-Neigette calcule que 339 personnes, dont 23 familles, attendent un logement social ou abordable dans la ville.

Rimouski a récemment obtenu le financement nécessaire pour construire 44 logements sociaux dans la maison-mère de la congrégation des Sœurs de Notre-Dame-du-Saint-Rosaire. Ce sera toutefois insuffisant, prédit le maire, et Québec devra bonifier son financement.

 

« Les sommes investies par le gouvernement du Québec sont peut-être bien par rapport à ce que ça coûtait il y a 20 ou 25 ans, explique Guy Caron. [À l’époque], tu n’avais pas besoin d’ascenseur, tu n’avais pas toutes les normes qui rajoutent, aujourd’hui, au coût de construction. »

« Vitesse grand V »

La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, assure que « [son] gouvernement ne ménage aucun effort pour augmenter l’offre de logements abordables et sociaux ».

Le programme d’habitation abordable du Québec (PHAQ), doté d’une enveloppe de 200 millions de dollars, annonce une « petite révolution », selon la ministre, en permettant un « coup d’accélérateur » et le passage « à la vitesse grand V ».

« Au lieu de prendre en moyenne quatre ans à sortir de terre un projet, ça en prendra une année seulement ! » s’enthousiasme la ministre.

« C’est beau, avoir des projets, mais ça prend la main-d’œuvre nécessaire pour les mener à terme, explique M. Caron. Nous avons beaucoup moins de soumissions lorsque nous faisons des appels d’offres, donc nous avons moins de choix. C’est une réalité avec laquelle nous devons composer. »

Le manque de logements aggrave, par ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre, selon l’élu. Difficile d’attirer étudiants et des travailleurs quand les loger s’avère un défi.

« T’as beau faire venir du monde de l’extérieur, renchérit Guy Labonté, du Comité logement Bas-Saint-Laurent. Si tu n’as nulle part où les loger, ce n’est pas mieux. »



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