Redéfinir le voyage d’affaires

Raphaëlle Ritchot
Collaboration spéciale
Pour réduire leur empreinte écologique, certaines compagnies investissent dans du carburant d’aviation durable pour leurs déplacements d’affaires.
Getty Images Pour réduire leur empreinte écologique, certaines compagnies investissent dans du carburant d’aviation durable pour leurs déplacements d’affaires.

Ce texte fait partie du cahier spécial Tourisme d'affaires

La responsabilité des entreprises face aux changements climatiques et la valeur des voyages d’affaires sont les principales tendances qui risquent de teinter la reprise de ce secteur, qui a été complètement bousculé depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Selon un rapport publié par la société BCD Travel en décembre dernier, les entreprises devront plus que jamais déterminer ce qui constitue un voyage d’affaires nécessaire.

« Les déplacements d’une journée pour assister à une réunion de deux heures sont appelés à disparaître », est-il indiqué dans le rapport.

« Tous les déplacements professionnels ne s’équivalent pas. Les motifs sont scrutés par les dirigeants, qui constatent les économies encaissées au cours des derniers mois. Ainsi, le poids d’une rencontre avec un client actuel ou potentiel diffère de celui d’une réunion interne », ajoute Amélie Racine, analyste en veille stratégique à la Chaire de tourisme Transat de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Si les entreprises de toutes tailles ont investi des sommes considérables pour intégrer des solutions technologiques qui permettent à leurs employés de travailler à distance, ces derniers ont aussi changé leurs attentes face à leur milieu de travail.

BCD Travel a remarqué l’émergence des travailleurs hybrides ou ce qu’elle appelle les « nomades du numérique ».

« La performance des outils technologiques offre, certes, la possibilité aux employés et aux dirigeants de participer à des rencontres d’affaires sans se déplacer, mais ils leur permettent aussi de travailler efficacement à partir de n’importe quel endroit », est-il indiqué dans le Cahier 2022 : Perspectives touristiques de la Chaire de Tourisme Transat de l’UQAM.

« Plusieurs experts s’attendent donc à une augmentation des voyages de type bleisure et workation au cours des prochains mois et années », précise Mme Racine. Le terme bleisure est un mot-valise qui mélange business (affaires) et leisure (loisirs), tandis que workation est la contraction de work (travail) et de vacation (vacances).

De banlieusards à nomades du numérique

L’étude de BCD Travel révèle que 85 % des voyageurs d’affaires s’attendent à ce que leur employeur encourage dorénavant le mode de travail hybride (un mélange de télétravail et travail au bureau).

Ils sont donc de plus en plus nombreux à vouloir travailler dans différentes villes que celle où est situé le bureau ou le siège social de l’entreprise pour laquelle ils travaillent.

85 %

C’est la part des voyageurs d’affaires qui s’attendent à ce que leur employeur encourage dorénavant le mode de travail hybride.

Ce changement de mode de vie chez les employés est appelé à créer un changement dans l’offre du tourisme d’affaires, puisque les employés pourront être éparpillés un peu partout dans la province ou dans le pays. « Ce qui était autrefois un trajet jusqu’au bureau quotidien devient maintenant un voyage d’affaires au siège social de façon ponctuelle », indique le rapport de BCD Travel.

Pour les employeurs, cette nouvelle mobilité des employés peut être bénéfique sur le plan financier. Elle peut entraîner une baisse des dépenses pour le lieu de travail et peut-être même générer des revenus grâce à la sous-location des espaces de bureau sous-utilisés. D’ailleurs, une réduction dans les déplacements travail-domicile des salariés est également bénéfique pour l’empreinte écologique d’une entreprise.

Responsabilité face aux changements climatiques

 

L’impact des voyages professionnels sur le bilan carbone des organisations fait aussi réfléchir les gestionnaires.

« La responsabilité sociale des entreprises s’insère depuis quelques années dans les stratégies commerciales des petites et des grandes sociétés. Aujourd’hui, nombre d’entre elles s’entendent pour dire que la relance doit impérativement être durable si l’on souhaite affronter l’autre crise, soit celle associée aux changements climatiques », est-il mentionné dans le cahier 2022 de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM.

Selon une analyse de la firme d’intelligence d’affaires Skift, un grand nombre de multinationales visent l’objectif commun de réduire de 30 % leurs émissions d’ici 2030 et de devenir neutres en carbone d’ici 2050.

Si l’atteinte de ces objectifs passe par une réduction des voyages professionnels, certaines compagnies investissent également dans du carburant d’aviation durable et s’engagent à utiliser ce carburant.

« Par exemple, la firme Deloitte aurait des ententes avec les compagnies aériennes American Airlines et Delta Air Lines pour qu’elles utilisent du carburant d’aviation durable pour une partie de ses déplacements d’affaires, alors que Microsoft a ce genre de contrat avec Alaska Airlines », toujours selon le rapport de BCD Travel.

Plusieurs autres facteurs quant à l’avenir des voyages d’affaires mériteraient d’être considérés, comme la cybersécurité des employés en déplacement, note la société BCD Travel, qui aide les entreprises dans leur gestion globale des voyages d’affaires.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo