L’évolution des tests diagnostiques de la COVID-19

Les technologies de détection de diverses maladies se développent rapidement depuis le début de la pandémie.
Photo: Guillaume Levasseur Le Devoir Les technologies de détection de diverses maladies se développent rapidement depuis le début de la pandémie.

Des masques N95 qui détectent la COVID-19 dans le souffle de leur utilisateur, une petite pilule qui change de couleur au contact du matériel génétique d’un virus : les technologies de détection de diverses maladies se développent rapidement depuis le début de la pandémie, selon le chercheur en génie chimique Hamid Tali, de l’Université Concordia. Mais il reste beaucoup de chemin à faire avant d’atteindre l’outil diagnostique idéal, constate-t-il après avoir analysé des centaines d’études sur le sujet.

L’outil de détection idéal, selon l’Organisation mondiale de la santé, répond aux critères réunis sous l’acronyme anglais ASSURED, c’est-à-dire qu’il ne coûte pas cher (affordable) ; est sensible (sensitive), spécifique (specific), facile à utiliser (user-friendly) et rapide (rapid) ; requiert un minimum d’équipement (equipment-free) et se veut accessible (deliverable).

Peaufiner le dépistage

 

« Si nous avions des tests très fiables pouvant être effectués partout et donnant des résultats en deux minutes, il ne serait possiblement pas nécessaire d’imposer des confinements et des fermetures. On pourrait mettre en isolement uniquement les gens infectés », a indiqué M. Tali.

Pour savoir où en est la planète dans l’atteinte de cet objectif en lien avec la COVID-19, mesurer l’ampleur des tâches qu’il reste à accomplir et guider les prochaines recherches, M. Tali et une équipe de huit autres experts de trois universités ont analysé près 600 articles scientifiques sur le sujet. Le résultat a été publié dans la revue Clinical Microbiology Reviews en mai dernier.

Au total, une quinzaine de méthodes existantes faisant partie de trois catégories différentes ont ainsi été passées à la loupe. La première catégorie regroupe les méthodes d’amplification des acides nucléiques, qui détectent l’ARN du virus. C’est là qu’on retrouve les techniques les plus fiables et précises, comme le test PCR, utilisé à grande échelle au Canada. Mais elles sont plus complexes et nécessitent davantage d’équipement, ce qui fait qu’elles sont surtout utilisées en laboratoire.

Si nous avions des tests très fiables pouvant être effectués partout et donnant des résultats en deux minutes, il ne serait possiblement pas nécessaire d’imposer des confinements et des fermetures.

« Il y a des appareils de plus en plus petits, rapides et faciles à utiliser dans cette catégorie. On a observé du progrès depuis le début de la pandémie, et nous pourrions voir davantage d’avancées d’ici un an », croit toutefois M. Tali.

Parmi les techniques prometteuses en développement, le chercheur mentionne un dispositif conçu par des scientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et de l’Université Harvard. Il s’agit de masques équipés de capteurs qui peuvent détecter en 90 minutes la COVID-19 chez les personnes qui les portent. Ils utilisent la technologie CRISPR-Cas, qui fait partie de la catégorie des méthodes moléculaires de détection de l’ARN.

« Conçu au départ comme un outil de modification génétique et publié en premier en 2012, CRISPR-Cas a trouvé son application en biodétection en 2016. La COVID-19 a accéléré significativement la recherche sur des méthodes de détection avec CRISPR, et la Food and Drug Administration, aux États-Unis, a autorisé la première utilisation d’urgence d’un système diagnostique utilisant CRISPR », a expliqué M. Tali.

Des utilisations différentes

 

La deuxième catégorie est celle des tests antigéniques, comme les tests rapides qu’on peut faire à la maison. Ils détectent des protéines présentes dans la structure du SRAS-CoV-2. Comme ils sont moins exacts, M. Tali souligne qu’il est recommandé de les utiliser dans les 5 à 10 jours après l’apparition de symptômes. Comme le risque de faux négatif est bien réel, il est pertinent de répéter le test quelque temps après le premier résultat, a-t-il dit.

« Ce qui est adéquat comme fréquence et laps de temps entre les deux tests, ce n’est pas encore clair », indique toutefois M. Tali.

La troisième catégorie, ce sont des tests qui détectent des anticorps spécifiques sécrétés par le corps humain lorsqu’il contracte la COVID-19. Ces techniques ne sont pas encore utilisées à des fins diagnostiques, puisqu’il y a un délai avant que le corps développe une quantité détectable d’anticorps.

« Les méthodes immunologiques sérologiques peuvent être importantes pour identifier l’ampleur et la durée de la réponse des anticorps, ce qui aide à comprendre l’efficacité des vaccins et la fréquence pertinente de leur utilisation », a ajouté M. Tali.

Pour sa part, M. Tali travaille à l’amélioration d’une méthode de détection par des comprimés que tout un chacun pourrait garder dans sa poche. Ces méthodes utilisent des polymères de glucose pour encapsuler des réactifs. Les comprimés seraient durables, peu coûteux et faciles à utiliser pour détecter diverses cibles, dont les maladies infectieuses, le diabète et même des pesticides dans l’eau.

« L’utilisateur doit seulement laisser tomber une pilule dans un échantillon liquide et attendre un changement de couleur », a expliqué M. Tali, qui effectue cette recherche au sein du laboratoire Groupe de recherche Anbuhi, à l’Université Concordia.

Malgré toutes ces belles avancées, M. Tali ne croit pas que la méthode parfaite pourra être mise en marché avant la fin de cette pandémie. Heureusement, la plupart de ces systèmes pourront être adaptés pour détecter de nouvelles maladies. Lors de la prochaine pandémie, nous serons prêts, croit-il.

Ce contenu est réalisé en collaboration avec l’Université Concordia.

 

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