La manifestation de camionneurs n’a rien de pacifique, selon la police d’Ottawa
La manifestation de camionneurs qui perturbe la capitale fédérale depuis vendredi est qualifiée de « sans précédent », « intolérable », « dangereuse » et « illégale » par les services policiers d’Ottawa, qui s’attendent à ce que la situation s’aggrave encore en fin de semaine.
« La plupart des manifestants sont partis. Ce qu’il reste, c’est un noyau très déterminé et très instable de [manifestants] illégaux », a indiqué la cheffe adjointe par intérim de la police d’Ottawa, Trish Ferguson.
En plus des klaxons incessants et de l’odeur de diesel qui enveloppe la ville d’Ottawa depuis maintenant six jours, les forces de l’ordre ont dressé un sombre bilan de la manifestation du « convoi de la liberté », lors d’une mise à jour faite aux élus municipaux mercredi. De nombreuses activités illégales ont été commises à Ottawa, comme des actes haineux, la production de bruits intenses, et l’instauration d’« un climat de peur » pour les résidents et les commerces locaux.
« Plus longtemps durera la manifestation, plus grand sera le risque pour la sécurité publique », a indiqué le chef de police de la capitale, Peter Sloly, selon qui « toutes les options sont sur la table » pour mettre fin à l’événement.
Policiers impuissants
Il ajoute toutefois que la police se sent impuissante et incapable de mettre fin à l’événement, puisqu’un affrontement avec les camionneurs pourrait poser de graves risques pour la sécurité publique, comme une émeute. Il soutient par exemple que l’action policière menée par la GRC contre une autre manifestation de camionneurs, celle-ci à la frontière de l’Alberta, s’est avérée contre-productive et très risquée lorsque des camionneurs ont défié les autorités, mardi.
« Nous sommes très peu habilités à négocier pour toutes les demandes associées à la manifestation. […] Il pourrait ne pas y avoir de solution policière », soutient-il.
Les policiers ont souligné la faible collaboration des camionneurs à leurs demandes de quitter les artères obstruées du centre-ville. Ils laissent entendre que la situation durera encore longtemps, avec d’autres manifestants attendus en renfort pour la fin de semaine, et une présence anticipée de contre-manifestants qui laisse craindre un risque pour la sécurité publique.
Des conseillers municipaux ont qualifié la situation à Ottawa d’« occupation », de « siège », et de « prise d’otage » de la population. Le conseiller municipal Mathieu Fleury, qui représente le quartier Rideau-Vanier, où se déroule une partie de la manifestation, dit avoir reçu des menaces sur les réseaux sociaux.
Il a rappelé qu’un important centre commercial du centre-ville d’Ottawa, le Centre Rideau, a pris la décision de fermer ses portes jusqu’à dimanche.
Manifestation bien financée
Le chef Sloly a qualifié le convoi de « sans précédent », notamment parce qu’il dispose d’une extraordinaire source de financement, dont une partie proviendrait des États-Unis.
La présidente de la Commission de services policiers d’Ottawa, Diane Deans, a d’ailleurs évoqué que les gouvernements pourraient tenter de saisir les fonds recueillis sur GoFundMe. Au moment où ces lignes étaient écrites, la campagne de sociofinancement cumulait plus de 10 millions de dollars.
Les organisateurs du convoi de camionneurs qui campe devant le parlement et dans les environs depuis vendredi soir ont affirmé mercredi avoir l’intention de rester sur place « aussi longtemps qu’il le faudra ». Ils souhaitent que tous les gouvernements du pays, dont ceux des provinces, abandonnent toutes les mesures sanitaires en lien avec la COVID-19.
La responsable de la campagne GoFundMe a revendiqué mercredi la présence de dizaines de milliers de participants à son mouvement. La police estimait plutôt leur nombre à « quelques centaines ».
« Nous sommes maintenant bien organisés et nous nous installons, et ce, jusqu’à ce que le Canada redevienne une nation libre », a indiqué Tamara Lich par voie de communiqué.
Troisième arrestation
Les organisateurs disent comprendre la frustration des résidents du centre-ville d’Ottawa, mais imputent les conséquences de leur présence aux politiciens qui refusent tout dialogue.
La police d’Ottawa a effectué mercredi l’arrestation d’un troisième manifestant. Un Québécois de 48 ans a été accusé d’avoir proféré des menaces et d’avoir suggéré sur les réseaux sociaux de commettre des actes criminels, alors qu’il se trouvait dans la capitale fédérale.
Le chef Sloly a dit mercredi que d’autres arrestations seraient à venir. Il a rappelé qu’aucune activité illégale commise lors de la manifestation ne serait tolérée.