Une partie du centre-ville d’Ottawa est encore paralysée par les manifestations
Alors que le premier ministre Justin Trudeau déclarait lundi que son gouvernement n’avait pas l’intention de rencontrer les manifestants, leur nombre avait considérablement diminué lundi, mais la majeure partie du centre-ville d’Ottawa demeurait pratiquement bouclée.
Prévue au départ pour protester contre la vaccination obligatoire des camionneurs qui traversent la frontière canado-américaine, la manifestation s’est transformée en opposition à Justin Trudeau et à l’ensemble des mesures mises en place pour lutter contre la COVID-19.
Après trois jours de manifestations, les autorités se demandaient lundi combien de temps durerait la paralysie du centre-ville d’Ottawa.
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Alors que de nombreux participants ont décrit l’événement comme une grande fête populaire, on a vu dans la foule des drapeaux confédérés américains et des croix gammées nazies, et entendu des slogans haineux. Plusieurs entreprises et travailleurs locaux ont déclaré avoir été intimidés par des manifestants, et beaucoup ont finalement verrouillé leurs portes et fermé boutique pour des raisons de sécurité.
Le Service de police d’Ottawa a ouvert plusieurs enquêtes criminelles sur certains des gestes posés par des participants — des gens auraient par exemple uriné sur le Monument commémoratif de guerre du Canada. Un refuge pour sans-abri d’Ottawa a déclaré samedi qu’un de ses clients avait été agressé par des manifestants, qui sont également entrés dans l’établissement et ont intimidé le personnel pour qu’il leur serve de la nourriture.
Des résidents d’Ottawa ont rapporté avoir vu des membres du convoi déféquer et uriner dans leur cour. Un Ottavien a déclaré qu’un manifestant avait utilisé sa cour arrière comme salle de toilette, tout en profitant de la prise électrique extérieure pour recharger son téléphone.
La foule avait considérablement diminué lundi, avec quelques centaines de personnes en face de la colline du Parlement. Mais celles qui étaient encore là juraient qu’elles avaient l’intention de rester jusqu’à ce que toutes les restrictions liées à la COVID-19 soient levées. Cela comprend aussi les passeports vaccinaux et les limites sur les rassemblements — des mesures qui relèvent presque toutes des gouvernements provinciaux.
Michelle Kloet, 47 ans, de Canmore, en Alberta, tentait lundi de nettoyer une partie des dégâts laissés par la foule. Elle a dit qu’elle était là parce qu’« il est temps pour le Canada et le reste du monde de trouver d’autres moyens de faire face à ce virus ».
Réouverture ratée pour des restaurateurs
Les perturbations au centre-ville ont forcé de nombreux commerces à rester fermés lundi matin, alors même que le gouvernement ontarien assouplissait les restrictions sanitaires, après presque un mois de fermetures partielles. Les restaurants, qui n’étaient autorisés qu’à faire des plats à emporter depuis le début de janvier, auraient pu rouvrir leur salle à manger lundi, mais plusieurs sont restés fermés à Ottawa, par peur des manifestants.
Dan Kelly, président de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, a raconté lundi que dans un spa du centre-ville d’Ottawa, jusqu’à 90 % des clients avaient annulé leurs réservations pour cette semaine par peur des manifestants.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, était resté silencieux sur les événements tout le week-end, mais lundi, son bureau a publié une déclaration disant qu’il était troublé par certains des reportages en provenance d’Ottawa.
La députée provinciale de la région d’Ottawa, la ministre Lisa MacLeod, a écrit lundi sur Twitter que « les résidents et les familles d’Ottawa devaient retourner au travail et à l’école ». Elle demandait aux manifestants restants de rentrer chez eux : « vous avez été entendus ».
Plusieurs députés fédéraux ont contourné la manifestation pour assister, lundi, à la première séance de la Chambre des communes depuis la mi-décembre, bien que la plupart des élus participent encore virtuellement aux travaux, à cause de la COVID-19.
Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, avait l’air bouleversé lorsqu’il a parlé du harcèlement et de l’intimidation que les gens ont ressentis au cours de la fin de semaine. Le député néodémocrate ontarien Charlie Angus a déclaré qu’Ottawa était pris en otage, et le conservateur québécois Pierre Paul-Hus a soutenu qu’il n’avait pas aimé ce qu’il a vu au Monument commémoratif de guerre du Canada.
Mais la cheffe adjointe des conservateurs, Candice Bergen, a estimé que M. Trudeau « enflammait » les manifestants, des gens qui, selon elle, méritent d’avoir la chance d’être entendus.