Condamné à au moins 18 ans pour le féminicide de son ex-conjointe et de sa mère

Pour avoir violemment tué en mars dernier son ex-conjointe Myriam Dallaire et la mère de celle-ci, dans un contexte de violence conjugale, Benjamin Soudin passera un minimum de 18 ans derrière les barreaux.
« Lors d’une rupture, les femmes sont encore trop souvent victimes d’un conjoint violent, incapable d’accepter la fin d’une relation […] Le message des tribunaux doit être clair : la violence faite aux femmes n’est pas tolérable », a déclaré la juge Catherine Perreault de la Cour supérieure en rendant son jugement sur la peine.
Soudin a plaidé coupable aux deux accusations de meurtre non prémédité vendredi matin, au palais de justice de Saint-Jérôme. La juge Perreault l’a ainsi déclaré coupable des crimes reprochés, après avoir noté « l’extrême violence de l’attaque ».
Comme le meurtre non prémédité entraîne automatiquement une peine de prison à vie, il ne restait à la magistrate qu’à déterminer combien d’années — dans une fourchette de 10 à 25 ans — il allait passer dans un pénitencier avant de pouvoir faire une demande de libération conditionnelle.
Ici, la procureure de la Couronne et l’avocate de Soudin ont présenté une suggestion commune, soit une période de 18 ans, ce que la juge a entériné.
Il a toujours eu l’intention de plaider coupable, dès le début, a indiqué son avocate, Me Marie-Hélène Giroux, ajoutant qu’il n’a jamais voulu que la famille ait à vivre un difficile procès.
Le 1er mars dernier, l’homme de 34 ans s’était présenté au domicile de son ex-conjointe à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, peu après que la jeune femme de 28 ans eut mis fin à leur relation. Ils venaient tout juste d’avoir un enfant, qui n’était alors âgé que de quelques mois.
Sur les lieux, il a sauvagement tué Myriam, ainsi que la mère de celle-ci, Sylvie Bisson, à coups de hache.
Dans les minutes qui ont suivi, Soudin a fui les lieux et provoqué une collision avec un autre véhicule, dans le but de mettre fin à ses jours, a-t-il déclaré. Il a blessé gravement l’autre conducteur. Vendredi, il a aussi plaidé coupable pour ce crime.
L’autre conducteur croyait qu’il ne pourrait plus jamais marcher. Mais il est venu au tribunal vendredi, prenant appui sur une canne, « pour demander justice ».
Un homme inconsolable
C’est Alain Dallaire qui a trouvé les corps ensanglantés de sa fille et de sa conjointe le 1er mars 2021.
« C’est à la guerre qu’on voit des images de même. Je ne pensais pas voir ça ici », a-t-il déclaré, les yeux pleins d’eau, en sortant de la salle de Cour.
Pour lui, il est inconcevable que Soudin puisse un jour retrouver sa liberté. Tout comme il est inconcevable que l’homme pouvait se balader tranquillement et fréquenter sa fille « avec tout le passé qu’il avait », a-t-il déploré. Soudin a de nombreux antécédents criminels, notamment en matière de violence conjugale.
« Comment ça, il était libre ce gars-là ? Il y a deux vies qui ont payé. Il y a peut-être des choses à revoir dans le système, qui ne va pas bien », a-t-il dit à l’intention du premier ministre François Legault et de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.
Une lettre commune des membres de la famille des deux femmes a été lue dans la salle de Cour. Elle a fait état d’une douleur profonde et de l’horreur devant ces morts inimaginables, ainsi que de la trahison de cet homme à qui elle « a fait confiance, et ouvert [ses] bras ». Incapable d’y vivre, la famille a depuis vendu la maison où le drame s’est déroulé.
Soudin s’est adressé vendredi aux proches de ses deux victimes.
« Je suis tellement désolé pour les torts que j’ai causés. Je ne demande pas d’excuses […] J’ai tellement merdé. Je le regrette. J’espère que vous, vous allez pouvoir continuer vos vies paisiblement », leur a-t-il dit, debout dans le box des accusés.
Quant à la procureure de la Couronne, Me Caroline Buist, elle espère que le dénouement de cette poursuite criminelle incitera les femmes à dénoncer la violence et à faire confiance au système de justice, « parce que l’irréparable peut arriver ».
Si vous êtes victime de violence conjugale, vous pouvez contacter SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010.