Les Clercs de Saint-Viateur en voie de verser 28 millions à des victimes de sévices sexuels

Des centaines de victimes de sévices sexuels perpétrés par des membres des Clercs de Saint-Viateur obtiendront bientôt justice. Une indemnisation de 28 millions de dollars devrait leur être versée par la congrégation religieuse pour des gestes qui remontent jusqu’aux années 1950.
L’action en justice entamée en 2017 par les victimes d’actes sexuels des Clercs de Saint-Viateur prendra bientôt fin. Le cabinet qui représente les plaignants a annoncé qu’un accord était intervenu entre les deux parties. Le 17 février, cette entente de règlement devra être approuvée par la Cour supérieure. Tout indique que cette entente sera validée par le tribunal, assure l’avocat des victimes, Mᵉ Justin Wee.
Si l’entente est acceptée, les Clercs de Saint-Viateur devront verser 28 millions de dollars à plus de 375 personnes.
« Vous ne pouvez pas imaginer comment toutes ces victimes sont satisfaites qu’on s’approche de la fin du processus judiciaire, dépeint au Devoir Mᵉ Wee. Dans ce dossier, j’ai rencontré plus de 200 victimes, moi tout seul. Ce sont parfois des victimes qui ont plus de 60 ans. J’ai le souvenir d’une victime qui me disait : “Vous savez, il y a deux personnes qui savent que j’ai été agressé. Mon agresseur et vous.” Ces gens-là ont réussi à surmonter des épreuves extraordinaires, à briser le silence avec courage. »
L’ancien juge de la Cour supérieure Claude Champagne a été désigné par les deux parties pour arbitrer la fin du litige. Il est chargé d’évaluer un à un les dossiers des victimes pour déterminer le montant à allouer à chacune d’elles. Cette procédure permettra aux victimes de ne pas se présenter en cour et d’ainsi éviter les inconvénients associés à leur présence.
Voie à paver
Notons que ce recours ne vise pas uniquement les Clercs de Saint-Viateur, mais aussi tous les établissements d’enseignement, les résidences et les camps d’été dirigés par ceux-ci. Cela comprend notamment le collège Bourget, à Rigaud, l’Institut des sourds de Charlesbourg, à Québec, et le camp Ozanam, en Outaouais.
Toutes les personnes qui ont subi des sévices de la part des Clercs de Saint-Viateur et qui ne font pas encore partie du recours collectif devraient communiquer rapidement avec le cabinet Arsenault Dufresne Wee avocats, car une fois passé un certain délai, il ne sera plus possible de se joindre aux démarches judiciaires et de réclamer un dédommagement. L’inscription est gratuite et confidentielle.
L’avocat représentant les Clercs de Saint-Viateur, Mᵉ François-David Paré, a décliné notre demande d’entrevue, préférant attendre l’approbation dudit règlement. La congrégation religieuse est « satisfaite de l’entente conclue », a-t-il brièvement indiqué au Devoir.
Le cabinet de Mᵉ Wee représente plus de 1200 victimes présumées participant à d’autres actions collectives qui visent différentes organisations religieuses. Mᵉ Justin Wee espère que ce règlement saura encourager les différents responsables à reconnaître leurs torts. « Ces congrégations religieuses et ces diocèses ont comme supérieur spirituel le pape, qui a maintes fois répété que la préoccupation des victimes, que le droit des victimes, devrait être au cœur des discussions. On espère que ces autres organisations religieuses suivront le pas. »