Québec se dit sensible aux réalités intersexes

Le Devoir révélait lundi que plus 1300 opérations ont été effectuées sur les organes génitaux d’enfants depuis 2015.
Photo: iStock Le Devoir révélait lundi que plus 1300 opérations ont été effectuées sur les organes génitaux d’enfants depuis 2015.

Le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, estime qu’il faut « continuer de sensibiliser les professionnels sur les réalités intersexes ».

Il réagissait à la publication d’un article du Devoir, qui révélait lundi que plus de 1300 opérations avaient été effectuées sur les organes génitaux d’enfants de moins de 14 ans depuis 2015. Plusieurs de ces opérations sont effectuées dans le but de normaliser les organes génitaux des enfants ou sur une base esthétique. Elles sont considérées par plusieurs organismes comme des violations des droits de la personne et plusieurs pays songent à les interdire.

« Il faut comprendre qu’il existe une réalité clinique pour chacun des cas », a répondu le cabinet du ministre Dubé au Devoir, réitérant sa confiance aux médecins qui décident de procéder ou non à ces chirurgies. « Nous allons évidemment laisser les experts médicaux prendre acte de chacun des cas qui leur sont confiés. De son côté, le gouvernement répond toujours présent pour assurer la protection des enfants et demeure sensible aux besoins des enfants intersexes. »

Un « casse-tête »

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, estime pour sa part qu’il est plus que temps d’avoir un « dialogue social » sur la réalité encore méconnue des personnes intersexes. « Il faut qu’on en parle », affirme la députée en entrevue téléphonique. Il y a bien sûr un cheminement qui a été fait depuis 10 ou 15 ans sur cette question-là et il faut que ça continue. »

Elle trouvait intéressante l’idée amenée par la militante Hélène Beaupré de créer un groupe de soutien pour les parents afin que ceux-ci puissent avoir accès à des informations complémentaires à celles données par les médecins, en se basant sur l’expérience de personnes intersexes elles-mêmes. « Il faut peut-être aider les parents à accepter que […] la fluidité des genres — qui s’exprime par les organes sexuels, mais pas seulement — c’est quelque chose qui fait partie de la norme. »

La députée solidaire, qui a notamment appuyé la militante et professeure de sociologie de l’Université du Québec à Montréal Janik Bastien Charlebois dans sa démarche en vertu de la Loi d’accès à l’information pour obtenir les données sur le nombre de chirurgies pratiquées sur les enfants, note par ailleurs que ça a été « un sacré casse-tête » pour obtenir ces chiffres, répertoriés selon des codes spécifiques à chaque intervention.

Elle rappelle par ailleurs que ces chiffres ont longtemps été une « chasse-gardée » des médecins et se réjouit de voir que le voile se lève tranquillement sur ces informations cruciales. « Si on était capable de se donner des termes communs pour être capable d’avoir les données, ce serait quelque chose d’intéressant. »

Le Collège des médecins et les autres partis d’opposition à Québec n’ont pas souhaité commenter le dossier.

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