Québec revient sur sa directive en garderie

Les nouvelles directives avaient suscité des inquiétudes chez des éducatrices et des propriétaires de garderies et la Santé publique de Montréal les avait suspendu.
Photo: istock Les nouvelles directives avaient suscité des inquiétudes chez des éducatrices et des propriétaires de garderies et la Santé publique de Montréal les avait suspendu.

Québec revient sur une directive controversée et exige finalement l’isolement obligatoire pour les enfants ayant été en contact avec une personne positive à la COVID-19 à la garderie. Les éducatrices exposées au virus devront elles aussi s’isoler dans certaines circonstances. Les consignes pourraient toutefois encore changer dans les prochains jours.

Le Devoir a appris mardi que c’est lors d’une rencontre avec différentes associations patronales, en après-midi, que la Santé publique a confirmé que les directives, qui avaient fait grand bruit depuis leur publication la semaine dernière, ne tenaient plus.

« La directive de ne plus isoler les enfants s’il y a un cas positif à la garderie est retirée, on retourne comme avant. On doit isoler les enfants dix jours », a mentionné au Devoir Samir Alahmad, président de l’Association des garderies privées du Québec (AGPQ), tout de suite après la rencontre. « On sait que les enfants ne sont pas vaccinés et ne portent pas de masque. C’était très inquiétant pour tout le monde, incluant nous », a-t-il ajouté.

En ce qui concerne les éducatrices en garderie doublement vaccinées, elles devront surveiller leurs symptômes pendant dix jours si elles ont été en contact avec une personne positive au travail, sans avoir à s’isoler, et porter un masque. Elles devront s’isoler au moins cinq jours si elles développent des symptômes. Un employé devra de plus s’isoler cinq jours si une personne qui vit sous le même toit que lui est positive à la COVID-19. Si son état de santé le permet, une éducatrice pourra ensuite retourner au travail après ces cinq jours.

Dans un bulletin d’information envoyé aux services de garde par le ministère de la Famille (MFA) en début de soirée, mardi, il est précisé que les employés devront porter un masque pendant cinq jours lors de lors retour au travail, et maintenir « dans la mesure du possible » une distance de deux mètres, par exemple lors des repas.

Cela annule donc les nouvelles directives envoyées le 30 décembre dernier, qui avaient suscité des inquiétudes chez des éducatrices et des propriétaires de garderies. La Santé publique de Montréal les avait même suspendues.

D’autres changements à prévoir ?

Le MFA n’explique pas ce changement de cap et précise que les nouvelles directives pourraient changer. « Il est important de spécifier que ces consignes pourraient changer au cours des prochains jours, en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique », écrit le ministère.

« Ils nous ont dit de ne pas être surpris s’il y a des changements dans deux jours », renchérit Samir Alahmad. Pour l’instant, il accueille toutefois positivement la chose. « Si on coupe la période d’isolement de dix à cinq jours pour les éducatrices, ça va donner un coup de main pour maintenir minimalement nos services. On ne sait plus où donner de la tête pour trouver de la main-d’œuvre », dit-il.

David Haddaoui, président de l’Association des garderies non subventionnées en installation (AGNSI), qui assistait également à la rencontre, voit lui aussi d’un bon œil le changement de directives. « C’est une bonne nouvelle, parce que je pense que quelqu’un s’est précipité sans consulter la base, et voir ce qui se passe sur le terrain », a-t-il dit au Devoir.

« Il va y avoir un élément de prudence, a de son côté affirmé la directrice générale de l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), Geneviève Bélisle, au sortir de l’entretien avec Québec. On se questionnait beaucoup et on est contents de ramener l’isolement. » Mme Bélisle a néanmoins indiqué au Devoir que l’isolement de dix jours restait tout de même long.

Elle ajoute que l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) travaille à émettre une nouvelle recommandation. Elle espère la voir atterrir d’ici la fin de la semaine. Entretemps, il y aura « une période de flottement », a-t-elle observé.

Québec doit également rencontrer les syndicats en petite enfance mercredi après-midi. Sur Twitter, la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ), qui avait demandé la suspension des directives, a salué la décision du MFA de mettre fin aux consignes envoyées la semaine dernière.

 

Un des dossiers que le syndicat compte aborder lors de cette rencontre sera l’accès aux tests rapides pour le personnel. Ceux-ci sont réservés aux parents pour l’instant. L’accès à des banques de congés COVID-19 pour les employés sera également soulevé.

Avec François Carabin

Des garderies toujours en attente de tests rapides

Des milieux de garde au Québec sont toujours dans l’attente de recevoir leurs boîtes de tests rapides, notamment à l’est de Montréal. Le CPE Rhéa a pu obtenir 60 boîtes cette semaine après quelques semaines de démarches. La moitié de ce dont elle a besoin pour ses deux établissements, a mentionné au Devoir Isabelle Gorini, la directrice générale.

 

Une lettre datant du 22 décembre du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal fait état d’une « rupture d’approvisionnement » et de 85 milieux sur plus de 800 qui n’ont pas reçu leur commande. Dans un courriel envoyé au Devoir, le CIUSSS souligne que « dès que nous recevons de nouveaux tests, nous les distribuerons aux milieux de garde », en priorisant ceux qui n’ont pas reçu de commandes jusqu’à présent.



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